(Interview) 5 déc. 2008
Adji Goumbe Ndiaye, la veuve de Ndongo Lo se confie : « La première fois que j’ai rencontré Ndongo Lô, je lui ai offert 5000 francs »
– Par deux fois, ma famille lui a refusé ma main
– Pendant deux ans après le décès de Ndongo Lô, Petit Mbaye me versait mensuellement 250 000 francs…
Source : Walf Grand-Place
L’énigme Adji chanté sur les scènes par son défunt époux a toujours refusé de se faire percer. C’est âpres plusieurs tentatives qu’elle ouvre enfin les portes de son cœur et de sa cour à Walf Grand-Place. Et dans cet entretien-confidence, celle qui a partagé la vie fulgurante de la star de Pikine revient sur leur rencontre qui n’a pas été des plus faciles. Un itinéraire tumultueux d’amoureux faits l’un pour l’autre et que la seule la mort séparera quelques années plus tard. Du premier jour ou elle raillait la famille du chanteur devenu son unique amour, les moments difficiles vécus et qui l’ont parfois même conduite à bazarder ses bijoux, la joyeuse intimité avec celui que ses parents ont refusé a deux reprises de lui donner en mariage. L’actualité aussi, Adji l’aborde. Car, malgré le fait qu’elle n’ait pas cédé ses parts d’héritage à sa belle famille, cette dernière a vendu le terrain de Ndongo Lo à 20 millions de francs à son insu.
Trois ans après le décès Ndongo Lo, sa veuve, Adji Goumbé Ndiaye brise le silence. Elle a toujours refusé obstinément les interviews pour en savoir plus sur son parcours avec le regretté chanteur, voila a présent qu’elle se confie a Walf Grand-Place…
Walf Grand-Place : Une parcelle offerte par le maire de Dakar Pape Diop a votre époux Ndongo Lô, de son vivant et revendu à 20 millions de francs par votre belle mère, qu’en est-il ? Que s’est-il passé ?
Adji Goumbé Ndiaye : La semaine dernière, j’ai été informée de la nouvelle. J’ai téléphoné à Tante Mariétou (Mariétou Fall, mère de Ndongo Lô Ndlr) pour m’enquérir de la situation. Elle m’a assurée que le terrain n’a pas été vendu. C’est sur mon insistance que le frère de Ndongo, Talla, m’a avoué que la parcelle a été vendue. Cela m’a fait très mal. Si j’avais été la propre fille de Tante Mariétou, cette dernière n’aurait pas agi de la sorte. Quand je me mariais avec Ndongo Lô, je ne pensais même pas a un terrain. Vu tous les obstacles que nous avons surmontés ensemble, je ne l’ai pas aimé pour de l’argent ou quelconque bien. La vie est plus sacrée que cette parcelle. La preuve, celui que j’aimais le plus a été arraché à mon affection. Le propriétaire du lopin de terre est parti, donc pourquoi nous quereller pour cet héritage qu’il a laissé ? Cela n’en vaut pas la peine. Ce qui me dérange, c’est le fait d’avoir négocié et vendu le terrain à 20 millions de francs à mon insu.
Il parait que vous leur aviez cédé vos parts ?
Jamais ! Qui vous l’a dit ? Toute veuve désire garder un souvenir de son époux disparu. Je ne leur ai pas offert mes parts.
Vous comptez porter plainte contre votre belle-famille ?
(Surprise). Du tout. Moi, Adji Goumbé, trainer un parent de Ndongo Lô devant les tribunaux pour des histoires d’argent ? Jamais ! C’est parce que je suis frustrée de la manière inélégante de faire que j’ai accepté de dire ce que j’ai sur le cœur. Je ne comprends pas pourquoi ils ont agi de la sorte. C’est vraiment une démarche discourtoise. Toutefois, je ne m’imagine pas aller en procès contre des amis de Ndongo Lô, a fortiori sa mère. Mon amour pour lui me l’interdit.
