Cristiano Ronaldo va disputer sa 6ème finale de C1. Dans ce type de soirée, il ne brille pas toujours. Mais c’est lui, souvent, qui a le dernier mot.
Il y a dix ans, Cristiano Ronaldo n’était pas le joueur qu’il est aujourd’hui, mais c’est à cette période de sa vie que la star portugaise a donné une autre tournure à sa carrière. C’est en 2008 que le Portugais a soulevé sa première Ligue des champions et son premier Ballon d’Or, comme pour rappeler que ces honneurs vont de pair, souvent. C’est en 2008, aussi, que le gamin de Madère a arrêté de placer le “beau” au-dessus du “bon”, l’ailier provocateur et esthétique laissant place à un joueur de surface, tueur et clinique.
À l’aube de sa sixième finale, Ronaldo, qui estime avoir “un âge biologique de 23 ans”, a encore faim. Le caractère exceptionnel de l’événément ne le concerne pas. L’attaquant du Real Madrid connait ces hauteurs puisqu’il a disputé 5 des 10 dernières finales de la compétition reine. L’occasion pour Goal de les passer à la loupe.
2007/08 – VAINQUEUR – Manchester United vs Chelsea (1-1, 6-5 t.a.b.)
120 minutes jouées
1 but
5 tirs – 1 tir cadré
Aucune passe décisive
3 occasions créées
9 fautes subies
8 dribbles réussis
Cristiano Ronaldo n’a certainement rien oublié de sa première finale européenne, et pas seulement pour ce qu’il y avait au bout. C’était à Moscou. Dans une rencontre 100% britannique face aux Blues de Chelsea, le Portugais passe par tous les états. Placé théoriquement sur le côté gauche de l’attaque, CR7, encore sur son petit nuage après une saison hors-normes, laisse une nouvelle fois Wayne Rooney s’occuper des tâches ingrates et défendre à sa place. Il ne le sait pas encore, mais ce costume d’avant-centre non identifié lui ira à merveille toute sa carrière. Sans avoir encore dénaturé l’essence de son jeu – il réussit 8 dribbles – Ronaldo marque, d’une tête décroisée avec le timing phénoménal qu’on lui connait, pour reprendre un centre de Wes Brown. Mais l’égalisation de Frank Lampard avant la pause contraint tout ce beau monde à se départager aux tirs aux buts. C’est à ce moment-là que le Portugais refait son âge (23 ans à l’époque) en manquant sa tentative face à Petr Cech. Il suivra la suite en se prenant la tête entre les mains avant de souffler après les tentatives manquées de Terry et Anelka. L’histoire est lancée.
2008/09 – BATTU – FC Barcelone vs Manchester United (2-0)
90 minutes jouées
Aucun but marqué
6 tirs – 2 tirs cadrés
Aucune passe décisive
Aucune occasion créée
1 faute subie
3 dribbles réussis
Avant de faire le grand saut pour rejoindre le Real Madrid, Cristiano a une occasion idéale de clore son chapitre mancunien par une bonne note. À ce jour, cette finale contre Barcelone reste son seul combat contre Lionel Messi à ce stade du tournoi. L’histoire retiendra la passation de pouvoir entre les deux hommes. Sans dominer dans des proportions écrasantes (ce sera le cas deux ans plus tard), Barcelone prend rapidement la main grâce à un but de Samuel Eto’o. En face, Ronaldo bouge, propose, frappe, mais l’attaquant ne trouve pas la clé contre la machine de Pep Guardiola, et c’est Lionel Messi qui tue le suspense à cinq minutes de la fin en faisant le break de la tête, dans un style similaire à Ronaldo un an plus tôt… Barcelone achèvera cette année 2009 avec six titres. Ronaldo, lui, prendra la direction du Real pour se frotter un peu plus souvent au seul adversaire à sa taille.
2013/14 – VAINQUEUR – Real Madrid vs Atlético de Madrid (4-1, a.p.)
