Procès Imam Ndao et Cie : Les troublantes déclarations d’Ibrahima Diallo, l’autre accusé

Après Momodou Ndiaye, alias Abu Yusuf, ce fut au tour de Ibrahima Diallo de lui succéder à la barre ce mardi lors du procès de l’imam Ndao et ses co-accusés. En effet, M. Diallo est poursuivi pour acte de terrorisme par association de malfaiteurs, acte de terrorisme par menace, menace d’attentat et complot, notamment complot visant à l’établissement d’une base au Sénégal de la ‘‘Wilaya », financement du terrorisme, blanchiment de capitaux et apologie du terrorisme. Ce qu’il n’a pas reconnu. Mais, l’homme a dit avoir bien participé à une réunion au Lac rose. « C’était juste un daara dont l’ordre du jour était le perfectionnement du daara où j’étais recruté comme enseignant », a indiqué M. Diallo.

« Pourquoi je suis parti au Nigéria… »
Puis, il indique avoir pris le chemin du Nigéria avec plusieurs autres de ses compagnons dont Abdoul Aziz Dia, Ibrahima Ba, et Mballo. Et c’était un certain Zaid qui a pris en charge les frais de transport. Il leur a remis chacun 100 000 francs Cfa. « C’était pour y vivre ma religion, trouver même du travail. Et on m’avait dit qu’au Nigéria il y avait la Charia. Et je voulais vivre dans un pays où la Charia était appliquée », a-t-il indiqué. Mais, le juge de le ramener à sa déclaration faite devant les enquêteurs: « Vous aviez déclaré face aux gendarmes que vous alliez au Nigéria pour faire le Djihad ». Ces propos, il ne les confirmera jamais devant la barre. « J’ai dit aux enquêteurs que j’y suis allé pour voir s’ils vivaient véritablement la Charia », rectifie-t-il. Qu’il ait aussi dit devant les enquêteurs qu’il a appris à « tirer au Kalachnikov », il a refusé de le confirmer. Mais, sur leur séjour au Nigéria, dans la Zone des combattants de Boko Haram, M. Diallo sera un peu plus prolixe.

La rencontre avec Shekau, le patron de Boko Haram
Il informe qu’un jour, un différend avait éclaté dans le groupe venu du Sénégal. Un différend idéologique, précise-t-il. Et c’est là que Shekau, le patron de Boko Haram, les a reçus : « On nous a amenés chez Shekau. C’est lui qui nous a fait appeler. Il nous a dit qu’il a appris notre arrivée. Il nous a lu une lettre. Il nous encouragés à être patients », confie M. Diallo à la barre. Puis, Shekau leur a donné l‘autorisation de quitter les lieux. Mais, auparavant, il leur a été ordonné de déchirer leurs cartes d’identité avant de sortir. Et c’est là que Matar Diokhané, un des lieutenants de Shekau, est venu les chercher. Et c’est lui qui a pris en charge leurs billets de retour.

Zones d’ombre sur les 44 billets de 500 euros
Puis, A son retour, l’homme affirme avoir rencontré l’épouse de Matar Diokhané qui lui a remis 44 billets de 500 euros, soit environ 15 millions de francs Cfa. Le Juge Samnba Kane lui demandera si cet argent était destiné à mettre en place une base terroriste au Sénégal. Mais, il réfute : « Je lui ai demandé de me donner cet argent pour travailler avec. Elle m’avait demandé d’aller sauver Matar Diokhané ». Ibrahima Diallo dit avoir remis l’équivalent de 4 millions à Latyr. Et le reste, il l’a confié à l’imam Ndao. Une somme qu’il avait prêté à ce dernier, dit-il.

« Mes liens avec l’imam Ndao »
« Le reste, je l’ai confié à Imam Ndao, je devais aller en Gambie. Je lui ai confié quelque chose comme 7 millions… J’avais connu l’imam Ndao quand j’étais malade, il m’a soigné. J’avais juste confiance en lui. J’ai vu l’imam deux à trois fois. La première fois, c’était quand j’étais malade. Puis, quand Diokhané m’a envoyé pour venir chercher un livre. La dernière fois c’est quand je lui prêtais l’argent », dit-il. Il affirme cependant, que l’imam ne savait pas qu’il venait du Nigéria.

Le procès a été suspendu jusqu’au mercredi. Et dès l’entame de l’audience, ce sera au tour du procureur de soumettre le prévenu au feu roulant de ses questions.

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