Silencieux depuis toujours et malgré tout. C’est à se demander légitiment, si au fond, Karim Wade veut, ou du moins, a t-il jamais eu les ambitions de diriger le Sénégal qu’on lui prête ? Est-ce qu’il cherche à être perçu autrement que le fils de Wade est déjà.
Karim Wade silencieux
Ces derniers mois ont été marqués par une véritable prise de pouvoir de l’opposition virtuelle qui s’organise chaque jour davantage sur les réseaux sociaux autour de diverses questions, parmi lesquelles le cas Karim Wade. Cela a permis à ce dernier d’occuper toujours l’espace public, de rester présent dans les esprits. Malgré son absence Karim Wade demeure dans le landerneau politique sénégalais et occupe toujours une bonne place dans l’espace public, son nom étant associé sans conteste, à quasiment tout débat, calcul ou analyse politique. En dépit de tout, des stratégies de son père pour le mettre aux commandes du Pds, des accords conclus concernant le supposé «deal» qui l’a contraint en exil au Qatar, puis des tentatives de le faire rentrer au bercail, en passant par une forte mobilisation de ses sympathisants, il est resté aphone sur toutes les questions qui l’interpellent.
A t-il une claire conscience de la situation actuelle où, il semble désigné par certains membres du Pds comme le candidat à la présidentielle de 2019 ?
Karim Wade continue de jouer le jeu de Macky Sall et risque de perdre ces nombreux sénégalais, citoyens lambda épris de justice qui avaient jugé arbitraire son emprisonnement.
Karim Wade continue de jouer le jeu de Macky Sall et risque de perdre ces nombreux sénégalais, citoyens lambda épris de justice qui avaient jugé arbitraire son emprisonnement. Alors que des mouvements de soutien, des élans de sympathie, des groupes whatsApp se créent et que la massification à la GC se poursuit, Karim Wade, l’on comprend mal qu’il continue de s’emmurer dans ce silence imposé, laissant ses lieutenants aller au charbon à travers des explications qu’ils ne maitrisent pas, souvent aériennes et laborieuses. Pour respecter les termes d’un deal ? En tout cas, cela ne convainc pas ses partisans. Pourtant il était bien placé, mais devient de moins en moins présidentiable alors que quelques mois plus tôt, il l’a certainement été plus que d’autres. Sa discrétion, pour ne pas dire son silence, jadis perçue comme résignation et endurance stoïque, a désormais des relents de passivité, exhalant plus une odeur de compromissions avec le Macky, -de complicité dans ce «fameux deal» dont les termes émiettés parviennent à l’opinion publique de temps en temps, par l’indiscrétion de politiques pour ou contre sa cause-, que d’une résistance pacifique face à un pouvoir oppresseur.
Certains vont jusqu’à penser qu’il verse dans du snobisme politique, tant Karim Wade parait de marbre devant à sa situation. Alors, est-il ou a-t-il été jamais conscient de ce capital de sympathie dont il jouit auprès des sénégalais ? Saisit-il suffisamment la portée de toute cette mobilisation autour de sa personne. A t-il réellement des ambitions politiques ou est-il convaincu de son dessein de futur dirigeant ? Sinon, qu’est-ce qui explique qu’il ne pipe mot, même pas pour sa défense, pour faire taire les rumeurs, pour haranguer ses militants ou pour confirmer son engagement politique ? Il ne s’est jamais prononcé personnellement sur son cas, préférant laisser ce soin à ses nombreux défenseurs, qui d’ailleurs ne parlent pas souvent le souvent le même langage, comme cela a été le cas avec les mille et une date annoncées de son retour, toujours pas effectif.
Attendre que Karim se prononce ou s’affirme candidat à une quelconque élection, c’est vraiment être dans le déni.
D’autres, plus formels et peut-être plus réalistes sont d’avis qu’«attendre que Karim se prononce ou s’affirme candidat à une quelconque élection, c’est vraiment être dans le déni». Et cet, «arrangement» négocié avec Macky pour sa sortie de prison n’arrangerait finalement pas les choses pour Wade fils ; «on lui carrément demander de s’exiler dans un pays où il n’y a pas une forte communauté sénégalaise. Donc pas la France, ni l’Espagne, ni l’Italie pas du en Europe. Il devait aller dans un pays où les sénégalais ne représentent pas un taux électoral important. Qatar reste un choix stratégique. Et, jusque là il n’ose trahir les accords du deal, il n’ose même pas mobiliser ses troupes, il ne peut même pas leur parler. Toutes ses communications sont contrôlées. Quand ça téléphone trop, il est rappelé à l’ordre», d’après certaines indiscrétions.
Toutes ses communications sont contrôlées. Quand ça téléphone trop, il est rappelé à l’ordre», d’après certaines indiscrétions.
Pour qu’il ne parle pas une bonne fois, pour apporter des réponses, éclairer l’opinion publique ou au moins démentir les graves accusations afférentes à son exil forcé chez les qataris, soit il est un excellent communicateur pour choisir ainsi le silence, soit il est lucide sur ses carences ou limites en tant que leader et ses chances minimes concernant la présidentielle 2019.
Rokia Pedro Thiam