Votre environnement social ; vous semblez vivre uns situation difficile…
Je profite de cette occasion pour remercier ma maman qui m’épaule beaucoup. Contrairement a ce que disent les gens, elle ne m’a pas abandonné. Le problème est qu’elle n’a jamais accepté qu’a cause de Ndongo Lo, que j’ai refusé de retourner aux Etats-Unis. Sans ma mère, ma situation aurait été bien difficile. Elle ne peut rentrer au Sénégal à cause de son travail.
Vous viviez aux Etats-Unis ?
J’y suis allée alors que je n’avais que 6 ans. Je suis née a Kaffrine ou servait mon défunt père, qui est un douanier. A son décès, ma maman, alors grande commerçante, s’est expatriée aux Etats-Unis. Là-bas, elle gère un restaurant et un salon de coiffure. C’est dans le Bronx, a New York que j’ai passé mon enfance jusqu’à l’âge de 16 ans. J’y ai étudié jusqu’au High School (L’équivalent du Lycée au Sénégal,Ndlr). Lors d’un de ses séjours aux Etats-Unis, Cherif Ousseynou Laye me trouvant trop agitée suggéra à ma mère de m’emmener au Sénégal pour connaitre davantage ma famille. Et c’est suivant ses conseils que ma maman m’envoya en vacances. J’avais 16 ans et je ne savais rien du Sénégal. Et c’est durant mon séjour que j’ai rencontré Ndongo Lô.
Et comment fut votre première rencontre ?
J’habitais aux Parcelles Assainies chez ma tante. Un jour, il y avait mariage à Pikine chez ma grand-mère. Des que je suis entré dans une chambre, j’ai vu un homme allongé sur le lit. Curieuse, j’ai demandé qui c’est. Histoire de le taquiner, je lui ai dit : « tonton, pouvez vous m’offrir 500 francs, s’il vous plait ? » il m’a demandé ce que je voulais faire avec m’a répondu : « tu sais que je ne te donnerai pas 500 francs, mais bien plus. Tu es ma noble. Au fait qui est ta maman ? » Et dès que je l’ai renseigné, il m’a fait savoir qu’il ne connait pas ma maman que de nom. Par contre, ma tante Arette le couvrait toujours de cadeaux à l’occasion de ses soirées.
Pourquoi lui aviez-vous demandé les 500 francs ? Était-ce pour la draguer ?
Non. C’était juste pour blaguer. Je n’avais pas besoin d’argent. Je voulais juste le taquiner. C’était en 2000. Il n’était même pas célèbre. Il m’a dit qu’il chantait dans les « simb » (séances de faux lions ; Ndlr). Je le raillais même en lui disant que personne ne le connaissait. Ce jour-la, ma tante m’a même grondée a cause de ce que j’avais dit a Ndongo LÔ. Pour me tirer d’affaire, il lui a dit : « laisse-la me railler. C’est moi qui chanterai pour elle le jour de son mariage et elle m’offrira de l’argent. » Après, on m’a dit que c’est l’ami de mon oncle Aliou. Je lui ai offert 5000 francs ce jour-la.
Le soir, il m’a invitée à venir le voir en soirée au Ravin. Il devait faire un play-back. J’avoue qu’au début de notre relation, on n’était juste des amis. C’est par la suite qu’on s’est aimé. C’est lui mon premier amour et copain. Ce que ma famille ne pouvait accepter prétextant que j’étais mineure. On m’a tellement battue a cause de lui. Il était même arrivé un instant ou ma grand-mère rechigna à me remettre des talismans. Elle savait que j’allais dire niet.
Un jour, il devait aller se produire en concert au Moncao Plage. Et comme il venait de faire la connaissance de ses amis, Gnamé et Momar Gueye, Ndongo était gêné de leur demander de l’argent pour les frais de déplacement. Je lui ai demandé d’attendre. Et sur le champ, je suis partie bazarder ma chaine en or pour lui permettre de quoi payer le transport. En venant en vacances, j’avais amené beaucoup d’or que j’ai vendu je ne sais plus a combien a Moussa, un célèbre bijoutier de Pikine. Malgré ce sacrifice, ce jour-la, à Monaco Plage, comme il n’était pas connu, on lui a même refusé de monter sur scène. Quelques semaines après, il avait décroché un contrat de production chez Talla Diagne. Et le jour où il devait s’y rendre, il n’avait pas de quoi payer le car. C’était difficile pour lui en 2001. Et il ne voulait pas toujours demander à ses amis. Il trouvait cela gênant.
