Résultat de cette situation, les grands opérateurs maritimes comme Maersk Line ont alerté leurs navires et Dakar n’est plus une priorité. «Faute de place au port, beaucoup de bateaux sont en rade à Dakar derrière Gorée. Et quand un opérateur envoie un bateau, il n’envoie pas un autre tant que celui-ci n’est pas débarqué ». L’affaire aurait pu s’arrêter là, mais l’impact a été néfaste pour les recettes du Port autonome de Dakar, mais également pour la Douane. Bien que celle-ci a enregistré de recettes meilleures en comparaison de la situation de l’année dernière, les derniers jours de septembre ont connu une baisse due à l’activité du Port qui n’enregistre que peu de navires en déchargement. Si des chiffres officiels ne sont pas disponibles, les caisses du Port et celles de la Douanes ont souffert, de même que l’activité de transit qui tourne également au ralenti. Conséquence des travaux de Dp World, c’est toute la chaîne portuaire qui se trouve impacter.
Dp World annonce de son côté que les travaux se poursuivent normalement, sans donner de date exacte pour la fin des aménagements. «C’est le gros problème car il n’y pas eu les concertations nécessaires avant d’entamer de pareilles travaux. Le Port n’a pas d’espaces de stockages nécessaires et il n’y a pas eu les préalables pour discuter avec tous les acteurs et anticiper les problèmes qui allaient survenir. Ils ont mis tout le monde devant le fait accompli ».
Par ailleurs, la situation est en train de profiter aux ports de la sous-région. Beaucoup de navires qui ne voulant pas rester en rade à Dakar plusieurs jours sont détournés par leurs armateurs dans d’autres ports africains comme ceux de la Mauritanie, du Bénin, du Togo ou encore de la Côte d’Ivoire.
Une autre conséquence qui pourrait avoir des répercussions sur les ménages, c’est la rupture de certains denrées alimentaires. «Le port est la porte d’entrée d’une très bonne partie des produits de grande consommation, le ralentissement de ses activités pourraient occasionner des pénuries de beaucoup de produits par une rupture de la chaîne de ravitaillement ».
Il faut dire que le nouveau directeur général, Ababacar Sadikh Bèye, a été pris de court par cette situation. «C’est une situation qu’il a héritée de son prédécesseur Cheikh Kanté. Il est en train de se démener comme un beau diable pour remettre la situation sur les rails. Il a l’entregent pour régler la situation et trouver un consensus avec les transporteurs ».