Les récentes sorties de Me Djibril War, Directeur des structures de l’Alliance pour la République (Apr), et de Alioune Badara Cissé Médiateur de la République sont suffisamment révélatrices de l’existence d’une ligne de démarcation entre les orientations de Macky, le Général en Chef et une partie de ses troupes qui, manifestement, ne les partage pas.
Si au Parti démocratique sénégalais (Pds), au Parti socialiste (Ps), à Rewmi, et dans la plupart des partis politiques, des dissensions internes se font ainsi sentir, le parti au pouvoir a la particularité d’être jeune, inorganisé et fragilisé par l’arrivée de militants et de cadres peu convaincus et dont la seule motivation est l’appât du gain et le pouvoir.
A ces dimensions, il faudra ajouter une autre tare que se partagent aussi les autres partis, à savoir l’absence de concertation interne et le fait que le leader ne consulte par suffisamment ses compagnons pour ce qui concerne la marche à suivre.
L’Apr a aussi la particularité d’être une armée mexicaine où tout le monde est chef. Des sous-chefs dont certains n’hésitent pas à affirmer leur ras-le-bol.
Si les structures fonctionnaient correctement et que les responsables se rencontraient, le linge sale serait lavé en famille. Car il n’y a pas d’organisations ou de partis où tout le monde est d’accord sur tout, mais le fait d’exprimer par voie de presse ses opinions, surtout contradictoires, est une preuve d’une forme d’exaspération, un signal fort envoyé au chef.
Il s’agit, ni plus ni moyen, de le dire et que l’on n’est pas content du tout. On se rappelle, à ce propos, des sorties de Abou Abel Thiam, la démission de Moustapha Cissé Lô des instances de décision, des bisbilles actuelles à l’Apr de Guédiawaye et dans presque toutes les localités du pays.
La réalité est que de plus en plus, nos partis fonctionnent comme des mouvements de soutien dont les seules cogitations et orientations tournent autour de la stratégie pour gagner ou conserver le pouvoir.
Il n’y a plus de ciment idéologique autour duquel militants et cadres se retrouvent. Ceux qui se sentent écartés au profit d’autres n’ont qu’une seule envie, débarrasser le plancher. Et on leur facilite souvent la tâche du fait justement de l’attrait qu’offrent les nouveaux arrivants.
C’est facile quand le parti est dans l’opposition. Mais quand il est au pouvoir comme l’Apr, partir n’est pas toujours facile.
C’est pourquoi nombre de gens vocifèrent en silence tout en désapprouvant énormément la manière dont fonctionnent les choses. C’est ce qui explique le semblant de stabilité dont ces partis au pouvoir bénéficient.
Mais la réalité est souvent moins élégante. A l’Apr par exemple, nombre de cadres et de militants expliquent mal le fait que des transhumants aient été promus à des postes de responsabilité à leur détriment. Rares sont en effet ceux qui osent s’affirmer publiquement, comme le font Me War, Alioune Badara Cissé et bien d’autres.
Car, avec la théorie de l’auto-exclusion développée par le Pds en son temps contre ceux qui étaient ainsi frustrés, beaucoup craignent d’être chassés du parti d’où leur silence qui est loin d’être une acceptation.
Toutefois, ce genre de situation engendre, souvent, des vote-sanctions. Quand un cadre ou un militant s’estime lésé, il peut devenir dangereux ou irrécupérable, même s’il ne claque pas ouvertement la porte.
Le poème d’ABC au Président Wade est une preuve tangible d’une profonde exaspération de la part de quelqu’un qui se dit membre-fondateur d’un parti où il semble actuellement indésirable.
L’Apr a pris le risque de ne pas parfaire sa structuration. Ce faisant, sa tache va être rendue difficile par ce micmac observé au sein de ses instances…
La réalité est que tant que les partis manqueront de démocratie interne, ils seront inaptes à conquérir convenablement à l’expression du suffrage et à bâtir des militants dignes de ce nom.