Je me souviens d’un magal de Serigne Fallou, il m’avait demandé de l’accompagner a un mbapatt. Parce qu’il voulait se faire des sous. Et il avait envisagé de partir après sur Touba. Nous sommes allés avec une de mes copines. Je me mettais toujours derrière la scène et l’on rentrait après ses prestations. C’était à Lansar. A la fin de la partie, il s’est retrouvé avec 20 000 francs. Triste, il m’a dit : « si je paye le transport, que donnerai-je à ma mère ? » je l’ai rassuré. Le lendemain matin, j’ai pris différentes pièces en or et les ai vendues à un bijoutier de Golf pour 112 000 francs. A mon retour, j’ai remis à Ndongo les 100 000 francs pour qu’il aille au Magal. Puis, j’ai gardé les 12 000 francs pour mon argent de poche. A l’époque, je ne maitrisais pas le Cfa.
On vivait ainsi. Je me souviens, un jour de Tabaski, ma maman avait envoyé à la famille des ganila diezner. Et comme j’étais une fille gâtée, on m’a remis 6 mètres et 15 000 francs pour la couture, plus un brodé comme deuxième tenue. J’ai couru aussitôt vers Pikine Rue 10 pour remettre le ganila a Ndongo avec les 10 000 francs pour qu’il paye le tailleur. A mon retour, j’ai dit que j’avais donné le tissu a une de mes tantes. Et quand mon oncle l’a vu porter le diezner lors d’un podium, il a voulu me tuer. Cette Tabaski la, j’avais porté un jean et un body puisque le brodé n’était pas prêt. Mais, j’étais contente qu’il soit bien mis.
Donc, votre famille était contre votre union ?
Effectivement, mes parents ne voulaient pas de cette union, car je n’avais que 16 ans. On a eu une fille, Mbayang Niang, arrachée à notre affection a 9 mois. Et puis, c’est a cause de lui que j’ai refusé de retourner aux Usa pour étudier. Pour ne pas frustrer ma famille, je me suis inscrite au British Council. Ma maman a dit niet. Elle voulait que je la rejoigne. Elle est venue me chercher à Dakar. J’ai tout fait pour qu’elle reparte sans moi.
Je sortais à l’époque avec Ndongo Lô. Ma famille s’y était opposée. Je me souviens quand je partais le voir, mon oncle me battait et j’en avais même des cicatrices. Ma maman a eu tellement mal qu’elle a fini par me laisser, j’ai refusé.
Ma maman ne pouvant pas concevoir que je me marie a 16 ans ; s’y opposa. A l’époque, ma grande sœur n’avait même pas de petit ami. Par deux fois, ma famille a refusé ma main à Ndongo Lô. Ce n’était pas parce qu’il était casté, mais plutôt a cause de mon âge mineur.
Vous ne regrettez pas aujourd’hui d’avoir renoncé a vos études aux Usa pour l’amour de Ndongo Lô ?
Non. Si c’était à refaire, je le referai. Je ne regrette rien de notre relation. J’ai agi par amour. Ce qui me fait mal, c’est qu’il ne m’ait pas laissé un enfant pour atténuer ma souffrance. Vous m’avez surprise en train d’écouter sa musique. Je le pleure toujours. Je ne peux oublier Ndongo Lô, qui fut mon premier et unique amour. A chaque fois que j’ai mal, je mets sa musique pour me réconforter. Je l’écoute en boucle. Malgré ma peine, je remercie Dieu qui m’a offert, ne serait-ce qu’un temps soit peu, du bonheur, j’étais trop heureuse avec Ndongo Lô.
Qu’est ce que vous retenez de lui ? Que vous a-t-il dit pour la dernière fois ?
