Depuis le second tour de la présidentielle de 2012, Benno Bokk Yakaar, qui avait obtenu plus de 65 % des suffrages le jour de l’accession de Macky Sall au sommet de la pyramide politique, a connu plusieurs défections que portent en symbole le score de 49% que cette coalition a enregistré aux législatives du 30 juillet 2017. Si c’était une élection présidentielle, Macky Sall, qui pourtant jouit toujours du soutien de Moustapha Niasse et de Ousmane Tanor Dieng, serait au second tour. Sous ce rapport, l’année qui s’achève est un moment d’introspection chez l’actuel chef de l’Etat. Autant les législatives de 1998 et les locales de 2009 ont lancé de mauvais présages, respectivement à Diouf et Wade, autant 2017 a semé la peur dans le « Macky ».
Déjà, le score enregistré par le camp du oui au référendum de mars 2016 prédisposait à une perte de vitesse de la mouvance présidentielle en 2017.
Ce pourcentage de 49 % dont a hérité Benno peut s’expliquer par la pléthore de listes ayant participé aux législatives. Parmi celles-ci, y’en a plusieurs qui étaient dirigées par des leaders qui sont toujours membres de la mouvance présidentielle et qui vont, à coup sûr, soutenir Macky Sall en 2019.
Qui plus est, le leader de l’Alliance pour la République, en se jouant des rivalités entre pontes du Parti démocratique sénégalais relativement à la succession du pape du Sopi et devant la perspective de l’absence de Karim Wade en 2019, pourrait élargir les tentacules de sa mouvance.
Ainsi, même la coalition qui suit Benno, Wattu Senegaal en l’occurrence, dont le parti-locomotive, le Pds, a été affecté par plusieurs départs, n’a eu que 17% des suffrages. Les scores cumulés des deux méga-coalitions de l’opposition, Manko Taxawu Senegaal et Wattu Senegal, ne dépassent pas les 35 %.
La « liste unique » avortée de l’opposition significative a aussi joué en faveur de Benno Bokk Yakaar, qui raflera la majorité des postes mis en compétition grâce au mode de scrutin.
C’est dans cette brèche que s’est engouffrée le PUR pour faire la différence en capitalisant sur un réseau dormant de 150 000 électeurs potentiels composés majoritairement de membres du Mouvement des Moustarchidines Wal Moustarchidates.
Toutefois, le taux de participation de près de 54 % caractéristique de ces législatives rend difficile l’exercice de clarification de la carte politique, même si au Sénégal, par le passé, élire des députés n’a jamais eu le même engouement que la présidentielle.
Toutes choses qui préfigurent 2018 comme une année pré-électorale de manœuvres, mais aussi de luttes âpres. D’autant plus que le maire de Dakar, auquel ses partisans prédisent un destin présidentiel, est en prison depuis mars 2017. Le retour annoncé de Karim Wade cette année n’a pas eu lieu non plus. Finalement 2017 aura été l’année de plusieurs rendez-vous manqués. Même la retraite politique de l’ogre libéral Me Abdoulaye Wade, le doyen, à 91 ans (« Hors Tva ») des chefs de parti en Afrique francophone, a été différée. C’est dire…
Dakaractu