BALLA GAYE 2: «c’est normal qu’il jubile. C’est comme l’équipe du Sénégal qui fait un match nul contre le Brésil»
Trouvé ce lundi, au surlendemain de sa victoire sur Gris Bordeaux, chez lui à Golf Sud, Balla Gaye 2, en compagnie d’Ama Baldé, savoure son succès. Le Lion de Guédiawaye, qui n’a qu’une seule ambition, la récupération de sa couronne de roi des arènes, perdue devant Bombardier en 2015, est revenu sur ce duel, sa prochaine cible, sa relation avec Ama Baldé, Modou Lo et Cie. Entretien.
Les Echos : Est-ce que vous considérez avoir marqué votre retour avec cette victoire par pénalité ?
Balla Gaye 2 : Absolument. J’ai marqué mon retour pour avoir battu mon adversaire. Gris Bordeaux croyait qu’il m’était impossible de livrer un combat durant 5mn et qu’il était plus armé sur le plan de la bagarre que moi, mais il a tout faux, puisque je lui ai prouvé le contraire. Dans ce duel, c’est moi qui ai lutté et c’est moi qui ai donné des coups, c’est une certitude. Durant 30mn, je l’ai acculé, je l’ai envoyé deux fois chez Ardo, Donc je crois avoir fait ce qu’il fallait. Gris Bordeaux a apporté beaucoup de force. Raison pour laquelle, il a pu encaisser mes coups.
Pourtant Gris Bordeaux se dit satisfait de sa prestation…
C’est compréhensible. C’est comme l’équipe du Sénégal qui fait un match nul contre le Brésil, c’est un exploit et c’est logique qu’il se dise satisfait. Je le comprends. Lorsqu’on perd devant Balla Gaye 2 par avertissement, on peut jubiler comme si c’était une victoire. Cela en dit long sur ce que je représente dans cette discipline, car je l’ai attendu durant une minute, mais il n’est pas venu, j’ai pris mes responsabilités pour lui infliger des coups avant de l’acculer. Il est sorti deux fois de l’enceinte. Il n’a amorcé qu’une seule action. Conséquence : je n’ai pas voulu continuer les frappes, au risque de vendanger mon combat. Aussi, il ne faut pas se défouler sur un lutteur comme s’il n’avait pas de famille ou de proche (Nitt dooko top diko door ba ay mbokkam soxlako, dangakoy bayi).
Pourquoi avoir tant opté pour la bagarre dans ce duel ?
Il fallait marquer mon retour d’une pierre blanche. Comme pour la lutte, personne ne peut rivaliser avec moi et que mon adversaire ne se focalisait que sur la bagarre, je devais lui démontrer que je sais me battre mieux que lui. Pour la lutte, il n’a jamais osé me faire face. J’avais du mal à avoir une bonne prise sur son pagne qui était mal fait. Il fallait donc le corriger et ce que j’ai fait. Pour la préparation, j’ai effectué beaucoup de contacts et sur le plan physique, je me suis donné à fond. J’avais même contracté une blessure au niveau du dos dans les entrainements. C’est pourquoi je n’ai pas livré un duel à 100%. Il faut noter aussi que la pression était énorme avec la présence massive des supporters, les défaites de Sa Thiès, de Lac2 et d’Elton. Il ne fallait donc pas faire n’importe quoi. Cela m’a d’ailleurs rendu un peu crispé dans le combat.
Pour être resté deux ans sans lutter, aviez-vous perdu des repères samedi ?
Non, du tout. Je suis jeune et durant toute mon absence de l’arène, j’ai travaillé comme un fou sur le plan des contacts et de la physique. Donc, il m’est impossible de perdre des repères.
Sur le plan de la mystique, vous n’aviez pas aussi lésiné sur les moyens…
Il le fallait non seulement pour mes fans qui ont rempli le stade comme jamais et aussi faire tout pour renouer avec la victoire. Il fallait donc faire les choses dans les règles de l’art pour gagner. C’est l’une des raisons qui nous ont poussés à beaucoup miser sur le mystique. Balla Gaye est de retour. La lutte se fait à deux et si Gris Bordeaux avait pris ses responsabilités, le combat allait être rapide, mais il ne l’a pas fait. Aussi, mon adversaire avait dit qu’il fallait savourer ce combat (nanou conss lamb-ji), car cela faisait longtemps qu’il n’avait plus vu deux ténors livrer un duel âpre sur tous les plans. Donc, j’ai voulu lui faire plaisir, mais mon souhait était de le battre en lutte pure. Ce combat, je l’ai livré avec le cœur.
Vous semblez avoir pris plus plaisir que lui ?
Je n’ai fait qu’accepter son invitation en consommant ce duel avec de la bagarre.
Pour votre protège-dent, c’était quoi le problème ?
Ce n’était pas une façon de récupérer ou quoi que ce soit. J’avais oublié mon protège-dent à la maison. Donc on a acheté un en cours de route, mais il se trouve que le protège-dent était trop grand et j’avais du mal à faire avec, c’est tout.
Que répondez-vous à Abass Ndoye président de Fass qui annonce un recours ?
Il parle pour juste amuser la galerie. Moi, je ne suis jamais sorti de l’enceinte durant tout le combat. C’est plutôt à son poulain qu’on a donné des coups qui l’ont contraint à sortir. Il est sorti trois fois et pourtant, il a dit que l’arbitre était de mon côté. Ce qui est loin de la réalité. Gris Bordeaux m’a même versé du safara, mais je n’ai pas bronché. Ce n’est pas Abass Ndoye le lutteur. C’est très facile d’émettre des critiques après le combat.

