Depuis ce lundi 11, et jusqu’à mercredi, se tient le conseil de Paris. À l’occasion, l’avocat Patrick Klugman (PS), maire-adjoint de Paris chargé des questions internationales et de la francophonie, portera au nom de l’exécutif, un vœu relatif à la protection des « maires et élus locaux en danger ». L’objectif est de les « protéger » car de plus en plus d’édiles sont victimes de l’abus de pouvoir des régimes « autoritaires » en place. L’avocat a cité en exemple le maire de Dakar (Sénégal), Khalifa Sall, emprisonné, et celui de Cotonou (Bénin), révoqué et en exil à Paris.
Plus le pouvoir central est despotique, plus le maire apparaît comme une force d’opposition. En l’absence d’opposition parlementaire, il faut le « décapiter »
« Nous dressons un triste constat. Jusqu’ici il y avait des cibles traditionnelles dans les régimes autoritaires : les journalistes, les militants politiques, les artistes, les juges, les avocats… Or, nous nous rendons compte que les maires et les élus locaux sont également en train de devenir des cibles politiques. Ils sont en prise directe avec les citoyens, en première ligne. Ils incarnent la démocratie locale, donc ils gênent ces régimes autoritaires, qui ont tendance à se durcir. Plus le pouvoir central est despotique, plus le maire apparaît comme une force d’opposition. En l’absence d’opposition parlementaire, il faut le « décapiter ». Ce phénomène nouveau se manifeste aux quatre coins de la planète« , a déclaré Patrick Klugman, adjoint-maire de Paris, dans un entretien au Journal de dimanche.
Khalifa Sall, maire de Dakar, en prison
Avant de donner des exemples :
« En Turquie, une centaine de maires kurdes sont derrière les barreaux depuis 2016. Au Sénégal, le maire de Dakar [Khalifa Sall] est emprisonné à cause de son bilan et de ses ambitions politiques ; il a même été élu député depuis sa prison. L’édile de Caracas [Antonio Ledezma] a dû fuir le Venezuela le 17 novembre dernier pour se réfugier à Madrid, après deux ans d’assignation à résidence. Le maire de Cotonou [Léhady Soglo], lui, est en exil à Paris, après avoir été révoqué unilatéralement par le gouvernement du Bénin, en août. Les exemples se multiplient sur tous les continents. Pourtant, tous ont été élus démocratiquement. »
« La mairie de Paris réclame la création d’un statut protecteur pour les « maires en danger », et engagera des démarches en ce sens au plan international »
Patrick Klugman de dévoiler ensuite le plan de la mairie de Paris pour protéger les maires « en danger » dans le monde:
« D’abord, il faut faire connaître ce phénomène ; c’est ce à quoi va s’employer la Ville de Paris. A travers ce vœu, l’exécutif parisien souhaite impulser la création d’un « Observatoire international des maires en danger ». Paris n’a pas vocation à l’animer, mais nous pouvons contribuer à la naissance d’un outil proactif, qui assurerait une veille des atteintes aux élus locaux. Ensuite, il faut les protéger, défendre leurs droits. La mairie de Paris réclame la création d’un statut protecteur pour les « maires en danger », et engagera des démarches en ce sens au plan international. »
« Léhady Soglo »Léhady Soglo, maire de Cotonou, révoqué, en exil à Paris
Pour le maire de Dakar, Khalifa Sall, accusé de « détournements de fonds » de la caisse d’avance de la mairie, cette bouée de protection arrive sans doute beaucoup trop tard. Après la levée son immunité parlementaire il y a quelques jours, son procès s’ouvre ce jeudi 14 décembre.
Quant au maire de Cotonou, après sa révocation fin juillet, il a quitté le Bénin et vit depuis en exil à Paris. « Fin août, il a déposé un premier recours pour « déni de justice » devant la Cour constitutionnelle béninoise, afin de contester son éviction de la mairie. Le fils de l’ex-président Nicéphore Soglo a introduit une seconde plainte devant la Cour administrative de la cour suprême pour « excès de pouvoir », renseigne notre confrère Jeune Afrique.
Avec Afrique Connection