Le 6 octobre, trois hommes, dont deux fichés S, ont été mis en examen par un juge antiterroriste pour tentative d’assassinat en bande organisée en relation avec une entreprise terroriste et placés en détention provisoire. Amine A., Aymen B. et son cousin Sami B., âgés de 28 et 30 ans, avaient été interpellés après la découverte de bonbonnes de gaz équipées d’un dispositif de mise à feu dans le hall d’un immeuble, situé au 31 rue Chanez, dans le XVIe arrondissement de Paris.
Le Parisien a pris connaissance d’une conversation téléphonique interceptée par la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI, devenue DGSI) en février 2012, et où le nom d’Amine A. apparaît. L’homme est en discussion avec Mohamed Achamlane, l’émir autoproclamé de Forsane Alizza, un ancien groupuscule islamiste radical. Selon le journal, ce dernier lui demande s’il peut obtenir les coordonnées du responsable d’un site d’extrême droite. Amine A. fait mine d’obtempérer : « OK, OK, vas-y, je vais voir. » Mohamed Achamlane pense, à tort, s’adresser à un représentant des forces de l’ordre.
Selon les informations du quotidien, en juillet 2012, Amine A. a fait l’objet d’une fiche de renseignements. Le procès-verbal indique que l’homme est connu de la police pour des faits de droit commun, mais aussi pour « des services spécialisés pour être en relation avec la mouvance islamiste radicale ». « Il serait surnommé le gendarme », ajoute le document. Amine A. aurait bel et bien déposé un dossier pour intégrer l’armée mais n’aurait pas franchi le cap de l’enquête de moralité.
Le suspect est finalement placé en garde à vue en mars 2013 dans les locaux de la brigade criminelle. Bénéficiaire du RSA, il confirme qu’il a échoué à rejoindre la gendarmerie mais qu’il n’avait pas renoncé à son projet. « Je me suis dit qu’en fournissant des informations sur le groupe Forsane Alizza, cela pourrait me permettre de faire pencher la balance de mon côté et ainsi équilibrer avec mon passé judiciaire […] J’ai compris que le groupe pouvait être dangereux et ainsi intéresser les autorités françaises », assure-t-il, expliquant avoir découvert le groupuscule grâce à ses vidéos diffusées sur Internet en 2011. De là, il explique avoir rencontré Mohamed Achamlane à deux reprises : « Je lui ai fait croire que j’étais gendarme de profession […] mais que j’épousais totalement sa cause. » Ce dernier l’aurait alors sollicité à de nombreuses reprises pour obtenir les adresses des membres de Bloc identitaire, notamment. « Incapable de fournir de tels renseignements – et pour cause -, Amine A. raconte qu’il trouvait des subterfuges pour calmer l’impatience de son interlocuteur », écrit Le Parisien.
Amine A. est finalement ressorti libre des locaux de la brigade criminelle et ne sera plus jamais inquiété dans ce dossier. « Aussi surprenant que celui puisse paraître, le scénario de la tentative d’infiltration semble validé », poursuit le quotidien.
Le Parisien rappelle que depuis ce curieux épisode, le trentenaire fiché S ne s’était distingué que pour une affaire de rébellion qui lui avait valu une condamnation à deux mois de prison avec sursis en janvier 2016.
Il est désormais incarcéré, soupçonné d’avoir participé à la tentative d’attentat dans le XVIe arrondissement. Il conteste les accusations.
Le Figaro.fr