La machine ne tombe jamais en panne à l’imprimerie et l’encre ne manque pas non plus. Baba Tandian ne rate aucune occasion de tirer sur le président de la Fédération sénégalaise de basket, Me Babacar Ndiaye, et le Directeur technique national Magatte Diop. Dans cet entretien accordé à Record, l’ancien président de la FSBB analyse froidement la situation du basket avec l’affaire des 38 millions de Gorgui Sy Dieng. Il n’a pas épargné l’ancien ministère des Sports Mbagnick Ndiaye qu’il accuse d’avoir cassé la dynamique du basket.
Quatre ans après votre destitution par arrêté ministériel, quelle lecture faites-vous de la situation du basket ?
Je pense que cette équipe fédérale a du bol (ndlr : chance) comme on dit dans le sud-ouest de la France. Ils sont tombés sur un département ministériel qui essaie de mettre les sportifs et les équipes nationales dans les meilleures conditions. Ils ont gagné une Coupe d’Afrique deux mois après leur installation. Ils oublient souvent que c’est un travail de longue haleine qui a porté ses fruits en 2015. Mais on ne va pas l’enlever de leur gestion. J’ai eu la malchance d’avoir un département ministériel qui ne connaissait pas le sport. Je doute que Mbagnick ndiaye connaissait les équipes nationales de basket. Je n’ai pas eu la chance de me ndiaye. Je mettais souvent les salaires de ma société pour gérer les problèmes et mettre les équipes nationales dans de bonnes conditions. Je le faisais car les décaissements sont lents au niveau du ministère des sports, mais je me faisais toujours rembourser. J’ai hérité d’une patate chaude car la Fédération était pauvre. Il fallait alors trouver les ressources nécessaires pour asseoir tant soit peu une autonomie financière et dérouler les compétitions nationales. Il n’y a aucun membre de mon ancienne équipe qui a cotisé 5000 francs pendant mon magistère. Ils voulaient tous profiter des privilèges du basket et de l’Etat. Cette nouvelle équipe est allée aux afrobasket 2017 (féminin et masculin) avec une enveloppe de 600 millions. Je n’avais pas tout ça. Ils ont tout pour réussir et faire du basket sénégalais un exemple en Afrique.
Vous avez évoqué les difficultés durant le règne de l’ancien ministre des Sports, Mbagnick Ndiaye. Comment faisiez-vous pour financer toutes les compétitions et vous occuper des charges administratives ?
J’ai mis ma société à contribution car je croyais au basket. J’aide le basket depuis 1992 et j’étais le deuxième bailleur de la Fédération après l’Etat. Les grosses récompenses du roi et de la reine sont venues de moi. J’ai mis plus de 100 millions dans ce basket pour faire marcher les choses en attendant l’arrivée des sponsors pour me faire rembourser. Le basket m’a tout donné et je devais contribuer à son essor. Je me suis fait un nom certes en dehors du basket, grâce à mon imprimerie (tandian). J’avais 19 ans quand j’allais en France. J’ai sacrifié ma jeunesse pour m’offrir un avenir meilleur et venir investir dans mon pays. Et c’était un honneur de recevoir quatre ministres du gouvernement d’Abdou Diouf à l’inauguration de l’imprimerie. J’ai essayé de transférer les retombées dans le basket. Il y a des gens qui gravitent autour et ils ne visent que leurs intérêts. Il s’agit de trois ou quatre personnes et elles se connaissent. Je ne vais pas citer de nom, mais elles sont nuisibles à la discipline.
Président, votre mandat a été marqué par de vives tensions et surtout cette affaire de fraude sur l’âge ?
