En Espagne, tous les regards sont tournés vers le siège du gouvernement catalan à Barcelone dont le drapeau espagnol orne le sommet. Après la déclaration d’indépendance de la Catalogne, vendredi 27 octobre, et sa mise sous tutelle par Madrid dans la foulée, que vont faire les 200 000 fonctionnaires de Catalogne ? On s’interroge aussi sur ce que va faire Carles Puigdemont, le président déchu par Madrid de la Catalogne. Il pourrait être poursuivi ce lundi pour rébellion ou sédition.
Après s’être exprimés l’un et l’autre ce week-end, Carles Puigdemont et son numéro 2, Oriol Junqueras, ont laissé l’impression aux Catalans de ne pas vouloir accepter leur destitution. Même si les deux hommes ont tous deux appelé à la résistance pacifique, ils n’ont pas livré de consignes claires à leurs partisans.
Les 200 000 fonctionnaires du gouvernement catalan sont donc dans l’expectative aujourd’hui. Sur la place Jaume, devant la Generalitat, il y a plus de journalistes que de touristes, ce qui est exceptionnel. Tous sont serrés depuis ce matin pour glaner une image d’un membre du gouvernement venu défier l’autorité de Madrid.
Provocations photographiques
Depuis, une petite vingtaine d’indépendantistes et de nombreux curieux les ont rejoints. Les médias n’ont pas vu arriver Carles Puigdemont ce matin, lui qui a laissé planer le doute sur sa présence au palais de la Generalitat. Il a publié il y a quelques heures une photo sur son compte Instagram qui montre la vue depuis son bureau, le tout accompagné de la légende « bonjour » et d’un emoticone qui sourit. Sans aucun doute, une provocation faite au gouvernement central.
Sauf que Carles Puidgemont serait en fait à Bruxelles, d’après une source gouvernementale espagnole, qui ne donne pas plus de précisions. Le quotidien catalan La Vanguardia affirme pour sa part qu’il y serait accompagné d’autres membres de l’exécutif catalan.
Le secrétaire général au Territoire et à la durabilité, Ferran Falcó, a quant à lui également publié une photo de lui à son bureau, soulignant qu’il était en train d’assurer les responsabilités que lui avait confiées le peuple catalan.
Depuis le début de la journée, plusieurs personnalités sont entrées puis sorties du palais de la Generalitat. Les Mossos d’Esquadra, la police régionale, auraient reçu l’ordre d’escorter les anciens conseillers qui décideraient de se rendre à leur bureau aujourd’hui pour récupérer leurs affaires personnelles. S’ils venaient à rester sur place, les forces de l’ordre doivent rédiger une sorte de constat, transmis ensuite à la justice.
L’Etat espagnol entre attente et dépôt de plainte
Madrid, de son côté, désormais responsable des fonctions et des compétences de l’exécutif catalan, aurait donné l’ordre de ne pas envoyer les ministres espagnols, responsables des portefeuilles régionaux en Catalogne, dès ce lundi. Le but : montrer clairement que l’administration catalane est sous l’ordre de l’administration centrale, mais éviter que les fonctionnaires ne la voient que comme une occupation.
En parallèle, le procureur général de l’Etat espagnol a annoncé, toujours ce lundi, avoir requis des poursuites notamment pour « rébellion » contre les membres du gouvernement catalan destitués, accusés d’avoir provoqué la crise institutionnelle ayant mené à une déclaration d’indépendance. La plainte contre les membres de l’exécutif catalan vise aussi des faits de « sédition, malversation et prévarication ». Il appartient à présent au tribunal de l’Audience nationale, à Madrid, de décider si elle est recevable.
Qui ira aux élections ?
D’autres questions se posent sur la position des partis indépendantistes face aux élections régionales annoncées par Madrid pour le mois de décembre.
En effet, au moins deux des trois partis indépendantistes catalans ont laissé entendre ce week-end qu’ils envisageaient de se présenter à ces élections convoquées par Madrid.
Tout d’abord Esquerra Republicana, le parti de la gauche républicaine du vice-président destitué Oriol Junqueras, puis la formation conservatrice de Carles Puigdemont, le Parti démocratique européen catalan (PDeCAT). Les deux partis pourraient présenter une candidature commune. Mais ils n’ont que jusqu’au 7 novembre pour le faire savoir.