L’ancien ministre de l’Energie n’a pas raté Macky Sall. A travers un communiqué, Thierno Alassane Sall a descendu en flammes l’actuel régime qu’il accuse d’avoir fait régresser le pays. Qualifiant l’année 2017 de révélatrice, l’ancien apériste regrette l’orientation du débat par les tenants du pouvoir, en cette fin de mandat, vers le recouvrement supposés des 200 milliards par la traque des biens mal acquis, alors que l’heure est au bilan.
Pourtant acteur pendant des années dans la gouvernance de l’actuel régime, Thierno Alassane Sall, qui a claqué la porte du gouvernement et de l’Alliance pour la République (Apr), a tiré à boulets rouges sur Macky Sall et son régime dans son message de fin d’année. Selon l’ancien ministre de l’Energies renouvelables, la gestion sobre et vertueuse n’a pas tenu les promesses tant de fois réitérées. On retrouve les mêmes controverses vives qui ont agité le pays à la fin de la décennie 2000.
« Il est révélateur de l’Etat du Sénégal en cette fin d’année que le débat en cours porte exclusivement sur le 200 milliards supposés recouvrés par la traque aux biens mal acquis et la perception de la corruption par les citoyens. Il l’est d’autant plus que sur le montant prétendument recouvré, les principaux protagonistes, pourtant des autorités de premier rang, ne s’accordent sur presque rien, dans un domaine où la transparence devrait être de rigueur, s’agissant de finances publiques », a fait savoir Thierno Alassane Sall.
« Le Sénégal régresse pendant que l’opacité, la loi du plus fort et le déni du droit font des progrès fulgurants »
Poursuivant, l’ancien ministre affirme que le Sénégal a régressé autant que l’opacité, la loi du plus fort et le déni du droit on fait des progrès fulgurants. Revenant sur l’exploitation de l’aéroport international Blaise Diagne de Diass, Thierno Alassane Sall semble accuser Macky Sall d’avoir fait pire que Wade. « Lorsqu’il a plu au régime de Abdoulaye Wade de distraire de la gestion publique le futur Aéroport de Diass, il a organisé un appel d’offres et convenu d’une concession qui soulève présentement des questions en Allemagne. Après le retrait de Fraport dans des circonstances qui devraient être précisées, transparence oblige, la concession a été transférée sans appel d’offres à des opérateurs qui n’ont pas les compétences et encore moins, l’expérience requises, dans une totale opacité », révèle-t-il.
Les dérives à l’Aéroport de Diass
Selon Thierno Alassane Sall, à l’Aéroport de Diass, toutes les concessions ont été passées dans les mêmes circonstances : absence d’appel d’offres, retour au monopole, abus de position dominante qui induit des coûts des services prohibitifs, pour une infrastructure déjà largement payée par la Redevance de développement des infrastructures aéronautiques (Rdia).
Pour l’ancien ministre, l’absence d’une justice forte et indépendante n’installe pas l’insécurité que pour le citoyen sénégalais, particulièrement lorsqu’il se pique d’ambition présidentielle. La loi du plus fort aboutit à mettre des pans entiers de notre économie entre les mains de quelques rentiers. « L’année 2017 marque également une régression incontestable de notre système démocratique, en ce qu’il avait de plus vivace et équilibré: le processus électoral. Les élections législatives ont révélé des manœuvres honteuses, conçues par des mentalités de putschistes, pour imposer une Assemblée non conforme aux rapports des forces politiques « , soutient Thierno Alassane Sall.
Avant d’assurer que les enquêtes savantes sur la corruption n’auront aucun sens, si on continue de fermer les yeux sur l’utilisation massive, ouverte, agressive de l’argent à l’occasion des joutes électorales. « En cette période de bilan, le débat qui importerait, eût été de dire les transformations structurelles que notre société aurait réalisées dans sa marche vers le progrès économique et social. Les Sénégalais auraient aimé être entretenus sur les prouesses réalisées dans l’accès à des services sanitaires de qualité, dans la réduction de la fracture numérique, voire l’amorce d’une révolution numérique à notre portée, dans l’accroissement de parts de marché d’entreprises contrôlées par des nationaux, dans la sécurité publique », soutient-il.
« Chômage massif des jeunes, insécurité endémique »
D’après Thierno Alassane Sall, à l’heure du bilan, « nous sommes dans une impasse telle que l’on parle de dialogue national pour tenter de recoller les morceaux d’un pays déchiré, de justice sélective, d’endettement excessif, de pauvreté exacerbée et de bourses de sécurité généralisées. Le chômage massif des jeunes menace la cohésion de notre société. L’insécurité est si endémique que le chef de l’Etat n’arrête pas de promettre la fin imminente du vol de bétail, une des sept plaies du Sénégal. On comprend alors qu’il est plus aisé de nous servir le débat sur des milliards recouvrés, mais bien peu arrivent à le digérer », conclut-il.