L’ancien Président français, Nicolas Sarkozy, à l’issue d’une garde à vue, a été mis en examen par un juge français dans le cadre de ce qui a été considéré comme le financement occulte de la campagne électorale de 2012.
Selon le site Mediapart qui a publié un document récemment authentifié par un ancien collaborateur du Guide libyen, le document a bel et bien existé.
Cet ancien Conseiller, Moftah Missouri, interrogé par Rfi, donne même des précisions sur l’identité des personnes qui ont fait la transaction. Il s’agit des Libyens de Moussa Koussa, Béchir Saleh et de Abdellah Senoussi.
Il a aussi livré les noms d’au moins deux des trois personnes qui ont représenté la partie française ; il s’agit de Brice Hortefeux et de Takiedinne.
Le montant donné à Sarkozy par Kadhafi serait de 50 millions d’Euros.
Bien sûr, l’ancien Président français nie en bloc toutes les informations ainsi véhiculées. C’est ce qu’il a dit au juge, dénonçant une campagne de ‘’calomnie’’ à son endroit.
En sa qualité d’ancien Chef d’Etat français, sous réserve de la présomption d’innocence dont il bénéficie, sa possible condamnation et emprisonnement le fera entrer tristement dans l’histoire.
Sarkozy, l’homme dont les spécialistes ont vanté les qualités de sa communication, est l’incarnation de la forme la plus achevée de ce qui a été, pendant longtemps, la Françafrique et qui, peut-être, survit encore.
Venu à Dakar en juillet 2007, le Président y prononce un discours teinté de provocations, même si certaines vérités ont aussi été dites. Le fait qu’il ait osé dire que ‘’Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire’’, a cependant fait oublier tout le reste.
Sarkozy traduit ainsi en parole, le drame de la France, c’est de s’imposer en maître à penser et à faire pour des peuples qui aspirent à l’indépendance et au respect.
Quel lien avec sa mise en examen ? J’en viens.
Il est en effet paradoxal, qu’au même moment où Sarkozy donnait ses leçons dans une condescendance parfaite, qu’il ait eu besoin de prendre de l’argent d’un Chef d’Etat africain pour financer sa campagne.
C’est dire que, comme le souhaitait Senghor, l’Afrique n’est jamais venue les mains vides dans ce rendez-vous du donner et du recevoir. La France a besoin d’elle et ses hommes d’affaires, ses élites politiques, ses cadres et autres citoyens n’ont jamais cessé de profiter du continent, à tous les niveaux.
Malheureusement pour Sarkozy, la mort plus que ‘’suspecte de Kadhafi, le 20 octobre 2011, n’a pas empêché la Justice français dont il faut saluer l’indépendance, de le rattraper.
Ce procès qui aura probablement lieu, sera celui de la Françafrique, de l’hypocrisie qui, pendant longtemps, a guidé ces relations. On se sucre sur l’Afrique et casse du sucre sur son dos.
En conséquence, après l’Affaire du financement de sa campagne, la Justice devra également s’intéresser à la mort du guide libyen, manifestement exécuté, entre autres, pour éviter que lors d’un procès, des révélations ne soient faites.
Il faudra déterminer le rôle de la France dans l’assassinat de Kadhafi, qui a semé la pagaille dans la région notamment au Mali et au Burkina Faso où les groupes armés font la loi.
La Justice de ce pays doit pousser ses dirigeants à cultiver des rapports sains avec l’Afrique en mettant un frein au néocolonialisme.
C’est vrai que Bob Denard et autres mercenaires ont disparu, mais les lobbyistes, par leurs manœuvres, tiennent en respect nos Chefs d’Etat qui sont encore des valets de ceux de la France, par peur de perdre le pouvoir.