Les Bonnes feuilles de «Lutte Sénégalaise au-delà des millions et des passions»

Le livre de Omar Sharif Ndao, «Lutte Sénégalaise au-delà des millions et des passions», à paraître au courant du mois de novembre prochain, raconte l’histoire et l’ascension de la lutte sénégalaise. L’auteur et journaliste à Senego, fin connaisseur de la lutte avec frappe invite à surfer sur des épisodes où lutteurs, supporters, entraîneurs, promoteurs s’entrechoquent passionnément.

Voici quelques Bonnes feuilles…Edition Salamata (Edisal) dont le directeur,  Seydi Sow, a eu à gagner le Grand prix du chef de l’Etat, Abdou Diouf.

Quelques techniques de lutte

  • Bussulu: une technique risquée et dangereuse

La particularité de cette technique est qu’elle est dangereuse, c’est pourquoi les lutteurs ont peur de la tenter. Autant elle peut être mortelle pour la victime, autant le lutteur qui le tente peut être vaincu si la prise n’est pas bien faite. L’adversaire attend que son vis-à-vis l’attaque de front pour lui prendre la jambe. Il contre attaque, agrippe solidement son «ngemb» des deux côtés et le projette. C’est dangereux car cette chute a déjà vu la mort d’un lutteur de l’écurie Walo du temps de feu Alioune Sèye et Mohamed Ali. Cette technique de lutte est prisée chez les Socés et les Diolas.

Un « bussulu » dramatique s’est passé en Gambie où un lutteur de l’écurie du Walo a été tué par cette technique. Il s’appelait Abou Ndiokel et c’est un lutteur Gambien qui lui a fait cette prise. Il s’est fracassé le cou et est mort sur le coup.

  • Deub Sole :

Le « deub sole » consiste à mettre son bras sous l’aisselle de son adversaire. Cette action est l’élément déclencheur d’une chute. Le lutteur utilise cette technique pour contraindre son adversaire à ne pas attaquer. C’est aussi valable dans une action de lutte pure. A partir du « deub sole », des lutteurs «techniques» peuvent enchaîner par un « caxabal », un « xalap », « laali »… une action qui peut être offensive ou défensive. En général, lorsque l’on dispose d’un bagage technique, le « deub sole » permet de créer des ouvertures et terminer le combat par les clés précitées. Toutefois, l’usage simultané des deux bras désigne le « naax ». Il faut souligner aussi qu’en l’absence d’une prise de « ngeemb », le « deub sole » est indispensable dans un combat.

Voici quelques « deubs soles » historiques :

  • Yekini/Bombardier : «deub sole » suivi d’un caxabal : Ce combat qui était d’une forte intensité a débuté par un « deub sole », mais il s’est terminé par un « caxabal ». Yékini a mis son bras sous l’aisselle de Bombardier avant d’exercer une pression de la poitrine.

– Ness/Papa Sow : plaquage au finish : Ness reçoit le coup de Papa Sow et saigne. Il a tenté son va-tout en débutant par un « deub sole » pour enchainer par un plaquage. Son bras sous l’aisselle et l’autre sur les cuisses de Papa Sow ont fait la différence.

-Ama Ndao/B52 : « deub sole » et enchaînement par un naax : Face à un adversaire lourd qui reculait, Ama Ndao, par des bras puissants, enserre B 52. Une rotation du buste et un coup de reins font perdre l’équilibre à B 52 qui se retrouve derrière les sacs.

  • Caxabal

Le « caxabal » est une technique qui permet de terrasser l’adversaire par les jambes. Quand les deux lutteurs s’accrochent et que l’un agrippe ses mains solidement sur les côtés du « ngeemb ». Qu’il mette une de ses jambes entre celles de son adversaire ou un crochet intérieur ou extérieur, exerce une pression en collant son buste contre celui de ce dernier. Il existe quatre (4) formes de « caxabal » : « Biir », « Biti », « Sole », « Kolma »

Pour mémoire, quelques « caxabal » historiques :

  • Zale Lô/Mohamed Ali: « caxabalu biti » : Zale Lô a pris le soin de ceinturer Mohamed Ali. Il met négligemment son pied droit sur sa cheville gauche. Pour l’inciter à bouger. A cet instant précis, il se met de côté et enchaine avec son pied à l’extérieur qui déséquilibre le poids Mohamed Ali.

-Mame Ndiabane/Commando : « caxabalu biir » Caxabalou Biir (avec le ventre). Mame Ndiambane amorce la prise avec sa jambe, passe ses mains au dessus des épaules de Commando et son ventre, collé sur à ce dernier, a fait le reste. Mais si la jambe accroche la cuisse ou le genou, ce n’est plus un caxabal. Un caxabal bien fait ne doit pas dépasser le niveau de la cheville.

-Yekini/Bombardier : le haut du buste fait la différence : Yékini savait que Bombardier avait une meilleure prise que lui. Il sort sa tête, donne un coup à Bombardier, tout en sachant qu’il va riposter. En position siamoise (collée), quand un coup doit partir, le haut du buste est un élément essentiel. Au moment où Bombardier soulève la main pour frapper, Yékini exerce une pression sur lui, enchaine par un croc en jambe intérieur et le terrasse.

-Eumeu Sène-Balla Gaye N°2 : « caxabalu kolma » Quand Eumeu Sène exerçait le Caxabal sur Balla Gaye N°2, il était un peu en génuflexion. Cette action s’est passée en plusieurs étapes, mais a été longue à se dessiner.

  • Faxxat ou technique de la bride ou de l’aspiration

Le Faxxat, c’est une technique qui sert à s’emparer des épaules, des bras ou d’une attache de son adversaire qui peut être en général des «dakk», gris-gris comme Senghor ou «lapataké» (talisman serré sur les biceps). Une bonne saisie fait le reste car la victime est basculée, tirée vers son bourreau. Elle tombe le plus souvent sur le ventre ou sur ses quatre appuis. Quand la règle des quatre appuis n’était pas validée comme chute, celui qui a amorcé le Faxxat n’avait plus qu’à pousser son adversaire au sol. C’est comme s’il est happé par un aimant ou tiré par une laisse.

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