Tamkharit : Les actes cultuels au delà du thiéré

thiéré

Comme chaque année, Tivaouane célèbre dans la ferveur religieuse la fête d’Achura plus connue sous le nom de Tamkharite.
En point de presse hier, Serigne Moustapha Sy Ibn Serigne Abdou Aziz Sy «Al Amine», guide du dahiratoul Mouqtafina bi àssàril àbà wal ajdàd, revient sur l’importance de la célébration multiforme de cette fête qui marque le début de l’année musulmane.

Achura sera célébrée le 23 octobre 2015 au Sénégal. A quatre jours de la célébration de cette fête musulmane, Tivaouane fait peau neuve pour accueillir les milliers de fidèles tidianes qui vont converger vers cette ville sainte le lendemain de la fête pour les besoins du ziarra annuel de Tamkharite. Une occasion pour le guide religieux du dahiratoul Mouqtafina bi àssàril àbà wal ajdàd (le cercle de ceux qui perpétuent le legs des vénérés patriarches), Serigne Moustapha Sy Ibn Serigne Abdou Aziz Sy «Al Amine», de revenir sur l’importance de cette fête musulmane.

En effet au-delà du couscous «thiéré» qui rime pour beaucoup de Sénégalais avec Tamkharite servi au dîner et au «tadjabone» prenant des airs de mardi gras avec le déguisement des enfants, certains commémorent, selon le marabout «le triste souvenir de l’extermination des descendants de l’imam Ali, quatrième Khalife du Prophète à Karbala». D’autres, chapelet à la main parcourant les rues des quartiers, prenant toute la collectivité à témoin et caressant au passage la tête d’un orphelin.

C’est dire, selon lui, que rares sont ceux qui connaissent les dimensions spirituelles de cette fête purement islamique à cause de ces manifestations socioculturelles souvent étrangères à l’islam dans sa lettre et son esprit. Fête musulmane au dixième jour du mois de muharram, le premier mois du calendrier islamique. Aussi l’un des 4 mois sacrés de l’islam où les musulmans sont encouragés à observer des jeûnes volontaires.

«Achoura a une origine qui remonte à la sortie d’Egypte des enfants d’Israël. Le nom de cette fête vient du nombre 10, qui se dit ‘’asharah’’ en arabe. Il s’agit de deux jours de jeûne de la fête de Yom Kippour de la religion judaïque instituée le 10 du septième mois. Le jour où Dieu sauva les enfants d’Israël de leurs ennemis. Une fête instituée par le Prophète après son arrivée à l’oasis de Yathrib en 622.

Ce jour-là, le Prophète rencontra trois tribus juives célébrant le Yom Kippour, au cours duquel les membres jeûnaient et s’abstenaient de travailler pour commémorer certains épisodes de l’exode conduit par Moïse. Se réclamant de la filiation des prophètes, Mouhamed trouva légitime de définir pour les musulmans une célébration de ce type. Il créa donc une période de jeûne de deux jours pour expier les péchés commis au cours de l’année. L’arrivée du ramadan deux ans plus tard rendit le jeûne de l’Achoura facultatif», explique Serigne Moustapha Sy.

Dans le chiisme, poursuit-il, «à cette signification initiale de la fête d’Achoura a été ajoutée un sens tout à fait différent : la commémoration du massacre de l’imam Hussain, petit-fils du Prophète et de ses partisans par le Khalife Omeyyade. L’un des aspects de cette commémoration est le pèlerinage à Karbala, lieu du massacre, en Irak, où les pèlerins se mortifient souvent jusqu’au sang, des gestes qui sont réitérés ailleurs lors des processions dans les villes du monde islamique comprenant des fortes populations chiites. Cette commémoration est appelée Ta’zied en Iran».

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