VERSAILLES BIENVENUE CHEZ WADE: REPORTAGE Ses trois maisons, Ses voisins, Ses habitudes…
(Versailles, envoyée spéciale) – Seneweb était chez les Wade à Versailles. L’ancien chef de l’État était absent des lieux. Il était au Qatar auprès de son fils, Karim. Mais nous n’avons pas fait le voyage pour rien.
Ce n’est pas si loin de Paris. En RER, c’est 40 minutes. Loin du bruit et du tumulte des grands boulevards de la capitale française, Versailles. La banlieue royale : calme et prestigieuse. Un charme latin qui se dévoile au fil des rues parées de richesses architecturales et d’histoire. Gare du Château Rive gauche, place d’Arme et, 10 minutes de marche plus tard, le Château de Versailles. Là, dit-on, le roi Soleil, Louis XVI, y a affronté un des hivers les plus durs de l’histoire.
À Versailles, il n’y a pas que le château. Depuis 2012, l’ancien Président sénégalais Abdoulaye Wade s’y est retranché avec son épouse, Viviane. Dans la cité des rois, presque tout le monde l’y connaît. Il vous suffit d’évoquer son nom et la première personne que vous rencontrerez vous conduira à son domicile, Versailles Rive droite.
« Vous voulez vous rendre chez le Président, c’est simple. Après le rond-point, près du marché, ce sera à 500 mètres plus loin, tout droit », renseigne Mamadou Diarra, éboueur à la municipalité de Versailles, rencontré à la Place d’Arme. Qui avoue avoir eu la chance de serrer la main d’un ancien Président.
Il rembobine : « Je l’ai rencontré au cours d’un ramassage. J’étais devant son domicile et je discutai avec ses gardiens. Au même moment, le chauffeur sortait la voiture pour la laver. J’ai aperçu Wade. Il s’est avancé vers nous pour nous saluer. Nous avons échangé quelques mots. Nous lui avons dit à quel point nous étions heureux de rencontrer un ancien président. Il nous a prodigué des conseils. Il était simple, courtois, très aimable et sympathique. »
Propriétaire de trois maisons
« Mais dans laquelle de ses maisons voulez-vous vous rendre ? Il compte 3 maisons à Versailles, révèle Mamadou Diarra. À pieds vous y serez, en 20 minutes. En bus, ce sera à moins de 10 minutes. » Finalement, on se résout à prendre un taxi.
« 3, rue de la Maye ». Là, non plus, pas besoin d’un Gps. Le taxi connaît bien le domicile de l’ancien Président sénégalais. « Je fais souvent la navette pour déposer des gens chez lui, lance-t-il. Je suis Versaillais pur. Je suis né et ai grandi à Versailles. Je connais très bien le coin. » Plutôt sympa, il s’improvise guide d’un jour. Et ouvre le cœur dynamique de la cité royale avec ses nombreux commerces, ses cafés et son marché en plein air. « Versailles vit toujours, fait-il remarquer. Il est un peu plus rythmé du côté du marché. Beaucoup de Parisiens y sont installés aujourd’hui. Car, les appartements à Paris deviennent de plus en plus chers. Il est devenu quelque peu une sorte de nouvelle destination de la classe moyenne. »
Quelques mètres plus loin, Versailles Rive Droite. Un quartier chic. Où le clan Wade a installé ses pénates. « Le quartier le plus cher de Versailles. Une villa coûte des millions d’euros. Ce sont le plus souvent les maisons typiquement versaillaises, habitées autrefois par les grandes familles de la cité », narre-t-il.
« À nul autre pareil », la devise du Roi Soleil caractérise ce coin huppé de Versailles, où les prix des villas se maintiennent à un niveau élevé. Le prix moyen du mètre carré pour un appartement Avenue de la Maye coûte entre 7700 et 9600 euros (5 390 000 et 6 720 000 F CFA).
Au 3, Rue de la Maye, le taxi signale qu’il ne s’agit pas de la maison où il a l’habitude de déposer ses clients venus voir les Wade. Il refait le tour du quartier pour 2 euros de plus. Finalement, ce sera au 13, dans une rue calme de la Maye qu’il dit terminus.
La maison des Wade, en pierre meulière, se dresse. Bourgeoise chic, grande et sans faste. Sur la boîte aux lettres, le nom des Wade est inscrit. « M. et Mme Wade » (voir photo). Le maître des lieux n’est pas là. Il est en voyage au Qatar, où vit Karim Wade, depuis sa libération de prison en juin 2016. C’est une dame, au bout de l’interphone, qui répond : « M. Wade est en voyage. Son épouse, est à Paris pour la journée. Et je ne pourrais vous dire à quelle heure, elle rentre. »
Discrétion et anonymat
D’habitude, raconte un militant du Parti démocratique sénégalais (Pds) vivant à Paris, l’entrée du domicile est occupé par des sympathisants et autres militants venus voir « Gorgui ». Qui leur prodigue conseils et assistance. « La maison ne désemplit pas quand il est là. Il passe son temps à recevoir du monde », confie ce proche de Karim Wade. A l’en croire, les sorties de l’ancien président sont très rares : « Il passe son temps à lire et à recevoir les militants. Souvent, il sort se promener dans les bois. Mais, ses sorties sont imprévisibles. » Du Wade pur jus !
Appelons les M. et Mme Jacquet. Ce vieux couple, voisins des Wade, préfère garder l’anonymat. Croisé dans les abords de la villa, les Jacquet racontent leurs rares rencontres avec Wade : « C’est quelqu’un de très discret. Parfois, nous le voyons sortir de la maison accompagnée d’une petite fille. Il se montre très courtois. Nous nous contentons juste d’un bonjour. Nous n’avons jamais échangé. »
M. Jacquet souligne que l’ancien Président n’habite pas la villa du 13. « Il n’est presque jamais ici. On se demande d’ailleurs, s’il vit dans cette maison. Je pense qu’il n’y vit pas. On ne le voit pas. On sait qu’il vit dans le quartier mais pas dans cette maison. »
L’ex-Première dame, elle, est très peu connue dans le quartier. Les Wade ne sont presque pas fréquentés. Adeline, la quarantaine, rencontrée un peu loin dans la ruelle adjacente, promenant son chien, ne les a jamais vus. « J’ai juste entendu dire qu’un ancien Président africain habitait le quartier, mais personnellement, je ne l’ai jamais rencontré. En tout cas, ils sont très discrets. On ne les voit presque jamais », confie-t-elle, le pas pressé.
On en apprendra pas plus sur la villégiature des Wade à Versailles, qui vivent décidément bien loin de l’agitation à laquelle ils avaient habitué les Sénégalais au temps de leur séjour au palais de l’Avenue Roume. Autres temps, autres mœurs !