l n’y a pas que Madiba (Nelson Mandela) qui soit né un 18 juillet. Hier marque aussi la naissance de l’ancien président du Conseil du Sénégal, Mamadou Dia. Né le 18 juillet 1910 (ou 1911) à Khombole (Thiès), l’on se souvient de lui comme étant l’un des principaux protagonistes de la crise politique de décembre 1962, qui l’opposa au président de la République Léopold Sédar Senghor (1960-1981). Ce qui aura écourté sa carrière politique. Le Sénégal disposait alors d’un régime bicéphale calqué sur celui de la 5e République française. Après une divergence avec Senghor sur les sanctions à infliger aux députés coupables d’abus de position, un désaccord de taille précipitera leur confrontation.
Le 8 décembre 1962, le Président du Conseil, Mamadou Dia, prononce un discours sur « les politiques de développement et les diverses voies africaines du socialisme » à Dakar ; il prône le « rejet révolutionnaire des anciennes structures » et une « mutation totale qui substitue à la société coloniale et à l’économie de traite une société libre et une économie de développement ». De plus, il envisage une diversification de l’économie en voulant trouver une alternative à la domination arachidière. C’en était trop pour la puissance colonisatrice, encore très influente dans les affaires intérieures du Sénégal indépendant. M. Dia perd également le soutien maraboutique très impliqué dans l’arachide. Ce qui incite Senghor à demander à certains députés de déposer une motion de censure contre le gouvernement.
Le parlementaire Théophilie James la déposa. Jugeant cette motion irrecevable, Mamadou Dia tente d’empêcher son examen par l’Assemblée nationale au profit du Conseil national du parti, en faisant évacuer la Chambre le 17 décembre, arrêtant quatre députés, et empêchant l’accès par la gendarmerie. Mais il perd politiquement la partie car sa manœuvre est qualifiée de « tentative de coup d’Etat » et la motion est tout de même votée dans l’après-midi au domicile du président de l’Assemblée nationale, Lamine Guèye.
Mamadou Dia est arrêté le lendemain avec quatre autres ministres (Valdidio Ndiaye, Ibrahima Sarr, Joseph Mbaye et Alioune Tall). Ils sont traduits devant la Haute Cour de justice du Sénégal en mai 1963. Dia est condamné à la détention perpétuelle. Ses compagnons sont condamnés à 20 ans d’emprisonnement. Une peine qu’ils purgeront tous au centre spécial de détention de Kédougou. Graciés par Senghor en mars 1974, ils seront amnistiés en avril 1976.
La tentative de relance politique de celui qu’on appelait affectueusement le Grand Maodo, avec le Mouvement démocratique populaire (Mdp), ne sera pas d’une grande réussite. Marié à Oulimata Ba, l’instituteur spécialisé dans les questions économiques est l’auteur de nombreuses publications dont trois volumes d’Essais sur l’Islam », « Réflexions sur l’économie de l’Afrique noire » ; « Nations africaines et solidarité mondiale ». Il meurt le 25 janvier 2009 à Dakar et repose au cimetière musulman de Yoff.
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