Face au président Macky Sall, qui lui a renouvelé son allégeance, Serigne Sidy Mokhtar lui a dit ce que tout le monde sait de lui : il n’a d’intérêt que pour Serigne Touba. Et à juste raison. Car, ce deuxième petit-fils de Khadimou Rassoul à devenir le deuxième Khalife général des Mourides, suite à la disparition de son cousin et aîné Serigne Mouhamadou Lamine Bara Mbacké Falilou, par ailleurs homonyme de son père, ne peut que vivifier le legs par son grand-père à ses pères et son prédécesseur. Il ne peut donc avoir d’intérêt et d’attention que pour ce qui fortifie l’Islam et l’héritage de Serigne Touba. Très tôt, son père l’a forgé dans ce sens, en lui enseignant le premier le Saint Coran. Un apprentissage qu’il ira poursuivre auprès de son homonyme Serigne Awa Balla Mbacké, pour ensuite s’attacher à l’étude du « Fiq » et des autres connaissances théologiques. Ce qui fit de lui un soufi, très tôt.
Le cadre austère de Mbacké Kajoor, où il vit le jour en 1925 y est pour quelque chose. Comme le fut son prédécesseur, Serigne Sidy Mokhtar est Khalife à un double niveau : il l’est pour Gouy Mbind, fondé par son précieux père. C’est depuis 1990 qu’il est Khalife de son père, succédant à son frère aîné Serigne Abdoul Aziz Mbacké, qui avait remplacé leur aîné Serigne Modou Bara Mbacké en 1952. Ainsi Gouy Mbin tout comme les Mourides sont entre de bonnes mains. Car, Serigne Sidy Mokhtar, n’est attaché qu’à l’éducation et l’agriculture à travers ses daaras dans son village natal, à Tawfekh, Tamin et Keur Nganda. Des hameaux où il aime passer ses retraites spirituelles. Ses revenus il les consacre aux travaux de rayonnement de Touba, à assister les disciples de son père, en particulier, et à faire voyager aux lieux saints de l’Islam des croyants nécessiteux.
C’est pour cette dernière cause que depuis bien des années il séjourne annuellement à Dakar pour accompagner par les prières ceux qu’il fait partir à La Mecque. On l’appelait Serigne Cheikh Maty Lèye, du nom de sa mère, pour le distinguer de ses deux frères qui portaient le même nom que lui. L’histoire retiendra que dès son installation le 1er juillet à la tête de la confrérie des Mourides, il commença par faire taire les clivages que l’on entretenait entre les confréries, entre les Mourides et les Tidjanes, en particulier. L’histoire retiendra également que c’est sous son magistère qu’a été conçu et lancé le projet d’autoroute « Ila Touba », dont il a participé à la pose de la première pierre. Serigne Sidy Mokhtar était et restera apolitique, parce que coiffant les chefs de toutes les chapelles politiques ; puisque, également et surtout, certain que son legs familial est plus riche et durable que tout autre héritage et activité. Ce qui rassure et assure du coup tous les mourides, parce que leur Khalife général est un soufi, qui n’a d’intérêt que pour l’adoration d’Allah, les louanges au meilleur de ses prophètes et la vivification de l’œuvre de son grand-père, le Khadimou Rassoul. Un immense et seul utile chantier, qui fait qu’il est averti de toute modernité et s’attache à imprimer sa marque sur l’évolution du monde, pour le bonheur des hommes.
Les mourides ont été d’emblée rassurés parce que le chiffre 7 sonne comme pour lui : il est le 7e Khalife de Serigne Touba. C’est lui qui a porté les minarets de la grande mosquée de Touba de 5 à 7. Il est le septième fils du très mystique Serigne Bara. Serigne Sidy Mokhtar est devenu Khalife général des Mourides le mois de juillet, qui est 7e de l’année. Les cieux sont sept , tout comme les terres. La semaine en compte 7. Tout un symbole. Les anciens Grecs rappelaient que « tout est nombre ». Qu’Allah donc lui prête longue vie, plus que tous ses prédécesseurs ; surtout qu’en lui, tous voient le dernier fils de Serigne Touba sur terre, le très regretté Serigne Saliou Mbacké. Et pour cause !