Ibrahima Sène du Parti de l’indépendance et du travail (PIT) a fait le bilan des élections législatives du 30 juillet dernier. Il a disséqué, dans une longue tribune, les nombreuses manœuvres de l’opposition pour tenter de décrédibiliser le régime de Macky Sall. Et cela a débuté dès le lendemain de la consultation populaire de 2016. Un extrait de son analyse du dernier scrutin législatif.
A la sortie du Référendum de Mars 2016, le faible taux de participation au vote avait ressuscité la problématique de l’existence d’un « stock mort » d’environ un million d’inscrits dans le fichier électoral de 5 millions, qu’il fallait éliminer par une nouvelle refonte avant la tenue des Législatives.
Cette nécessité fut unanimement admise par les acteurs politiques et la société civile du pays.
C’est pour cette raison que le gouvernement a choisi de procéder à cette refonte du fichier électoral à travers la mise en place de la nouvelle Carte d’Identité biométrique adoptée par la CEDEAO.
Ce faisant, le gouvernement avait proposé, pour éliminer le « stock mort » de demander, lors des inscriptions, aux citoyens de confirmer leur désir d’obtenir « une Carte d’Identité jumelée à une Carte d’électeur », ou leur « Carte d’Identité » uniquement.
Cette proposition a soulevé une levée de bouclier de la part de l’opposition qui y voyait une manœuvre du pouvoir pour rayer leurs sympathisants du fichier électoral.
Le gouvernement dut y renoncer pour que cesse cette polémique artificiellement créée par l’opposition, pour semer le doute dans l’opinion quant aux intentions du gouvernement dans la refonte du fichier électoral.
Cette reculade du gouvernement a empêché de liquider le « stock mort » du fichier électoral.
Il était donc retenu par consensus, acté par une loi adoptée à l’unanimité à l’Assemblée nationale, de viser un enrôlement dans le nouveau fichier électoral de 4 millions d’inscrits dotés de la nouvelle Carte CEDEAO, mais, si ce nombre n’a pas été atteint à la fin des inscriptions, l’ancien fichier électoral de 5 millions d’électeurs avec son « stock mort » serait utilisé pour les Législatives du Juillet 2017.
Ce consensus sur le processus électoral a aussi prévalu lors de la révision du Code électoral où les rares points de divergence ont été soumis, comme à l’accoutumé, à l’arbitrage du Président de la République.
Mais le premier couac dans ce consensus est intervenu au sein du Comité de Suivi du processus électoral, lorsqu’une partie de l’opposition a refusé de siéger avec des représentants d’autres partis légalement constitués, au prétexte que ce sont des forces de diversion.
Cette volonté manifeste de l’opposition de se donner ainsi un prétexte pour se démarquer du reste du processus électoral afin de justifier leur refus d’une défaite éventuelle, met à nu leur objectif véritable de décrédibilisation du scrutin de juillet 2017.
Et comme l’occasion fait le larron, cette partie de l’opposition s’est jetée sur les problèmes techniques rencontrés dans les inscriptions, l’édition et la distribution des nouvelles cartes CEDEAO, pour tenter d’obtenir le report des Législatives de Juillet 2017, pour s’en servir pour accuser le gouvernement de « sabotage » du processus électoral à des fins de pérénisation de sa majorité parlementaire.
Le gouvernement n’est pas tombé, cette fois, dans ce piège évident, en assumant toutes ses responsabilités pour la tenue, le 30 juillet 2017, des Législatives, comme cela a été convenu à cause de la période du Ramadan.
C’est devant cette situation de crispation des rapports entre le pouvoir et cette frange de l’opposition qui était en train de polluer l’atmosphère politique, que les organisations de la Société civile du pays ont entrepris une médiation pour restaurer un dialogue sur le reste du processus électoral, afin d’obtenir un consensus devant permettre la tenue des Législatives à date échue, dans un climat de paix civile.