Fabrication de faux passeports, visas, relevés de comptes bancaires…, Comment la DIC a démantelé le gang de faussaires

La Division des investigations criminelles a mis fin aux agissements de 4 personnes qui s’activaient dans la fabrication de faux documents, comme des passeports, visas et relevés de comptes bancaires et de leur complice, agent d’une banque. Le gang a, à son actif, des centaines de victimes.

Au début de ce mois d’octobre, les enquêteurs de la Division des investigations criminelles (DIC) se sont déployés, dès qu’ils ont eu vent des agissements d’une bande de faussaires spécialisés dans la fabrication de faux documents (passeports, visas, relevés de comptes bancaires…). Des faussaires, au nombre de 5, particulièrement bien équipés qui, selon nos informations, ont fait des centaines de victimes. Il s’agit des Sénégalais M. Dramé le cerveau, N. Mbow, M. Diouf, B. Sall et du Congolais D. Bossendo.

Recoupements et filatures ont permis aux hommes du Commissaire Ibrahima Diouf de localiser les mis en cause entre la Cité Aliou Sow à Guédiawaye et Ouest Foire. Leurs cibles, selon nos sources, étaient des citoyens désireux de voyager, à la recherche de visas, des étudiants qui comptaient continuer leurs études à l’étranger et qui avaient besoin de relevés bancaires, des commerçants qui voulaient des garanties pour chercher des marchandises un peu partout dans le monde. Sans parler des citoyens lambda qui avaient besoin d’un quelconque papier pour la facilitation de leurs démarches.

Munis de toutes les preuves, les policiers ont mis en place un dispositif pour les appréhender. Ainsi, une descente inopinée a été effectuée, d’abord à la Cité Aliou Sow, dans la banlieue dakaroise, où N. Mbow a pris un appartement. Cette descente a permis d’arrêter le sieur Bossendo qui se trouvait dans la maison. La perquisition qui s’en est suivie a aussi permis aux enquêteurs de découvrir sur place un arsenal de fabrication de faux documents. Mais surtout un véritable butin. Car le domicile servait de lieu de confection des faux papiers.

Le butin

Les limiers ont mis la main sur 35 tableaux de passeports ordinaires, 13 portables, 33 photos de passeports, une dizaine de coupures de visas Schengen, 35 faux certificats d’immatriculation, 80 copies de faux certificats d’immatriculation, une dizaine de cartes d’identité, des copies de fausses cartes d’identité, des certificats de nationalité française. Les hommes du Commissaire Ibrahima Diop ont trouvé dans une chambre une centaine de relevés bancaires d’institutions de la place, 45 actions de gages des institutions de microfinance, des dizaines de documents de visites techniques, un CMC, des actes d’état civil, une carte consulaire sénégalaise au Portugal, des reçus de banques et 73 registres de commerce.

Du matériel pour la fabrication de ces faux documents a également été saisi. Il s’agit d’une unité centrale, d’une imprimante multifonctionnelle, d’une machine à plastification. Les enquêteurs ont aussi appris que M. Mbow n’habite pas les lieux qui servent à la bande de bureau de travail. Les suspects ont été embarqués pour audition.

Dramé s’activait dans la transaction ‘awala’

Après la banlieue dakaroise, les limiers se sont rendus en ville, plus précisément, à Ouest-Foire. C’est dans ce quartier de la bourgeoisie dakaroise que crèche M. Dramé. Dans la maison, soutiennent nos informateurs, les enquêteurs ont trouvé une personne répondant à la description de M. Diouf. Une fouille minutieuse a permis de saisir tout un arsenal de matériels. Des disques durs internes, de fausses cartes grises, des formulaires de demandes de visas Schengen, des badges vierges, une somme d’environ 500 000 F CFA. Dans le hall, il a été découvert des flacons de liquide pour la confection de badges, des imprimantes vierges, des relevés bancaires, des imprimés vierges de relevés bancaires. Dans un bureau, il y avait 5 coupures de faux billets de banque de 20 Euros, des copies de cartes d’identité nationale sénégalaise, des couvertures de passeport international sans feuillet et un coffre-fort où il y avait une somme de 150 000 F CFA.

Nos sources renseignent aussi que le cerveau de la bande s’activait dans la transaction dite : ‘’awala’’. Il est défini comme un système qui permet de faire des transactions financières, sans faire bouger l’argent. Il est interdit par la nouvelle législation, car il peut faciliter le financement du terrorisme, dans la mesure où il ne laisse aucune traçabilité. Lors de sa première audition, Dramé a soutenu posséder plusieurs magasins sis à Dakar qui s’activent dans ce système de transfert d’argent.

Complicité d’un agent de banque

Au fil des auditions du quatuor, il est apparu clairement aux enquêteurs que les faussaires ne pouvaient réussir leurs entreprises sans l’aide d’une personne qui s’active dans le secteur bancaire. Après un interrogatoire serré, les mis en cause ont dénoncé un certain B. Sall comme celui qui les aide à obtenir des copies de relevés de compte bancaire pour mieux ferrer leurs cibles. Ce dernier a été cueilli chez lui. Pour se tirer d’affaire, il a reconnu les faits en soutenant qu’il voulait arrêter, depuis belle lurette, mais le cerveau le faisait chanter en menaçant de le dénoncer, au cas où il ne continuait pas à leur rendre service en cas de besoin.

Les autres prévenus ont tous reconnu les faits qu’on leur reproche. Ils ont confié être dans le ‘’business’’ depuis longtemps. Mbow a confié aux enquêteurs, qu’il travaille avec d’autres personnes dans d’autres structures de ce genre. Au terme de leur période de garde à vue, les 5 faussaires ont été déférés au parquet pour les délits d’association de malfaiteurs, faux et usage de faux. Aux dernières nouvelles, ils ont été mis sous mandat de dépôt et une information judiciaire a été ouverte contre eux.

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