Nous faisions partie des voyageurs qui ont pris le vol de la compagnie équato-guinéenne CEIBA Intercontinental, samedi 5 septembre à 17h30, à Dakar pour Cotonou. Après plus de trois heures de vol, alors que nous nous attendions à un début de descente de l’avion vers Cotonou, qui était la destination finale d’une centaine de passagers, le commandant de bord annonça que pour des raisons techniques et de sécurité, il était obligé de faire cap sur Malabo.
Que s’était-il passé ? L’équipage n’a pas donné plus d’informations sur les raisons de cette escale sautée où devaient débarquer les voyageurs pour l’essentiel (une centaine), car il y avait tout au plus une vingtaine de personnes qui allaient débarquer à Malabo. Le reste du trajet vers Malabo, d’une durée d’une heure environ, après l’annonce du pilote allait se passer dans un silence pesant. C’est au cours de ce trajet, que l’un des passagers de la classe affaires qui tenait son information de l’équipage est venu nous confier que l’avion était entré en contact avec un autre …avion.
En effet, les passagers avaient ressenti, plus d’une grosse demi-heure après le décollage de Dakar, un bruit sourd et rapide apparemment sous l’avion. Mais comme l’avion avait continué son vol, les passagers étaient loin d’imaginer ce qui s’était passé. A l’escale de Malabo, une personne vêtue d’un gilet de CEIBA est venu dans la salle de transit nous raconter qu’un oiseau était à l’origine du problème qui avait fait dérouter l’avion.
Après une attente de plus de deux heures, les passagers pour Cotonou prenaient place à bord d’un autre avion du même type, un Boeing 737-800 de la même compagnie qui allait les déposer à Cotonou vers 2h30 dans la nuit de samedi a dimanche. Au lieu de l‘arrivée prévue de 21h30 le samedi. C’est dimanche matin que nous avons appris qu’un petit avion en route pour Dakar s’était abîmé quelque part. A partir de ce moment, nous avons pensé à cet avion avec lequel celui de CEIBA était entré en contact.
Nous n’avons pas compris, suite à cet abordage (langage en cours dans l’aviation au lieu de collision) qui a été donc confirmé par la suite, pourquoi l’avion de CEIBA avait continué son trajet durant plus de trois heures avec une aile endommagée (d’après le ministre des Transports aériens lors de sa conférence de presse tenue lundi 7 septembre à Dakar).
Il faut noter que la dernière heure du vol entre Cotonou et Malabo s’est passée pour l’essentiel au-dessus de l’océan.
Nous sommes en droit d’estimer que la compagnie a joué avec la sécurité de ses passagers. Il y a surtout le fait qu’elle n’a pas dit la vérité à ses passagers. Passe encore qu’au cours du vol, le commandant de bord ait tu ce qui s’était passé pour ne pas créer une panique à bord. Mais une fois arrivés à Malabo, la moindre des choses était d’informer les passagers, au lieu de les abuser avec cette histoire d’oiseau.
Nous tenions à apporter ce témoignage, une semaine après notre retour à Dakar. Les citoyens de ce pays ont droit à l’information et à la bonne. La sécurité du voyage par avion est trop sérieuse, nous estimons que chaque responsable, à quelque niveau qu’il se situe de la chaîne, doit prendre ses dispositions pour préserver la vie des passagers. Enfin, au moment où des recherches, nous dit-on, sont effectuées pour retrouver l’épave du petit avion, nous avons une pensée pieuse pour ces sept passagers et compatissons à la douleur de leurs familles. Nous partageons la douleur de l’épouse du médecin, Awa Ngom, femme de grande vertu à qui nous souhaitons d’avoir la foi de supporter cette dure épreuve.
Mamadou KOUME
Passager du vol CEIBA C2 071 du 5 septembre
Dakar-Cotonou, siège 11C