L’enseigne française de la grande distribution est la risée de quelques citoyens depuis quelques mois. Auchan est accusé à tort ou de tuer l’économie locale. Mais alors que la polémique s’enfle autour des activités de cette marque, le ministre du Commerce, censé éclairer les citoyens qui demandent l’information sur le sujet, a choisi le silence. Évitement, mutisme total.
Que les sollicitations viennent des médias ou d’activistes de la société civile comme le mouvement «France dégage», qui eux sont virulents, Alioune Sarr refuse à lâcher un mot. Il ne veut discuter des conditions d’installation de Auchan avec personne. Pourtant, nous estimons que la question est si importante pour que ce silence pesant et assourdissant continue de régner. Etant en démocratie les gouvernants n’ont-ils pas un devoir de rendre compte aux gouvernés ? Et si le pouvoir se fait le porte-étendard de la bonne gouvernance et transparence, n’est pas là une belle occasion de le prouver ? Ne pas le faire laisse penser qu’il y a anguille sous roche comme le soupçonnent des citoyens ordinaires. Cette absence de la parole officielle laisse libre cours à l’imagination de chacun, à la spéculation et à la rumeur. Cette parole officielle devait être entendue afin de fournir les informations pouvant aider le citoyen dans la formation de sa propre opinion.
Si tout au moins, le ministère n’a pas l’intention d’affronter les médias ou les acteurs de la société civile, au moins, il peut tout de même publier des documents officiels qui montrent clairement les conditions d’installation de Auchan Retail Sénégal : quels sont les termes de l’accord ? Qu’est-ce que le Sénégal gagne ? Combien de taxes paient Auchan ? Qu’est-ce qui est reversé aux municipalités ? La réponse à ces différentes questions est importante pour que les Sénégalais comprennent et aient des éléments d’appréciation. Autrement les suspicions vont continuer, la spéculation sera insistante.
Alioune Sarr encadre ses mêlées de presse
D’ailleurs, on a l’impression que le ministre du Commerce est désormais hanté par cette affaire Auchan et est sur la défensive. Le sujet semble troubler son sommeil. En effet, partout où Alioune Sarr est en déplacement pour des cérémonies et que les journalistes ont l’occasion de lui poser la question, indépendamment de l’objet de la rencontre, il refuse catégoriquement de répondre.
D’ailleurs, il a pris désormais l’habitude de fixer les règles du jeu pour évacuer cette question Auchan, en amont, avant toute interview avec les journalistes, notamment, à l’occasion de chaque mêlée de presse. «Toute question qui sort du cadre du sujet pour lequel nous sommes là, je ne réponds pas», avait-il lancé sèchement, la mine bien serrée, le 22 juin dernier lors la tenue de la 3 édition du forum Africa Convergence.
Dans «Le Populaire» du vendredi 06 juillet, c’est presque la même attitude que le ministre du Commerce a adopté faux aux journalistes. «Je suis venu pour lancer une plateforme, vous ne pouvez pas me faire dévier de discussion. Je m’en limite à lancer une plateforme en ligne. Aux d’autres lieux, à d’autres occasions, on parlera d’autres choses», a répondu M. Sarr cité par Le Populaire. C’est comme ça qu’Alioune Sarr s’était sorti des griffes des journalistes. C’est une stratégie de communication bien connue des spécialistes de la communication de crise, mais reste à savoir si le temps passant, cette stratégie va être payante.
Peut-être que le ministre et ses services devraient prêter attention à ce conseil de Nicolas Boudot, associé du cabinet en stratégie de communication Tilder, qui dit : «En cas de crise, le silence n’est jamais une option. C’est même mortel», indique le communicant, cité dans un article publié par https://www.7×7.press. Pour lui, il n’y a pas de recette magique. «Chaque crise doit faire l’objet d’un traitement sur mesure»
Par Noël SAMBOU