Procès Imam Ndao : « Moustapha Diop, l’absent le plus présent au tribunal»

C’est un père meurtri qui a comparu a titre de simple renseignement, devant la Chambre criminelle spéciale, sur le cas de son fils Abdou Lahat Diop supposé être dans les rangs de groupes jihadistes. «Je n’ai jamais pensé que Lahat serait cité dans des faits liés au térrorisme. Il était calme», dit-il. Se souvenant d’un fils qui n’était pas aussi obnubilé par l’argent, Modou Diop, en larme, a indiqué qu’il partirait à la recherche de son fils, s’il connaissait l’actuel lieu de résidence de ce dernier.

Son amertume est d’autant plus grande, confie-t-il, qu’il ne sait pas si son fils est mort ou vivant. Polygame, il vit entre ses deux maisons. Et, c’est dans une soirée de dimanche, il y a de cela deux ans, qu’on l’a informé de la disparition de son fils. Depuis lors, malgré les nombreuses recherches, il reste sans aucune information sur son enfant. Au moment de son départ, Abdou Lahat était en classe de première S au lycée moderne de Dakar.

PRESUME RECRUTEUR DES JIHADISTES : Moustapha Diop raconté par son père

L’absent le plus présent au procès des présumés terroriste, c’est Moustapha Diop. Son nom est revenu dans toutes les auditions. Au 17e jour d’audience hier, mardi 8 mai, devant le Chambre criminelle spéciale chargée de connaître du dossier du terrorisme, le père, Massamba Diop, interrogé comme témoin, a raconté sur son fils. Moustapha Diop est parti rejoindre ses frères en Arabie Saoudite, après avoir réussi à un concours organisé par l’Institut islamique. Avant de rejoindre la Libye, Moustapha Diop s’était marié avec Mame Awa Camara. Cette dernière a rejoint son mari à Syrte, ville libyenne contrôlée par l’Etat islamique, après son accouchement, en compagnie de son enfant.

Selon Massamba Diop, ses échanges téléphoniques avec son fils remontent à deux semaines avant sa convocation à la gendarmerie, a-t-il dit. Soupçonnant d’avoir été mis sous écoute, le père a demandé depuis lors à son fils de ne pas l’appeler. Il a «appris» la mort de son fils à travers la presse. A son retour au Sénégal, après le séjour saoudien, Moustapha Diop ne vivait pas chez son père. Selon Massamba Diop, son fils vivait avec un ami à Ouakam. Puis Moustapha Diop a eu à fréquenter le quartier Mariéme Mbengue du Lac Rose. Il priait à la mosquée «ibadou» de ce quartier.

Face au juge Samba Kane, le vieux Massamba Diop a affirmé que l’imam de cette mosquée, un nommé Sidy Sarr, est parti rejoindre Moustapha Diop, en Libye. Lamine Ndiaye, le mari d’Aïda Sagna remise ces derniers temps aux autorités sénégalaises par la Police libyenne, est originaire du même quartier. Moussa Mbaye, un supposé recruteur vivait aussi au séjourné au Lac Rose.

Le petit frère, Alioune Diop, a partagé, sur un ton plaisantin, que son grand-frère lui avait dit qu’il était en partance pour deux pays. Le président du tribunal lui a rappelé cette déclaration qu’il avait faite à l’enquête préliminaire et selon laquelle son frère Moustapha Diop s’y rendait pour poser des bombes. Son frère Moustapha Diop lui a aussi dit qu’il était à la recherche des américains, comme ces derniers sont à la recherche des jihadistes. Cette affirmation a été faite quand son frère essayait de le convaincre de rejoindre les rangs de l’Etat islamique.

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