Khalifa Sall: Chronique d’une condamnation annoncée, par Mamadou Sy Tounkara

L’issue du procès du député-maire de Dakar ne fait aucun doute : il sera condamné. Un tel procès ne se tient pas pour qu’au finish, le juge dise à l’accusé « désolé, vous n’avez rien fait, rentrez chez vous avec nos excuses ». Seuls des naïfs lunatiques peuvent croire un tel scénario. Lorsque je suis allé rendre visite à Karim Wade en prison une fois, je l’écoutai m’expliquer longuement les recours de droit qu’il avait introduits avec ses avocats ça et là. Je ne puis m’empêcher de le couper : « Karim, tu perds ton temps avec ces recours ». « Pourquoi ? », me lança t-il. « Parce que tu seras condamné », je lui dis sèchement. « Tu me parles de droit alors que nous sommes dans une affaire politique », je finis par conclure.

Telle est encore ma conviction dans cette « affaire Khalifa Sall ». Si Khalifa Sall a volé l’argent des Dakarois via la caisse d’avance de la mairie, que tous ceux qui ont fait comme lui et tous ceux qui en ont bénéficié soient traduits devant les juridictions. En droit, les voleurs et les receleurs partagent le même sort. Aucun des droits de Khalifa Sala n’a jamais été respecté : ni la présomption d’innocence, ni l’assistance d’un conseil dès son audition au commissariat, ni son immunité parlementaire, ni la liberté conditionnelle.

Khalifa Sall est un adversaire politique proclamé qui veut coûte que coûte briguer la présidence de la République du Sénégal, avec des chances de mettre en ballotage défavorable l’actuel président. Il a en face de lui des adversaires plus déterminés que lui à lui barrer la route. Les véritables enjeux sont à situer à ces niveaux. Les rapports de forces et les jeux de pouvoir sont impitoyables quant il s’agit de préserver les volontés de puissance, de jouissance et de croissance des tenants de pouvoir et leurs affidés. L’Exécutif est le seul véritable décideur au Sénégal. C’est lui qui élit le Législatif et nomme le  Judiciaire dont il est même le chef par le Conseil supérieur de la Magistrature. Le Parquet est sous les ordres de la Chancellerie qui est sous les ordres de la primature qui est sous les ordres de la présidence.

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