Entre les partisans d’un shampoing quotidien et les adeptes de lavages plus espacés pour ne pas faire « regraisser trop vite » les cheveux, la question divise. Décryptage et conseils de pro.
« J’ai pris l’habitude de me laver les cheveux tous les jours au lycée: cela me permet de les mettre en forme chaque matin et de me sentir fraîche », raconte Coralie, 25 ans. De son côté, Frédérique, 52 ans, a une autre routine: « J’ai toujours eu le cuir chevelu assez gras, et une dermatologue m’avait déconseillé de les laver tous les jours pour ne pas irriter le cuir chevelu et accélérer la production de sébum. Je lave donc mes cheveux tous les deux à trois jours. »
Face à la question de la fréquence idéale du lavage de cheveux, deux clans s’affrontent: les partisans d’un lavage quotidien, arguments hygiéniques à la clé, et les adeptes de shampoings espacés, soi-disant plus respectueux du cuir chevelu. Qu’en est-il vraiment? Peut-on se laver les cheveux tous les jours sans risque ou, au contraire, faut-il espacer les shampoings pour des cheveux plus beaux et plus forts? Décryptage et conseils de pro.
Tenir compte de la nature de son cuir chevelu et de son environnement
« S’il est indispensable de se laver le visage tous les jours, pour éviter de développer et / ou d’entretenir certaines pathologies comme l’acné ou la rosacée, ce n’est pas le cas pour les cheveux dont le cuir chevelu est bien moins exposé à la pollution et aux impuretés », affirme d’emblée Catherine Chauvin, directrice de l’institut René Furterer, à Paris. « Normalement, on ne devrait pas avoir besoin de faire un shampoing tous les jours », abonde Charley Assoun, fondateur des salons Biocoiff’, qui nuance cependant: « quelqu’un qui travaille en extérieur, sous les lampes d’un bureau, dans une ville polluée, ou qui fait du sport, peut cependant ressentir le besoin de les laver plus souvent. »
La fréquence du shampoing dépend en effet à la fois de son type de cuir chevelu et de son mode de vie. Un cuir chevelu sec, en particulier celui des peaux noires, ne nécessitera pas plus d’un à deux lavages par semaine, un cuir chevelu gras des lavages plus fréquents pour éliminer l’excès de sébum. L’important étant de trouver le bon shampoing traitant après avoir établi la nature de son cuir chevelu. Une quête souvent complexe: « On peut avoir un cuir chevelu gras et des cheveux secs, asphyxiés par les pellicules grasses collées sur le crâne », indique Catherine Chauvin qui conseille d’alterner un shampoing traitant adapté et un shampoing doux, en fonction de ses besoins (volume, brillance, lissage).
Ainsi, Mireille, 52 ans, qui utilise un shampoing à base d’huile de jojoba, explique: « J’ai les cheveux secs et frisés, donc je ne ressens pas le besoin de les laver très souvent, deux à trois fois par semaine. En revanche, je les lave beaucoup plus souvent à Paris, à cause de la pollution, que lorsque je suis en province où je peux attendre une semaine entre deux shampoings. »
« Un shampoing doux utilisé au quotidien ne pose pas de problème »
De son côté, Noémie, 20 ans, raconte: « Je me lave les cheveux chaque matin avec un shampoing doux acheté en pharmacie depuis mes 16 ans, c’est comme ça que je me sens bien, propre. » Une pratique qui ne choque pas le dermatologue Philippe Assouly*. « Il faut arrêter de faire culpabiliser les gens », explique ce dernier. A condition d’opter pour une base lavante douce, « un shampoing utilisé au quotidien ne pose pas de problème. »
Également, la croyance selon laquelle des cheveux lavés tous les jours regraissent plus vite, est dépassée selon l’expert: « Nos mères et grands-mères utilisaient des shampoings ultra décapants, faits avec les mêmes bases lavantes agressives que les liquides vaisselle qui entrainaient une surproduction de sébum. Or ce n’est plus le cas des formules sophistiquées d’aujourd’hui. »
Seul bémol émis par le professionnel: l’utilisation de certains conservateurs particulièrement allergisants. « La chasse aux parabènes a par exemple entrainé la réapparition dans les shampoings de méthylisothiazolinone (MIT), une molécule abandonnée il y a une vingtaine d’années car trop irritante. De fait, nous avons vu réapparaitre en cabinet des eczémas de contact », note-t-il.
No-poo, sans silicones… Quid des formules naturelles ?