120 minutes jouées
1 but
9 tirs – 3 tirs cadrés
1 passe décisive
3 occasions créées
3 fautes subies
0 dribble réussi
La fameuse Decima. Date clé dans l’histoire du Real Madrid. Cela faisait presque cinq ans que Cristiano Ronaldo traînait ses guêtres en Espagne, empilant les buts et regardant Messi et Barcelone collectionner les distinctions, la bave aux lèvres. Il fallait un déclic. Il aura lieu à Lisbonne. Douze ans après son dernier sacre, la Maison Blanche parvient enfin à soulever le trophée qui définit sa raison d’être. L’affaire se joue à une fraction de secondes. En quadrillant parfaitement le terrain, l’Atlético applique sa recette à merveille et fait la course en tête après un but de Diego Godin en première période. Asphyxiée, crispée, la bande à Ancelotti s’en sort miraculeusement sur un coup de boule de Sergio Ramos au bout des arrêts de jeu. Les prolongations seront à sens unique, comme souvent avec ce type de scénario. Après un rush de Di Maria, Bale replace le Real devant, avant que Marcelo ne plie le match quelques minutes plus tard. CR7, lui, se montre décisif sans être l’homme de cette finale. Son assist pour Marcelo n’en est pas vraiment une. Mais le bougre trouve tout de même le moyen d’obtenir un penalty qu’il transforme avant le coup de sifflet final pour enlever son maillot et se poser en héros. Du Ronaldo dans le texte.
2015/16 – VAINQUEUR – Real Madrid vs Atlético de Madrid (1-1, 5-3 t.a.b.)
120 minutes jouées
Aucun but marqué
6 tirs – 3 tirs cadrés
Aucune passe décisive
1 occasion créée
2 fautes subies
3 dribbles réussis
Après avoir vu le Barça de Messi reprendre leur bien, Ronaldo et sa bande retrouvent l’Atlético à San Siro, cette fois-ci, pour une nouvelle partie d’échec. Comme à Lisbonne, l’inévitable Sergio Ramos trouve la faille mais le Real de Zidane bute encore sur un bloc compact et incisif dans ses attaques rapides. Malgré une multitude de tirs, CR7 ne marque pas et les Merengue s’exposent à un retour de leur rival madrilène. Tenaces, les hommes de Simeone parviennent à leur fin en égalisant par le Belge Carrasco. L’addition finale aurait pu être fatale au Real mais Antoine Griezmann avait botté un penalty sur la barre un peu plus tôt. L’international Français ne manquera pas sa tentative dans la séance des tirs aux buts, au contraire de Juanfran, juste avant le tir victorieux de Ronaldo. Dernier joueur désigné dans ce finish, le Portugais arbore une nouvelle fois sa musculature.
2016/17 – VAINQUEUR – Real Madrid vs Juventus (4-1)
90 minutes jouées
2 buts
6 tirs – 2 tirs cadrés
Aucune passe décisive
Aucune occasion créée
1 faute subie
0 dribble réussi
LE chef d’œuvre de Cristiano Ronaldo. Dans un registre de buteur pur, le Portugais plane sur cette finale spectaculaire contre une Vieille Dame déchue pour la seconde fois en trois ans. CR7 débloque le match dès la vingtième minute d’une reprise parfaite. La Juve égalise par Mario Mandzukic sur une merveille de retourné acrobatique. Mais après avoir offert une belle résistance, la formation italienne craque après le repos, quand Casemiro redonne l’avantage aux Merengue, à mi-distance, avant que l’insatiable Ronaldo ne s’offre son premier doublé en Ligue des champions avec une nouvelle reprise, de plus près encore, sur un centre de Luka Modric côté droit. L’image est une allégorie du Ronaldo 2.0. Un joueur de bout de chaîne à l’affût de la moindre miette. En fin de match, le jeune Marco Asensio donne une allure de correction à ce succès. En faisant son job à la perfection pour cette soirée humide à Cardiff, Cristiano permet au Real Madrid de devenir le premier club à conserver une Coupe aux grandes oreilles. Et à Zinédine Zidane d’entrer aussi dans l’histoire en conservant le trophée pour la deuxième année de sa nouvelle vie. Ce n’est pas une passe décisive, mais c’est une belle offrande quand même.
Avec Opta.