Même si le nombre de chefs d’Etats présents semble assez faible vu l’importance des problèmes posés durant le forum de Dakar, les organisateurs préfèrent retenir la qualité de l’organisation et des interventions des 700 experts durant cette rencontre «informelle».
La 4ème édition du Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique s’est achevée hier, au Centre international de conférence Abdou Diouf de Diamniadio. Bien que l’évènement soit couru par des experts militaires et civils en matière de sécurité, les chefs d’Etat trainent presque les pieds pour venir à Dakar, qui a inscrit ce forum dans le sillage du sommet de l’Elysée qui avait réuni des chefs d’Etat africains à Paris en 2014. Face à ce constat, qui se dégageait l’an dernier, Mankeur Ndiaye, alors ministre des Affaires étrangères, expliquait que «nous n’avons pas voulu faire de ce forum une réunion de chefs d’Etat. Nous avons voulu que ce forum soit le cadre d’un échange libre». A l’ouverture du forum lundi, les Présidents Paul Kagamé et Ibrahim Bou¬bacar Keita étaient les seuls dirigeants continentaux à être à Diamniadio. L’an dernier, seuls le Nigérian, Muhammadu Buhari, et le Cap-Verdien, Jorge Carlos Fonseca, avaient fait le déplacement pour assister à la clôture de l’évènement.
Alors qu’on espérait en 2015, la venue de Muhammadu Bu¬hari, de Uhuru Kenyatta et Abdel Fattah al-Sissi ainsi que Ibrahim Boubacar Keïta et Idriss Deby Itno, personne n’avait fait le déplacement. Finalement, le Président Macky Sall, hôte de l’événement, était seul à la tribune présidentielle. Pourtant, la première édition fut un évènement enfiévré avec les présences des Présidents Abdel Aziz et Ibrahim Boubacar Keïta et Idriss Deby. Ce dernier avait clairement accusé l’Occident d’être responsable de la situation chaotique en Lybie, dont l’effondrement a fragilisé certains pays africains. Cette absence de dirigeants africains, est-ce une faiblesse ? «C’est une espèce d’appréciation purement diplomatique. Le mot informel, le forum de Dakar s’est basé sur le volontariat. Ce n’est pas une réunion de l’Union africaine, ni la réunion de Cedeao. Mais je pense qu’il y a des Etats où même si le Président de la République n’est pas venu, des experts de ces pays sont venus pour apporter leur expérience, leur vécu et ce sont des leçons qui peuvent servir à tout le monde», explique le général Mansour Seck. Il ajoute en relativisant : «Du point de vue purement technique, c’est à mon avis plus important que le nombre de chefs d’Etat.» Interrogé sur la question, Hugo Sada, ancien journaliste, qui est au cœur de ce forum, parle d’une décision délibérée : «C’est fait exprès d’avoir chaque année un tout petit nombre de chef d’Etats pour lancer le forum.» Il a dans le même temps répondu à ceux qui pensent que l’absence des présidents est liée au retrait de Cheikh Tidiane Gadio, qui a assuré l’organisation des deux premières éditions avant qu’elle ne soit confiée au Cheds. «Ce n’est pas vrai, ça ce sont des gens qui racontent du n’importe quoi. Avec Macky Sall, c’est vraiment calculé, exprès, délibéré. Parce qu’il ne faut pas que le forum devienne un sommet des chefs d’Etat», précise-t-il. En écho, le général Mansour Seck explique : «A mon avis, il n’y a aucun lien avec ça. Aucun lien au contraire moi qui ai assisté à tous, je me rends compte qu’en matière d’organisation, en matière de participation, en matière d’expertise, il y a seulement un mois, on a organisé un séminaire sur la prévention, 45 pays ont été représentés. On n’avait pas ça dans la première réunion. Ça n’a rien à voir.» «Je pense qu’il ne faut pas mesurer la réussite sur le nombre de chefs d’Etat venus mais sur le nombre de 700 personnes dont une bonne partie d’experts : militaires, policiers, les gens des renseignements.» Un fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères dédramatise et a une explication diplomatique à cette situation «pas du tout gênante» : «Ce n’est pas lié au départ de Gadio. Ce n’est pas un argument valable. L’absence du Président français, Emmanuel Macron. Après l’annonce de l’arrivée de Macron à Dakar, dans la foulée, on a annoncé qu’il y aurait beaucoup de chefs d’Etat. S’il était là, tous les chefs d’Etat francophones allaient participer.» Evidem¬ment !