Un rappeur allemand devenu jihadiste du groupe Etat islamique a été tué mercredi en Syrie.
Un rappeur allemand devenu un combattant du groupe Etat islamique, et qui avait épousé une traductrice du FBI censée l’espionner, a été tué mercredi dans une frappe aérienne en Syrie, a rapporté un site de surveillance des jihadistes basé aux Etats-Unis. Denis Cuspert, autrefois célèbre sous son nom de scène Deso Dogg, était devenu l’un des combattants étrangers de l’EI les plus connus. Ce ressortissant germano-ghanéen était apparu dans plusieurs vidéos de l’organisation jihadiste, notamment une dans laquelle il tenait une tête coupée.
Il a été tué lors d’un bombardement mercredi sur la ville de Gharanij, dans la province syrienne de Deir Ezzor (est), selon un communiqué de la Wafa Media Foundation, proche de l’EI, traduit en anglais par le groupe de surveillance du radicalisme islamiste SITE.
Une mort précédemment annoncée
L’organisation jihadiste a également posté huit photos macabres sur la messagerie cryptée Telegram, assurant qu’il s’agissait du corps ensanglanté de l’ancien rappeur, a ajouté SITE. Denis Cuspert avait été officiellement désigné comme un terroriste début 2015 par Washington, qui l’avait décrit comme un recruteur du groupe ultra-radical pour les germanophones. Selon des responsables américains il aurait proféré des menaces contre l’ancien président Barack Obama ainsi que contre des citoyens américains et allemands. Il aurait également encouragé des musulmans vivant dans des pays occidentaux à commettre des attentats.
Sa mort avait déjà été annoncée par le passé, notamment par le Pentagone qui avait assuré en octobre 2015 qu’il avait été tué par une frappe aérienne, avant de reconnaître qu’il avait manifestement survécu. Il avait également été donné pour mort en avril 2014 par des sources jihadistes, qui s’étaient ensuite rétractées. Selon des documents de la justice américaine, une traductrice du FBI, recrutée pour l’espionner, était partie clandestinement en Syrie via la Turquie en juin 2014 pour se marier avec lui, avant de revenir aux Etats-Unis deux mois plus tard.
« Je me suis vraiment mise dans le pétrin cette fois »
A ses collègues de bureau à Detroit (nord des Etats-Unis), Daniela Greene, qui possédait un niveau d’accréditation «top secret» au sein de la police fédérale américaine, avait assuré qu’elle partait en Allemagne rendre visite à ses parents. Des témoignages suggèrent qu’ils auraient communiqué en privé par le biais d’un compte Skype utilisé par Denis Cuspert et dont Daniela Greene n’avait jamais évoqué l’existence au FBI. Juste après s’être mariée à Denis Cuspert le 27 juin, Daniela Greene avait pris conscience de la gravité de son acte, selon les documents publiés l’an dernier.
«Je me suis vraiment mise dans le pétrin cette fois», avait-elle écrit dans un email daté de juillet 2014, envoyé depuis un territoire contrôlé par l’EI. Les documents n’expliquent pas comment, mais la traductrice était revenue en août 2014 aux Etats-Unis, où elle avait été arrêtée puis avait coopéré pleinement avec les enquêteurs. Condamnée à une peine relativement clémente d’un an de prison, Daniela Greene a été libérée en 2016.