Vendredi soir en Afrique du Sud, le Sénégal pourrait se qualifier pour sa deuxième Coupe du monde, avant les retrouvailles avec les Bafana-Bafana le 14 novembre à Dakar. À l’approche de la rencontre, Jeune Afrique a interviewé l’un des cadres de la sélection sénégalaise, Moussa Sow.
L’attaquant d’Al-Ahli Dubai (Émirats arabes unis) Moussa Sow (31 ans), qui fait partie des cadres des Lions de la Téranga, aborde, comme ses coéquipiers, cette avant-dernière manche avec un maximum de concentration.
Jeune Afrique : Deux points pourraient suffire au Sénégal pour aller en Russie l’été prochain. L’équipe est-elle en capacité de les obtenir ?
Moussa Sow : Le Sénégal dispose de gros arguments offensifs. Il aime attaquer, marquer des buts. Aujourd’hui, nous sommes bien placés pour nous qualifier pour une seconde Coupe du monde, après celle de 2002. Il y aura d’abord le match de vendredi, à Polokwane. On sait qu’une victoire nous enverrait en Russie avant même de rejouer l’Afrique du Sud à Dakar (le 14 novembre). Si on fait match nul et que le Burkina gagne, un point pourrait suffire chez nous. On ne sait pas à l’avance ce qui se passera. Mais peut-être aurons-nous besoin de calculer lors des vingt dernières minutes du dernier match. Commençons par nous concentrer sur la première rencontre…
Avec deux points d’avance sur le Burkina Faso et le Cap Vert et quatre sur l’Afrique du Sud, la situation es très favorable au Sénégal. Cela doit-il vous rendre encore plus méfiants ?
Bien sûr. On ne doit surtout pas se dire que ce sera simple. Ce serait une faute. Avant d’aborder des matchs de cette importance, il faut un maximum de concentration, de rigueur. Nous allons affronter une équipe qui a encore une chance de se qualifier si elle remporte les deux matchs. Et l’Afrique du Sud est une bonne équipe. Il ne faut surtout pas la prendre à la légère.
Le rôle des plus anciens et du staff, c’est de bien faire comprendre aux plus jeunes à quel point l’équipe nationale est importante pour le peuple sénégalais
Les anciens comme vous sont-ils là pour rappeler aux plus jeunes que le plus dur reste sans doute à faire ?
Ce sont des professionnels. Mais certains manquent encore d’expérience au plus haut niveau. Le staff technique est là pour rappeler à tout le monde combien ces deux matchs doivent être bien préparés, et abordés avec beaucoup de sérieux. En club, tu perds un week-end, mais tu peux te rattraper la semaine suivante. En sélection, c’est différent. Il y a beaucoup moins de matchs dans l’année et il faut des résultats rapidement. Le rôle des plus anciens et du staff, c’est de bien faire comprendre aux plus jeunes à quel point l’équipe nationale est importante pour le peuple sénégalais.
Il faut malgré tout éviter de se mettre trop de pression…
Oui, car il ne sert à rien de jouer le match à l’avance. On peut supposer que vendredi, les Sud-Africains vont imposer tout de suite un rythme soutenu, pour marquer rapidement et nous faire douter. À nous d’être bien en place, de les gêner. Il faudra être très solide dès le début, ce qui n’est pas toujours notre fort.
Vous attendez-vous à ce que l’Afrique du Sud soit gonflée à bloc, après la décision de faire rejouer le match qu’elle avait remporté (2-1) il y a un an ?
Probablement. D’autant plus que la décision est intervenue dix mois plus tard ! Pour moi, la Fifa a eu raison de faire rejouer ce match, car le Sénégal avait été volé, sur ce penalty totalement imaginaire sifflé par l’arbitre ! Les Sud-Africains seront sans doute revanchards…
La Sénégal a-t-il progressé depuis la CAN 2017, achevée en quart de finale face au Cameroun ?
Oui. L’équipe a plus d’expérience, elle est plus solide. Bien sûr, on manque parfois de lucidité, comme lors du match au Burkina Faso début septembre (2-2), où on perd deux points à une ou deux minutes de la fin.
On pouvait faire mieux qu’un quart de finale au Gabon !
On dit aussi que l’équipe pourrait mieux jouer au regard de son potentiel…
Je pense qu’il y a des matches où on pourrait mieux jouer. Le Sénégal dispose de très bons joueurs, qui évoluent dans d’excellents clubs européens, et où ils sont titulaires, ce qui est significatif. Mais une sélection, c’est en moyenne huit matchs par an. Et peu d’entraînements en commun. Il n’est donc pas facile de trouver les automatismes. C’est en participant à de grandes compétitions comme la CAN ou la Coupe du monde que nous progresserons encore. Car il faut aussi rappeler une chose : le Sénégal a eu une belle génération en 2002, et je pense que celle d’aujourd’hui est de très bon niveau. Seulement, nous n’avons encore rien gagné ! Et seuls les titres comptent. On dit que le Sénégal a fait une bonne CAN au Gabon. Mais moi, je pense qu’on pouvait faire mieux qu’un quart de finale !
La génération de 2002 était incarnée par des joueurs talentueux, parfois dotés d’un fort caractère. Celle d’aujourd’hui semble tout aussi talentueuse, mais plus calme…
Je ne sais pas exactement quelle était l’ambiance au sein du groupe de 2002. Il y avait visiblement de fortes personnalités. Aujourd’hui, c’est peut-être en effet plus calme. Ce qui est important, c’est que nous puissions faire mieux que la génération de 2002, qui avait beaucoup de talent, de très bons joueurs, mais qui n’avait malheureusement pas réussi à gagner de titre. C’est notre objectif. Remporter quelque, car c’est ce qui manque au football sénégalais…
Auteur: Par Alexis Billebault – Jeune Afrique