Mamadou Abdoulaye SOW, l’ancien ministre du Budget est bien placé pour parler de cette question. Et sans complaisance ni détour, l’ex-coordinateur de la Direction générale du Trésor nous explique de quoi il s’agit.
Dans un entretien accordé à nos confrères de « DAKARTIMES », l’ancien administrateur de la Banque Africaine de Développement (BAD, 2010 – 2013) a fait un bref aperçu sur le dernier rapport du FMI sur le Sénégal, avant de rebondir sur les 625 milliards d’eurobonds pour finir par l’économie sénégalaise et le PSE.
Le Sénégal, à la conquête de plusieurs emprunts aussi bien en Afrique qu’à l’international pour financer l’émergence, vient d’obtenir 625 milliards d’eurobonds. Pour l’ancien Directeur Général de la Comptabilité Publique et du Trésor (2000 – 2008), la dette constitue une problématique centrale surtout l’endettement en devises et à des conditions commerciales. Nos pays faisaient des emprunts concessionnelles avec des taux moyens inferieurs à 3%, mais nous sommes actuellement à un taux de 6% et qui sait demain ou après-demain on atteindra les 7 voire 7.5%. Et pour ce qui concerne ces 625 milliards, poursuit l’ancien ministre, la question qui se pose est de savoir dans un premier temps, s’ils ont été soumis à l’Assemblée Nationale ; et dans un second temps, à quel fin ont-ils été utilisés ? Si cet argent a servi de renflouer le trésor pour faire face au paiement de certaines dépenses de personnel ou de fonctionnement, là, c’est un emploi malsain. Puisqu’on s’est endetté à un taux élevé pour payer une dette intérieure à un taux d’intérêt zéro. Et si cet emprunt a servi de repayer la dette aussi, cela mérite d’être connu par le contribuable Sénégalais et des opérateurs économiques puisque cette préférence aura un coup en devises par rapport aux emprunts en bons du trésor ou aux emprunts d’Etat souscrit par les opérateurs de l’UEMOA. Selon M SOW, le plus important est de savoir, si l’utilisation de cet emprunt permet de créer des richesses dans la même période pour permettre de rembourser le service de la dette ; sans quoi emprunter mille milliards n’est ni un exploit ni un mal, mais tout dépend des conditions d’emprunts et des modalités d’utilisations du produit de l’emprunt.
C’est quoi le PSE ?
Selon toujours l’ancien mandataire du trésorier général du Sénégal, si le PSE est vraiment un plan comme l’indique l’article 67 de la constitution, le plan est approuvée par la loi, ce qui n’est pas le cas du PSE. D’ailleurs le Directeur de l’institut des futurs africains a été bien clair pour dire que « l’émergence n’est pas un plan, ni un produit que l’on va vendre pour trouver des financements, mais un processus de transformation de l’économie, de la société et de la culture. Et le plan normatif on ne peut pas assigner l’émergence à horizon temporel. Et, en tout état de cause, si l’on veut que la croissance soit durable et viable, elle doit être portée par un secteur privé dynamique y compris un secteur agricole productif et non essentiellement par des investissements publics de prestige.
A la question de savoir si ces différentes interventions et autres réflexion sur la gestion publique cachent-elles des ambitions politiques, Mamadou Abdoulaye SOW affirme ne pas avoir des ambitions politiques au sens de la politique politicienne mais plutôt une ambition de faire « la politique citoyenne » pour le seul intérêt de la patrie : Le Sénégal.