J’ai ouvert des fronts et c’était pour la bonne marche des choses. Dans la mesure où il fallait suivre les gens dans leur dynamique et tuer le basket une bonne fois ou tout simplement faire cavalier seul pour avancer dans la bonne direction. Toi, Mor Bassine Niang, tu as été le journaliste qui m’a le plus fatigué dans le basket. Car, tu mettais toujours à nue mes dérapages et autres manquements. Il y avait aussi d’autres journalistes qui ne me rataient pas, mais ils ont rangé leurs fusils avec cette nouvelle équipe. Je pouvais rester pendant 20 ans à la tête de la Fédération, si j’avais accepté de gérer les intérêts des uns et des autres. Mais, j’ai des principes et je n’accepterai le diktat de personne. Je ne cite personne. Mais, les gens savent ce groupe et ces bonnes dames qui ont dénoncé le Sénégal. J’ai des documents d’huissier de justice et Je n’invente rien. Ils sont dans le milieu et gomment et dégomment les présidents. Ils se sont arrangés pour mettre en place le CNBS (Comité de normalisation du basket) dirigé par Serigne Mboup. Ils ont cassé la dynamique du basket avec l’ancien ministre des sports Mbagnick Ndiaye. La chance de Serigne Mboup est d’avoir eu un ministre des sports comme Matar Bâ qui est un sportif. Il s’investit en mettant les moyens pour la bonne marche du sport et du basket en particulier. Vous attaquez tout le temps le président de la FSBB Me Babacar Ndiaye.
Quel est votre problème avec lui ?
On ne peut pas gérer une affaire commune et refuser les critiques ou la contradiction. Me Ndiaye fuit les dé- bats sur l’avancement du basket. Il n’accepte pas de se présenter devant les gens et de faire le bilan de sa gestion. C’est lamentable pour un avocat car les gens de cette profession sont connus pour leur éloquence et leur ouverture d’esprit. Il se cache derrière les buissons et récolte des primes avec les différentes sélections nationales. Ce n’est pas le rôle premier d’un responsable. Il doit trouver les ressources additionnelles pour faire avancer le basket. Il se targue des millions d’orange, mais cette boite à tout.
Gorgui Sy Dieng a prêté 38 millions à l’Etat et à la FSBB lors de la préparation de l’équipe en Espagne. Trouvez-vous cela normal et quelle devait être la posture à adopter ?
Une fois encore, je trouve cette situation alarmante. Tout devait être planifié pour éviter ce genre de situation. On ne peut pas demander à un joueur de financer à la place de l’Etat et de la Fédé- ration. Gorgui Sy Dieng a sauvé l’image du Sénégal en mettant ses billes. Il devait être remboursé 24 ou 48 heures après. Cela traduit l’incapacité de cette équipe à prendre les devants. Le Sénégal avait la meilleure équipe à l’afrobasket masculin de 2017, mais ils sont passés à côté. Me Babacar Ndiaye a choisi un primitif comme délégué fédéral, Mandogal Camara, et il a mis le basket dans une situation inconfortable en signant cette décharge. Tout devait être planifié pour éviter ce genre de situation. il (ndlr : mandogal Camara) est le bras armé de Me Ndiaye et il devait être payé pour ses nombreux efforts. Les équipes nationales sont gérées par le ministère des Sports.
Est-ce que la fédération est fautive dans ce cas précis ?
C’est la Fédération qui est responsable car elle est délégataire de pouvoirs. En 2011, je suis parti avec Alain Weisz à Antanarivo (Madagascar) et il a failli tenir une conférence de presse à cause d’un retard de paiement. Je l’ai appelé dans mon hôtel et j’ai ordonné un virement de 12 millions de mon compte vers le sien. l’etat m’a remboursé cet argent sans tambour ni trompette. Un responsable doit trouver les bonnes parades pour faire face à toutes les situations. Je pense qu’il y a des gens capables de gérer cette fédération. Je peux citer Rokhaya Pouye «aya» et Mathieu Faye qui ont servi le basket. Ils sont dans les hautes sphères et peuvent apporter leur expérience. Me Ndiaye a une expérience des gradins. Il est venu par infraction dans le basket. On a l’impression que vous critiquez cette équipe fédérale pour reprendre les manettes. Est-ce le cas ? Je ne pense pas. Je ne suis pas dans cette optique. Je suis un acteur du basket et j’ai mot à dire. Cette équipe fédérale doit se ressaisir et corriger toutes les imperfections surtout qu’on s’achemine vers des échéances. Je me répète, un retour n’est pas au menu.
Source : Record Quotidien