Je retiens beaucoup de choses de lui. C’est à moi qu’il a parlé pour la dernière fois. Il m’a dit : « Adji, pardonne-moi… ». Dès qu’il s’est tu, mes cris ont ameuté la clinique. Pendant ses dernières secondes, il avait serré ma main. Le jour même, ou il a rendu l’âme, il avait demandé une séance de récital de coran, sacrifié un mouton et demandé qu’on lui prépare de la bouillie en guise d’offrande. Il avait bon cœur. Mais, c’était comme quelqu’un qui n’allait pas durer sur terre. Il me disait souvent : « j’ai l’impression que je suis mort. » Même quand, il partait jusque devant la pharmacie de Golf située à quelques mètres de notre appartement, Ndongo Lô rebroussait chemin pour faire ses ablutions. Il était toujours en situation d’ablutions. Tout cela pour vous dire comment il fut pieux. Humble, il me disait : « les gens m’interpellent dans la rue. Donc, je suis une vedette ? » Il marchait pieds nus, il ne vivait pas son succès.
Comment avez-vous vécu son décès ?
Ce fut un choc terrible. C’était trop dur, surtout pour une fille de mon âge qui perd son enfant, puis son mari. Je n’ai en aucun moment imaginé que Ndongo Lô allait mourir. Le veuvage, c’est ce qu’il y a de plus difficile pour une femme. Il m’arrivait de me réveiller en sursaut et de crier toute une nuit. Heureusement que ma famille m’a aidée. Ndongo était mon ami et tout. On était comme des bambins. On jouait….On pouvait se quereller et nous réconcilier à l’ instant.
Quelques une de ses qualités…
Il fut tellement magnanime. Ndongo ne pouvait supporter de voir quelqu’un souffrir. Il pouvait avoir 100 mille la nuit et distribuer tout au point de se retrouver le lendemain sans un sous. Il m’arrivait même de me fâcher pour cela.
Est-il vrai qu’il savait qu’il allait mourir, comme d’aucuns le disaient a l’époque ?
Non, il ne le savait pas. Mais durant ses dernières semaines, il me répétait sans cesse, qu’il allait demander à Petit (Petit Mbaye, Ndlr) de me faire établir des papiers afin que je retourne auprès de ma mère. Je lui rétorquais qu’il blaguait. Puisque craignant que je le quitte, il refusa même de m’emmener avec lui aux Etats-Unis. Même le dimanche où il a rendu l’âme, il m’a demandé pourquoi je me faisais belle, alors qu’il était malade.
Justement à propos, il parait que c’est lui qui vous a roulée, retardant ainsi votre départ pour les Etats-Unis ?
Non, cela ne s’est pas passé ainsi. Après mon veuvage, ma maman lui a remis mon passeport, mais il n’est pas parvenu à me trouver le visa. Petit est quelqu’un de bien. Il était le seul ami de Ndongo qui me donnait mensuellement une somme de 250 000 francs après le décès de mon époux. Il est magnanime. Il a été très reconnaissant. A part lui, il y a Siga, une des fans de Ndongo.
Et le maire Pape Diop ?
C’est lui qui a offert le terrain. Pape Diop m’a reçue après mon veuvage et m’a promis de m’aider pour que je rejoigne ma mère. Mais je n’ai pas eu de nouvelles depuis. J’ai couru après lui des mois durant pour une audience, en vain.
Le morceau de Ndongo Lô qui vous a le plus marqué ?
Le tube Mbeugueel dans lequel il me rend hommage. Quand je l’écoute, c’est comme si c’est la fin du monde. Ma vie est bouleversée. Je revois nos instants de bonheur.
Qu’est-ce que cela vous a fait lorsque vous l’avez écouté pour la première fois ?
Je me souviens, je le raillais en lui disant a la sortie de la cassette : « tu n’a rien à me consacrer que cette petite partie ? » Il riait et me disait que j’étais folle et que ce n’était pas facile de chanter sa femme.
Il se susurre que vous avez eu un enfant après son décès ?
Effectivement. Mais, c’est ma vie privée. Je préfère ne pas en parler.
Un message à Ndongo Lô ?
Je lui dis que jamais je ne pourrai l’oublier. Ce qui fait que je fais de mon mieux pour prier pour lui. Le temps de le rejoindre un jour.
Ndeye Awa Lô