Snapchat tremble à cause de Kylie Jenner… mais pas seulement
La star de téléréalité américaine a tweeté son désamour pour le réseau social. Si ces 100 caractères ont eu un impact retentissant, ils n’expliquent pas à eux seuls l’incroyable chute de la valeur boursière de Snapchat.
Encore un coup dur pour Snapchat ! Le réseau social préféré des adolescents a perdu, jeudi 22 février, 1,3 milliard de dollars (1,05 milliard d’euros) de sa valeur boursière. En cause ? Le tweet de Kylie Jenner, demi-sœur de Kim Kardashian.
Le drame s’est déroulé le 21 février. A 22h50 (heure américaine), la star de téléréalité et femme d’affaires américaine, aux 24,5 millions de followers (NDLR : abonnés d’un compte Twitter), poste : « Est-ce que quelqu’un d’autre n’ouvre plus Snapchat ? Ou c’est juste moi… Euh, c’est tellement triste ».
Un simple tweet, me direz-vous, et pourtant… En quelques heures, les actions du petit fantôme, l’emblème de l’application de partage d’images et de vidéos éphémères, chutent de plus de 6 % à New York. Un emballement en bourse brutal que le deuxième tweet de la star – « Je t’aime toujours Snap… Mon premier amour » – ne parviendra pas à contenir.
Cette déconfiture financière intervient deux mois après le tollé provoqué par la mise à jour en novembre de son interface, rejetée en bloc par les internautes.
Un patron de 27 ans au salaire mirobolant
Si ces 100 caractères ont eu un impact retentissant, ils n’expliquent pas à eux seuls cette incroyable chute. « Le même jour, la société mère de Snap a déposé son rapport annuel », explique un analyste spécialiste dans les valeurs technologiques. Remis à la Securities and Exchange Commission (SEC), le gendarme américain de la Bourse, le document révèle des chiffres à faire tourner la tête. Evan Spiegel, le PDG de l’entreprise, âgé de 27 ans, a perçu environ 637 millions de dollars (518 M€) au titre de sa rémunération globale en 2017, dont la majeure partie en actions (636 M$).
Des pertes largement supérieures au chiffre d’affaires
Un salaire totalement déconnecté de la réalité économique quand on sait que Snapchat a généré 800 M$ (648 M€) de chiffre d’affaires l’année dernière. « C’est simple. En 2017, l’application mobile a perdu 3,4 Mds$ (2,7 Mds€), quatre fois plus que son chiffre d’affaires », ajoute l’expert. De quoi inquiéter encore un peu plus les investisseurs, déjà suspicieux quant à l’avenir de la société. « Les marchés ne croient pas en la capacité de Snap à attirer du budget publicitaire. Le fait qu’à demi-mot, Kylie Jenner exprime sa préférence pour Instagram, détenu par Facebook, renforce leur inquiétude », affirme l’analyste.
Une mise à jour rejetée par les utilisateurs
Depuis quelques semaines, l’application vit des jours moroses. Le nombre de nouveaux abonnés ralentit et les utilisateurs n’apprécient pas sa dernière mise à jour, pourtant censée la simplifier. « En novembre, Snapchat a fait le choix de séparer tout ce qui relevait des « interactions » avec les amis des utilisateurs des « sources extérieures. Mais de nombreux internautes ont demandé à Snap de revenir en arrière ». Une pétition pour son retrait a d’ailleurs été publiée sur le site Change.org. Vendredi, elle dépassait les 1,2 million de signatures.
Les autres géants digitaux génèrent beaucoup de richesse
Les récents évènements sont-ils la preuve de la volatilité des valeurs technologiques ou signent-ils simplement la fin du règne Snapchat ? Pour l’expert, il s’agirait plutôt de la deuxième option. « Google, Apple, Facebook, ou encore Amazon deviennent de plus en plus riches. Twitter vient même de dégager un bénéfice net, une première dans son histoire », confie le gérant actions. Snapchat en passe de devenir dépassé ? Pour 2019, les analystes anticipent une nouvelle perte, pour Snapchat, de 500 M$ (405 M€).