Recruté comme cadre supérieur et affecté en 1992 à la mairie de Dakar pour y occuper les fonctions de Directeur administratif et financier (Daf), Mbaye Touré, coprévenu de Khalifa Sall, soutient que ce qui est reproché à Khalifa Sall n’est rien d’autre qu’une pratique ayant cours dans cette collectivité locales depuis des lustres. Selon lui, la vérité est que 350 millions sont alloués annuellement au maire comme fonds politiques sur les 55 à 60 milliards du budget annuel.
‘’Annuellement, il y a 350 millions qui sont alloués aux fonds politiques sur les 55 à 60 milliards du budget annuel de la ville de Dakar. La caisse d’avance, ici, est un support. Ces factures sont un procédé pour pouvoir mettre à la disposition du maire des fonds. Je pense que Mamadou Oumar Bocoum mérite une décoration. Parce que faire des recettes de près de 60 milliards par an, ce n’est pas évident. Quant à moi, il m’est particulièrement difficile, qu’au moment où je tends effectivement vers la retraire, que cette situation survienne’’, regrette-t-il.
Ce sont des fonds politiques
‘’Je me rappelle que le gérant allait trouver des papiers pour justifier les dépenses de la Caisse d’avance, pour le compte du maire Mamadou Diop. Et quand on m’a présenté les documents, j’ai fait des recherches qui m’ont permis de découvrir que déjà en 1983 cette caisse existait. C’est là où j’ai découvert que ce sont des fonds politiques. Des documents m’ont permis de découvrir que Mamadou Diop percevait 50 millions par mois comme caisse d’avance dont l’utilisation est justifiée auprès du ministre. C’est ce mécanisme-là qui a fonctionné depuis 1983. C’est à partir de 1997 qu’on a commencé cette Caisse de dépense qui sert de support aux fonds politiques’’, a déclaré M. Touré
Le Daf de la mairie de Dakar de relever que ses collaborateurs et lui n’avaient fait que suivre les pas de leurs prédécesseurs. ‘’Comme tous les autres, nous avons toujours considéré ces moyens-là comme des fonds politiques. Cette caisse d’avance a reçu l’avis conforme du percepteur qui est un agent de l’Etat. C’est ce qui explique mon comportement. Depuis 1994, il y a plus de 8 percepteurs qui sont passés à la ville de Dakar. D’ailleurs, j’ai envie de dire qu’Ibrahima Touré, à son installation comme percepteur municipal, avait refusé d’alimenter la caisse d’avance parce qu’il avait dit que ces justifications n’étaient pas conformes. Ce sont ses supérieurs hiérarchiques qui lui ont donné l’autorisation de le faire. Je le dis à son corps défendant. Au bout de 5 ans, ce sont les mêmes factures qui sont venues. Pendant 10 ans, ce sont les mêmes factures et les mêmes types de dépenses qui sont faites. Quand j’ai vu ce mécanisme de fonctionnement, j’ai compris que ces ressources ne sont rien d’autre que des fonds politiques’’, explique Touré.