Mafia à la Cour d’appel : Entre 150 000 et 200 000 pour faire libérer un détenu

Amadou Lamine Diagne, présumé cerveau du scandale des audiences fictives au tribunal de Dakar, sera entendu dans le fond par le doyen des juges ce jeudi 7 décembre. Avant, il s’est lâché devant les enquêteurs de la Section de recherches lors de sa garde à vue, révèle Libération.

« J’ai fait 35 ans de service dans l’administration pénitentiaire dont 25 ans à la Cour d’appel de Dakar. Les gens me sollicitent lorsqu’ils ont des dossiers d’appel pour que je les aide. Je fais des interventions auprès des juges pour obtenir des libérations ou des réductions de peine. Ils ne me donnent rien en retour et je le fais uniquement pour les aider », avait servi Diagne à l’enquête préliminaire. Une version battue en brèche par ses deux présumés complices, tombés en même temps que lui. Moussa Ndiaye et Issakha Lakhoune qui soutiennent avoir de solides relations avec Diagne, au point de le nommer « Grand bi », expliquent qu’ils servaient d’intermédiaires entre Diagne et les détenus. «  Ce sont eux qui demandent mes services mais je ne fixe pas de montant. S’ils me donnent l’argent, je prends », rectifie Diagne. Qui avoue encaisser 150 000 à 200 000 FCFA par sollicitation.

«  Je ne travaille qu’avec les nommés Issakha Lakhoum et Moussa Ndiaye. Ces personnes sont approchées par les parents des détenus pour que je fasse des faveurs. Je leur demande de discuter avec les parents des détenus sur les modalités de versements. Après avoir reçu l’argent ils prennent une commission et m’envoient le reste. Moussa Ndiaye l’envoie le plus souvent l’argent en intégralité. Parfois, il rouspète parce que je lui en donne rarement. Les messages, c’est pour vérifier l’existence des dossiers », confie le présumé cerveau de la mafia. Il avoue même avoir fait croire à 3 juges que ses « clients » étaient des parents en difficulté.

Diagne révèle aussi aux enquêteurs son modus opérandi. « Pour le cas de Charles Anene (condamné pour trafic de drogue et relâché après paiement d’une somme par son épouse), je programme une audience sans dossier  qui est fictive surtout pour les détenus transférés en dehors de Dakar en prenant les filiations pour pouvoir envoyer la citation dans les prisons des régions. Une audience sans dossier me permet d’obtenir le classement sans suite du dossier et le détenu sera libéré. C’est une audience fictive et vu que dans nos machines les informations ont déjà installé la signature scanée des juges, je ne fais que copier cela », dit-il.

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