De toutes les routes du Sénégal, l’axe Thiès-Bambey-Diourbel-Touba en état de dégradation très avancé à plusieurs endroits, et que les transporteurs et autres voyageurs appellent « tronçon de la mort » du fait des innombrables accidents mortels qui y sont enregistrés, est sans nul doute le plus meurtrier avec pas moins d’une cinquantaine de pertes en vie humaines chaque année. Mais fort curieusement, les différents régimes qui se sont succédé, de Abdou Diouf à Me Abdoulaye Wade jusqu’au régime actuel du Président Macky Sall qui a choisi de lancer les travaux de l’autoroute « Ila Touba » pour plusieurs centaines de milliards de francs Cfa, restent de marbre face à cette situation.
« Nous autres chauffeurs et transporteurs, nous ne sommes pas les seuls à payer les pots cassés. Combien de fois avons-nous tiré la sonnette d’alarme pour attirer l’attention des autorités étatiques sur le danger de cette route? Mais à chaque fois c’est la même chose. L’État s’engage, et promet d’agir. Mais cet axe meurtrier ne subit que quelques réfections », clame le transporteur Cheikh Meissa Wade. De son côté, El Hadj Diakhaté, chauffeur de « taxi 7 places » à la nouvelle gare routière de Touba, abonde dans le même sens et pointe du doigt l’État.
« C’est bien, c’est même excellent de construire l’autoroute « Ila Touba » pour je ne sais même plus combien de milliards. Mais avant ça, il fallait penser à refaire la route déjà existante », dit-il. Pour Baye Meissa Faye, ancien « coxeur » à la gare routière de Diourbel, « l’heure est plus que grave ». « Il faut savoir que de tous les secteurs d’activité, c’est le transport qui est le plus laissé en rade par tous ces régimes. Comment comprendre que cet axe Thiès-Touba qui enregistre plus de soixante morts par an, soit aussi négligé? C’est l’État le seul responsable », accuse-t-il.
Plus virulent que les autres, Atoumane Ngouille Nar, transporteur et opérateur économique établi à la commune de Mbacké de pester : « nous sommes à quelques jours du Magal qui est sans conteste le plus grand événement avec une affluence de plusieurs milliers de personnes. Mais il est toujours écœurant de constater que cette route est sans cesse colmatée à chaque approche du Magal. La vérité est que l’État se désintéresse des malheurs des citoyens, et c’est très dommage ».
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