La Section de recherches de la gendarmerie, en liaison avec l’Association des acteurs de l’industrie musicale du Sénégal, a initié une opération visant à endiguer le phénomène du piratage. Selon nos informations, cette action a été menée avec le concours de la Légion de gendarmerie d’Intervention (Lgi).
Pendant plusieurs jours certains points de la capitale sénégalaise ont été placés sous surveillance : Rond-point Pikine, Rond-point Lobat Fall, Rond-point Cambérène, Pont de l’émergence, Route du Front de terre, Rond-point Liberté 6, Rond-point Nord Foire, VDN et marché de Colobane.
Ce dispositif s’est avéré efficace. Vendredi dernier, à 16 h, renseignent des sources de Seneweb, une équipe de la Section de recherches s’est déployée sur le terrain avec le soutien d’éléments de la Lgi. Elle procédera à l’interpellation de dix-sept personnes, qui s’adonnaient à la reproduction frauduleuse de CD pirates, et de treize copistes.
Ces derniers, signalent les enquêteurs, téléchargent les œuvres musicales et dramatiques sur Internet pour les commercialiser en les transférant directement sur les téléphones portables ou sur clef USB moyennant 500 francs CFA.
Nos informateurs indiquent qu’au total, 5749 CD piratés, des ordinateurs et autres matériels de reproduction ont été saisis au cours de cette opération.
Auditionnés par les enquêteurs, les mis en cause ont tous reconnu les faits. De l’enquête effectuée, apprend-t-on, « il ressort qu’ont été réunis des indices de culpabilité de nature à motiver leur arrestation pour les délits de contrefaçon et violation du droit d’exploitation ». Des faits punis par la loi 2008-09 du 25 janvier 2008 sur le droit d’auteur et les droits voisins au Sénégal.
Un préjudice de 2 milliards
Les mis en cause ont été déférés hier, lundi 12 février, devant le procureur de la République, près le Tribunal de Grande instance Hors classe de Dakar.
Cette opération de la gendarmerie est salvatrice pour les artistes concernés. Ces derniers, dans une plainte déposée à la gendarmerie, soulignent qu' »avec le piratage des œuvres de l’esprit, qui prend des proportions inquiétantes, le monde de la création, au Sénégal, est sur le déclin ». Ils martèlent : « Les artistes broient du noir, créent peu et perçoivent moins de droits d’auteur. C’est tout une industrie qui est menacée de disparition. »
Les artistes affirment que le piratage de leurs œuvres est assuré par deux réseaux. « Le premier a une source interne et est essentiellement informel, détaillent-ils. Tenu par des bonnets locaux, il consiste essentiellement à faire des copies des CD originaux, sur des CD vierges, qui sont ensuite déversés sur le marché. Le second réseau est beaucoup plus professionnel, donc mieux organisé. Il importe ou produit localement des CD soigneusement contrefaits, pressés comme des originaux, avec des pochettes bien imprimées. »
Le préjudice du piratage est fixé par les acteurs à plus de 2 milliards de francs Cfa. Au-delà des artistes, les producteurs, les infographes, les musiciens, les arrangeurs, les distributeurs…, sont également touchés.