Vous êtes passé aux Parcelles Assainies après votre victoire. D’aucuns disent que c’est une façon pour vous de provoquer Modou Lô. Est- ce vrai ou pas ?
Non. J’ai dépassé ce stade. Moi, je ne provoque personne. A chaque combat, je passe aux Parcelles Assainies, car j’y ai des supporters et je n’habite pas trop loin. Nous sommes des voisins, mais rien de plus.
Quels sont les lutteurs qui sont dans votre ligne de mire ?
Je ne cible personne. Je me concentre sur ce qui est devant moi, à savoir récupérer ma couronne.
Mais le roi des arènes a déjà un combat…
Je n’attends personne et personne ne doit m’attendre. Je n’ai pas non plus de temps à accorder à aucun lutteur dans l’arène. Je ne pense qu’à mon avenir et je prendrai celui qui se dressera sur mon chemin.
Et pourtant Leewtoo Production veut votre duel contre Modou Lo…
Ils ont remis une avance à Modou Lô, mais pas à moi. Donc cela ne me concerne pas. Je suis ouvert à tous les promoteurs.
Et pour un combat contre Boy Niang ?
Ce n’est pas un débat. On parle des choses importantes, mais ça, ce n’est pas un débat sérieux.
Mais un combat contre Modou Lô mérite un débat ?
Pour moi, le plus important, c’est ma victoire devant Gris Bordeaux. Le reste ne m’intéresse pas. Je ne fais de fixation sur personne.
Vous allez tendre la perche aux jeunes qui arrivent ou regarder chez les ténors ?
Ces jeunes dont vous parlez sont de la même génération que moi. Donc nous sommes tous pareils. Moi j’attends les offres de promoteurs pour me décider. S’ils viennent me proposer un adversaire, alors je pourrai en parler. Je prendrai celui qui viendra. Mes portes sont ouvertes à tout promoteur qui veut mon combat. Mon objectif est de récupérer ma couronne. Le roi des arènes Bombardier est sous contrat contre Eumeu Sène, donc je ne peux pas trop m’avancer là-dessus.
Que répondez-vous à Modou Lo qui avait dit que vous étiez dans le trou ?
Seuls les morts sont mis dans un trou, je suis vivant. Moi, j’étais au top et ensuite j’ai connu des contreperformances, mais j’étais sûr que c’était temporaire, mais je n’ai jamais été dans un trou. Et s’il plait à Dieu, les gens en sauront quelque chose.
Comment aviez-vous accueilli la défaite de Sa Thiès ?
Difficile, comme tous ses fans. Il a commis des erreurs et il les a payées cash. Je l’ai encouragé à redoubler d’efforts pour rebondir. Je félicite Boy Niang au passage. Que Sa Thiès continue son travail et surtout apprenne de ses erreurs pour revenir.
Et concernant la vidéo polémique d’Ama Baldé…
Ama Baldé est mon frère. Cela date de nos pères. Ama Baldé est le porte-étendard de Pikine et tout le monde le sait. Il a fait cette sortie pour blaguer, mais les gens l’ont interprétée d’une autre façon. C’est mon ami, mon frère, mon fils et seul la mort peut nous séparer. Jules Baldé est mon ainé, c’est la même chose entre Ama et moi. Il fait ce que je lui dis de faire. J’occupe une grande place dans son cœur, mais il fait la fierté de Pikine. Il se bat pour Pikine et il donne tout pour Pikine, car c’est un espoir de Pikine tout comme Boy Niang. C’est un fils de champion et il le restera.
Etes-vous d’accord avec Eumeu Sène et Bombardier qui disent que le duel Modou Lô-Ama s’impose ?
Ama Baldé est dans la cour des grands. Personne ne peut le nier et surtout le refuser. S’il n’était pas mon petit-frère, on pourrait s’affronter, car nos chemins se sont croisés. Il faut se dire la vérité. Il a fait le vide autour de lui en terrassant les lutteurs de sa génération et Tapha Tine, qui est un ténor, avant de battre Papa Sow. Donc personne ne peut plus le refuser.
Donc ceux qui le refusent ont peur de lui…
Je ne dirai pas cela, mais si quelqu’un le snobe, c’est parce qu’il a des choses qu’on ne peut pas expliquer, mais Ama est un grand. Je le dis et je le répète, personne ne peut plus le refuser. Il est avec nous et il nous talonne de près.
Et Boy Niang ?
Je ne peux le dire pour lui, car Ama Baldé est le premier de sa génération à accéder aux ténors, devant Sa Thiès et Cie. Il a plus prouvé que les autres. Sur le plan du palmarès, il n’y a pas photo avec les autres.
Qu’est-ce qui vous a le plus fait mal durant votre traversée du désert ?
L’ingratitude de certains. J’ai remporté beaucoup de victoires et lorsque j’ai accumulé deux défaites, les gens ont dit que je n’avais plus de force, que je ne pouvais plus terrasser un lutteur. Cela m’a fait mal et m’a beaucoup marqué, car les gens se trompent. Même mon adversaire l’avait crû, c’est la raison pour laquelle il a dit qu’il était plus fort que moi. Pour lui, Balla Gaye 2 n’était plus le même, mais cela lui a coûté cher. Je me suis battu corps et âme. Et voilà le résultat.
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