Monsieur le Président, notre compatriote Assane Diouf, qui a défrayé la chronique pendant plusieurs semaines, avec ses vidéo-live corrosives, émettant depuis les plateformes de facebook et youtube, et s’en prenant farouchement à des personnalités du pays, en les auréolant de chapelets d’injures, a lui-même révélé, de vive voix, dans une de ses dernières vidéos (toujours disponibles sur le web) qu’il est un consommateur assidu de chanvre indien ! Et joignant l’acte à la parole, il a exhibé, devant ses milliers de followers ébahis, une liasse de billets de banque en soutenant qu’il n’était pas dans le besoin, et qu’il pouvait (je le cite) : «se procurer ses «joints» quand bon (lui) semble» !
Dans ses diatribes, il semble, certes légitimement, exprimer des opinions citoyennes, comme constitutionnellement garanties à tout citoyen, mais en les ponctuant d’injures acerbes, que personne ne saurait cautionner (comme je l’ai toujours souligné dans toutes mes sorties publiques sur le sujet). Ce faisant, il n’est pas besoin d’être un spécialiste en addictologie pour savoir que notre compatriote est victime d’une narco-dépendance chronique, qui le marginalise de fait de nos us et coutumes, lesquels bannissent toute conduite asociale, de surcroît préjudiciable à l’honorabilité et la respectabilité de tiers.
Ce qui nous amène à croire que la place de notre compatriote Assane Diouf, ne saurait être la prison mais bien dans une structure spécialisée de désintoxication, comme le CEPIA (Centre de prise en charge intégrée des addictions), que vous avez-vous- même fait construire avec l’aide de partenaires au développement, comme la Mairie de Paris, l’Onudc, le Fonds mondial, entre autres. Et qui est opérationnel depuis décembre 2014.
Les victimes d’addiction y subissent un traitement à base de méthadone (un euphorisant simulant les effets de la drogue) qui leur permet de supporter les rigueurs de la cure, sans trop pâtir des «effets de manque», jusqu’au sevrage complet. Facilitant ainsi leur affranchissement de l’esclavagisme de la drogue et favorisant par ricochet leur réinsertion sociale. Les arsenaux juridiques des Etats modernes ont beaucoup évolués depuis l’impact grandissant des substances hallucinogènes dans notre vie communautaire. C’est ainsi que la notion d’«injonction thérapeutique» a été adoptée par le droit français, depuis 1970, en même temps que le «délit d’usage de stupéfiants» ; elle correspond à une obligation de soin, à laquelle accepte de s’astreindre le prévenu, contre une remise de sa peine.
Monsieur le Président, je me fais le devoir d’en appeler solennellement à votre magnanimité et à votre sens de l’humain, pour vous demander de vous inspirer du bel exemple du Pape Jean Paul II lorsqu’il a essuyé, le 13 mai 1981, sur Place Saint-Pierre de Rome, les tirs de l’arme à feu du militant fanatique de l’extrême-droite turque, Mehmed Ali Agsa. Bien qu’ayant subi de graves blessures, qui ont failli le faire passer de vie à trépas, le Pape a agréablement ému le monde entier en faisant preuve d’un altruisme digne de respect. Dès sa sortie d’hôpital, il a non seulement annoncé aux fidèles qu’il avait sincèrement pardonné à «(son) frère Agca», mais leur a demandé de prier aussi pour ce dernier, avant de se rendre dans la prison italienne, au chevet de son agresseur.
Le Pape resta en contact régulier avec la famille de celui-ci, jusqu’à sa mort.
Monsieur le Président, votre foi en Dieu et en son vénéré Prophète Mouhamed (psl) vous permettront aisément de vous inspirer des épreuves que le Messager d’Allah a endurées avec foi et bienveillance, en gardant constamment à l’esprit que c’est Dieu Lui-même qui a décrété la sacralité de TOUS les êtres humains, quelles que soient leurs imperfections : «Wala khad karamnaa bani adama» (Nous avons élevé l’Homme à la Seigneurie). Comme le rappela le Prophète Mouhamed (psl) à ses compagnons, furieux, qui tenaient à infliger un châtiment corporel à un ivrogne qui venait d’uriner dans la Sainte Mosquée de Médine. Il fit preuve de la même grandeur d’âme, lorsqu’une horde de khoureïchites haineux l’avaient hué, conspué et INSULTÉ DE PÈRE ET DE MÈRE, au moment de son départ en exil : il leur accorda à tous son pardon. Car, comme aimait à le rappeler l’honorable Khalife-pacificateur- unificateur, Serigne Abdou Aziz Sy Dabakh : «Dioulit dou ay wakhi késsé ? Dioulit ay dieuf leu. Dioulit day diégueulé di diéleulé» (Etre croyant ne signifie pas se limiter à théoriser sa foi. La croyance doit se traduire en actes concrets. Le croyant doit
s’évertuer à pardonner et à faire acte de dépassement).
Cela ne ternira en rien votre autorité. Bien au contraire ! Dieu fasse que vous surpreniez agréablement tous les croyants de ce pays, en saisissant l’opportunité de ce jour saint de la «Station de Arafat», étape importante du pèlerinage aux lieux saints de l’Islam, en prélude à l’Aid-el- Kébir, pour accorder votre pardon à notre jeune compatriote, Assane Diouf. Le Messager d’Allah, après avoir délivré son sermon d’adieu, avant son rappel à Dieu le 8 juin de l’an 632, a enseigné que «le jour de Arafat est un jour de Miséricorde, lors duquel les anges porteurs de la Clémence de Dieu envahissent l’univers, pour absoudre les péchés des croyants».
Avant d’ajouter : «Si vous voulez qu’Allah vous fasse miséricorde, faites donc miséricorde aux autres» ! Monsieur le Président, vous rendrez incontestablement un immense service à la Paix et contribuerez considérablement à stabiliser le climat social de notre cher pays en faisant veiller à ce que la sécurité et l’intégrité physique de Assane Diouf soit rigoureusement sauvegardées. Tout en vous inscrivant dans une logique d’apaisement, en vertu de votre posture régalienne de «Président de tous les Sénégalais».
Mame Mactar Guèye
Sg RDS, vice-pdt JAMRA