Bofa – Le film de la descente «dissuasive» de la gendarmerie à Toubacouta

Au lendemain du carnage de Bofa, ponctué par l’exécution de 14 personnes, le Haut commandement de la gendarmerie avait pris les devants en déployant sa crème (Section de recherches -Sr-, Groupement d’intervention de la gendarmerie -Gign-, Légion de la gendarmerie d’intervention -Lgi-…) pour élucider ce carnage et mettre le grappin sur les auteurs présumés. Un déploiement qui a conduit, les jours suivant, à l’arrestation de 22 personnes dans la localité de Toubacouta. «L’Obs» déroule le film de cette descente dissuasive et spectaculaire.

 

«Il fallait agir vite et bien, avec à la clé une parfaite coordination des unités engagées sur le terrain.» Cette confidence, soufflée par une source avisée, renseigne sur l’état d’esprit des pandores au moment de lancer l’attaque dans la localité de Toubacouta (vers la frontière avec la Guinée-Bissau), localité nichée à la lisière de la forêt classée de Bofa. Dans cette bourgade, nous souffle-t-on, avaient été localisés plusieurs suspects fortement incriminés (pièce à conviction à l’appui) dans ce massacre. Forts d’un renseignement des plus fiables, fruits d’investigations poussées, la Section de recherches, maître d’œuvre de l’opération, a planifié au millimètre près, la coordination des actions, avec leurs collègues du Gign, de la Lgi…, mais aussi avec leurs frères d’arme de l’Armée nationale à qui il revenait d’assurer la couverture dans la partie sud du théâtre des opérations. Les consignes de l’opération cernées, le Colonel Issa Diack, commandant la Sr, et l’ensemble dudit dispositif d’intervention agissant sous son commandement, ont discrètement quitté Ziguinchor la nuit du 13 au 14 janvier dernier. A l’aube, le dispositif était déjà posté aux portes de Toubacouta. Et comme rappelé par le procureur de la République dans son point de presse tenu avant-hier à la Cour d’appel de Ziguinchor, «l’opération, entamée à 6 heures, s’est étalée sur près d’un tour d’horloge». Ce que confirment des sources concordantes, selon qui, les éléments du dispositif ont été dispatchés en plusieurs groupes d’intervention, dont notamment les éléments du Gign, encagoulés, lourdement armés et au déplacement impressionnant. Sous la supervision du Colonel Diack et sa task-force de la Sr, chaque détachement a progressé en direction de sa zone ciblée lors des briefings. Des recoupements effectués auprès d’habitants de la localité, attestent du caractère mesuré et coordonné des actions. C’est le cas de cette dame qui a requis l’anonymat : «C’est à l’aube. Mon mari dormait encore dans notre chambre, lorsque j’ai soudainement été cernée par des hommes de tenue encagoulés. Ils ont demandé à voir mon mari. J’ai à peine eu le temps de leur indiquer la porte, qu’ils l’ont défoncée. Quelques minutes après, ils sont ressortis avec lui et ont disparu dans la pénombre.» Le récit est quasi-identique chez ce jeune homme, la trentaine à peine sonnée : «Je m’apprêtais à prendre ma douche lorsque j’ai entendu un bruit étrange. C’est alors que je cherchais à comprendre, que des hommes lourdement armés m’ont cerné. J’ai eu la peur de ma vie. Ils m’ont posté à côté et se sont engouffrés dans la chambre de mon grand frère. Celui-ci était certes réveillé, mais il ne les a pas sentis venir. C’est par la suite qu’ils l’ont amené avec eux et m’ont libéré.» Des témoignages qui renseignent sur la promptitude des interventions. «Chaque détachement savait exactement ce qu’il fallait faire et où le faire», assurent nos interlocuteurs, qui ont, en sus, salué la collaboration franche de l’Armée qui a tenu l’axe sud situé sur un point estampillé sensible.

«Cette collaboration nous a permis de nous concentrer sur l’essentiel de notre tâche.» Une fois la vingtaine de personnes suspectes interpellées, sans même que les habitants du village ne s’en rendent compte, ils ont tous été conduits à un point dit de ralliement, Direction le Qg des pandores à Ziguinchor, où les enquêtes ouvertes se sont déroulées.  La suite se passe de commentaires. Placés en garde à vue, puis déférés devant le Procureur local, seul six d’entre eux bénéficieront d’une liberté provisoire. Le reste de la bande sera inculpés de quatre chefs d’accusation et placés sous mandat de dépôt.

L’OBS

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