Agée seulement de 12 ans, Aissatou Diallo, dite Aïcha, est partie sans pouvoir réaliser ses rêves. Dont celui de construire une belle maison à sa maman et de lui acheter une voiture. Récit d’une tranche de vie d’une enfant qualifiée, d’« élève intelligente et brillante ».
Orpheline de père en bas âge, Aïcha Diallo était très proche de sa maman. Elle tenait compagnie à sa maman et était devenue sa complice et sa confidente. Fille intelligent, Aicha Diallo était aussi la « technicienne » de la maison de la famille Keita de la cité COMICO de Yeumbeul. Malgré son jeune âge, elle maîtrisait, comme presque toutes les jeunes filles de sa génération, les nouvelles technologies, selon sa mère.
A la maison familiale au quartier COMICO de Yeumbeul où on s’est rendu, hier, les parents, les amis et proches portent le deuil d’une enfant dépeinte comme « une fille intelligente, brillante et très douée ». La maison R+1 est la demeure de sa grand-mère. Une villa dont le décor renseigne sur le niveau de vie de la famille. Une famille aisée qui ne semble manquer presque de rien. A l’étage, la grand-mère reçoit les condoléances.
Dans le salon, ce sont des femmes voilées qui entourent la grand-mère de cette gamine partie à la fleur de l’âge.
Avec la voix cassée, la vieille dame nous reçoit dans l’autre salon. Quelques instants plus tard, c’est au tour de la maman d’Aïcha Diallo de faire son apparition. Le visage crispé, les yeux rouges, certainement parce qu’elle a beaucoup pleuré depuis qu’elle a perdu sa fille, Fatim Kaba Diallo peine à livrer ses mots. C’est d’une voix à peine audible qu’elle nous narre la vie de son enfant, surtout ses derniers instants.
Aïcha à sa maman : « bul tiit, bul ragal, je n‘ai que 12 ans, Dieu ne va pas me tuer »
« Elle était élève au CEM Niague. Dans son cycle scolaire, elle n’a jamais redoublé une classe. Elle était si brillante à l’école qu’elle a dépassée même ses frères. Ses maîtres me demandaient comment elle faisait pour être aussi intelligente. Quand on avait des problèmes avec nos téléphones, c’est elle qui les réglait. Elle m’aidait dans mon commerce. Même la Tabaski passée, elle travaillait pour moi. On travaillait ensemble et on était des complices. Dimanche passé, je l’avais amenée à la piscine. Le mercredi, nous sommes sorties ensemble et le vendredi, elle a eu l’accident », raconte la maman d’Aicha Diallo, Fatim Kaba.
Le téléphone à la main, elle visualise sans cesse les vidéos et photos de sa fille qui chantait et dansait dans l’eau, lors de cette sortie à la piscine. « Quand je regarde les photos et les vidéos, c’est comme si je suis avec elle. Ma sœur pleure quand elle regarde les vidéos, mais moi quand je regarde, ça me fait du bien. C’est elle, ma copine. Je n’ai pas d’amie, je ne vais nulle part, parce que c’est elle, ma copine. Je ne sais pas ce j’ai vécu là-bas (à l’hôpital)», déclare Fatim Kaba avant de révéler les dernières confidences de sa fille qui lui disait : « ‘’bul tiit, bul ragal’’, je n’ai que 12 ans. Dieu ne va pas me tuer. Je vais te construire une maison et t’acheter un véhicule. Et moi aussi, j’aurai une belle maison ».
Une maman inconsolable
Avec le cœur meurtri, Mme Diallo qui ne pouvait plus supporter la façon dont la fille est partie, souligne : « Dieu me suffit comme témoin. Yalla na yalla… (elle peine de finir sa phrase). Ils ont fait ça à ma sœur qui accouchait. Les sages-femmes lui ont dit va te promener et reviens-nous lorsque tu verras la tête de ton enfant. Finalement, son mari l’a sortie de cet hôpital et l’a évacuée dans une clinique pour qu’elle accouche là-bas ».
Selon elle, si c’était un problème d’argent, sa fille n’allait pas partir. Parce que, dit-elle, quand elle est allée demander le prix pour l’opération, on lui a dit que la somme totale est de 200 000 francs. « J’ai appelé ma maman et elle m’a dit que si ce sont des millions, elle est prête à payer. En tant que maman, j’ai signé et ils ont qu’ils vont l’opérer. Sauf que chaque va-et-vient durant ces deux jours, pouvait prendre 2 heures ou 3 heures de temps », explique-t-elle.
Pour sa part, la grand-mère d’Aïcha Diallo, Rokhaya Dieng, affirme : « tout le monde aimait Aïcha».
« Sa maman disait même est-ce que Aïcha aura une longue vie, tellement tous l’adoraient. Tous ce temps-là, elle ne faisait que des photos. On veut que justice soit faite », clame la dame, selon qui, dans la négligence, il y a une fille très impolie qui les a insultées. « Elles sont toutes impolies. Elle nous a insultées comme si on était rien », se désole-t-elle.
A en croire, sa tante, sa nièce était « une fille brillante et intelligente ». « Elle devait faire la 5e. Elle était inscrite depuis et les fournitures étaient déjà achetées. On dénonce ce qui s’est passé, parce qu’on ne voudrait pas que d’autres souffrent de ça. On a très mal déjà, alors qu’on ne nous en rajoute pas », conclut-elle.
Vox Populi