« J’ai longtemps lavé mes cheveux tous les jours, car j’étais persuadée qu’ils étaient gras, détaille Elodie, 42 ans. A force de me renseigner, j’ai décidé de me tourner vers des shampoings bio. Il m’a fallu un certain temps d’adaptation, mais je peux désormais attendre quatre jours entre chaque shampoing. » Charley Assoun conseille d’opter pour des formules les plus légères possibles, avec moins de silicones -des composants se terminant en -icone, -iconol, -siloxane- qui, s’ils gainent le cheveu, peuvent aussi l’alourdir.
Quant aux produits faits-maison et autres techniques de lavage décrites comme « moins agressives », telle que celle du « no-poo » (abréviation de « no-shampoo »), une méthode qui consiste à se laver les cheveux avec un après-shampoing, voire à simplement les rincer à l’eau- elle laisse les professionnels sceptiques.
« J’ai déjà récupéré des clientes qui avaient tenté l’expérience et… ce n’était pas beau à voir! », affirme Charley Assoun. « Il est difficile de faire soi-même un bon shampoing, car il se compose d’une association complexe de bases lavantes permettant de dissoudre le sébum à la surface du cuir chevelu », explique le Dr Assouly. Le bicarbonate de soude et le vinaigre de cidre, les deux ingrédients fréquemment utilisés dans les recettes maison, ne présentent a priori pas de risque hormis une éventuelle irritation des yeux. Et cependant de mettre en garde: « L’important avec ces techniques artisanales, c’est de savoir les doser, et surtout les conserver. Si vous utilisez votre produit immédiatement, il n’y aura pas de problème. Sinon, gare aux proliférations bactériennes! »
Enfin, dans le cas du « shampoing sec » qui absorbe le sébum grâce, notamment, aux poudres qu’il contient, il ne constitue pas un vrai shampoing et « peut être irritant et assécher la tige pilaire », indique Phlippe Assouly. A utiliser de façon exceptionnelle donc, en dépannage sur la frange ou comme produit de coiffage pour son effet texturisant et volumateur.
Quelle attitude adopter en cas de maladie du cuir chevelu ?
En cas de pellicules persistantes, voire de dermite séborrhéique – des pellicules grasses et des plaques qui se forment à la surface du cuir chevelu – il est nécessaire de consulter un dermatologue, car les conseils ci-dessus ne s’appliquent pas nécessairement à un cuir chevelu à problème. « Que les pellicules soient grasses ou sèches, elles sont causées par la prolifération du champignon malassezia, qui favorise l’inflammation et les démangeaisons », explique Philippe Assouly. Si les pellicules ne disparaissent pas avec un shampoing antipelliculaire, il faut consulter un dermatologue, qui prescrira un shampoing médicamenteux anti-champignon.
L’essentiel, prévient le Dr Assouly reste surtout d’établir la cause. « Pour une femme, cela peut être un problème d’hyper androgénie. Avec l’arrêt de certaines pilules de 3e et 4e génération, nous avons vu réapparaître dans nos consultations les problèmes d’acné, de pellicules, de cuir chevelu gras, de chute de cheveux. » Des examens poussés sont parfois nécessaires pour établir la cause du problème capillaire et ainsi mieux la traiter.
Le bon rituel recommandé par les pros
-Utilisez un shampoing traitant adapté à votre cuir chevelu (irrité, sec, anti-pelliculaire…) au maximum deux fois par semaine à alterner avec un shampoing doux à usage fréquent.
-Massez doucement le cuir chevelu avec une noisette de produit, faites mousser à l’eau tiède puis rincez longuement -à l’eau froide pour les plus courageux, cela permet de refermer les écailles des cheveux et ainsi de les rendre plus brillants. « Moins un shampoing mousse, plus la base lavante sera douce », explique le Dr Assouly qui recommande notamment aux cuirs chevelus sensibles d »éviter certains sulfates irritants tels que le sodium lauryl sulfate et le sodium laureth sulfate.
-Évitez l’usage du sèche-cheveux car la chaleur agresse la fibre capillaire. S’il est impossible de les laisser sécher à l’air libre, privilégiez un réglage sur chaleur moyenne.
-L’après-shampoing n’est pas indispensable mais utile si on a les longueurs abimées. Évitez d’en mettre sur les racines, privilégiez les textures légères.
-N’attachez pas vos cheveux mouillés car cela entraîne la prolifération d’éventuels champignons -et donc la formation des pellicules.
*Le Dr Philippe Assouly est membre du syndicat national des dermatologues-vénérologues et officie au centre Sabouraud-hôpital Saint-Louis (Paris).
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