Aliou Sall s’est donc senti obligé, sous une forme épistolaire, de « remettre à l’ordre » la maire de Paris. Pour lui, Anne Hidalgo est coupable d’une maladroite ingérence dans un dossier pendant en justice au Sénégal. Cette position de Sall-frère est impudique sur le fond, très peu pertinente et cynique sur la forme.
Le maire de Guediawaye, sur qui pèsent de lourds soupçons de corruption dans la fameuse affaire Petrotim, est-il l’homme idéal pour rappeler à Khalifa Sall que l’onction électorale et la légitimité du suffrage universel ne donnent à aucun élu un blanc-seing qui lui garantit une immunité judiciaire, ou le soustrait de facto à l’obligation de la reddition des comptes et de l’imputabilité ?
Comme si lui Aliou Sall n’a pas vu son dossier à milliards au niveau de l’Office national de lutte contre la corruption (Ofnac) rangé dans les tiroirs de l’oubli. Ironie du sort, le rapport de cette institution sur le pétrole, qui ne sera manifestement jamais publié sous Macky, est antérieur à celui de l’Ige qui vaut au maire de Dakar son emprisonnement. Démarche sélective.
C’est un secret de Polichinelle de dire que si Nafi Ngom, la présidente de cette institution a été fragilisée et limogée, c’est parce qu’elle a eu l’audace de fouiner là où il ne fallait pas.
Le président de l’Association des maires du Sénégal réagit plutôt pour sa propre chapelle politique et pour l’intérêt de son frère qui lui a confié la Caisse des dépôts et des consignation (Cdc) avec ses 200 milliards, violant ainsi son propre serment de ne jamais nommer son frangin.
Le cynisme formel de cette missive réside dans son timing. A quelques heures d’un procès capital pour un député-maire-opposant, réagir de façon si froide relève du machiavélisme peu subtil.
Car les questions de souveraineté, à y regarder de près, ce n’est pas la tasse de thé de nos dirigeants si étrangers.