RETOUR SUR LA DÉROUTE DE BBY À TOUBA – Les 15 causes d’une chute pratiquement libre…

RETOUR SUR LA DÉROUTE DE BBY À TOUBA - Les 15 causes d’une chute pratiquement libre…

1-  La pauvreté  et la frustration des populations des quartiers périphériques- C’est sans doute la cause principale de la défaite de la coalition Benno Bokk Yakaar pour ces législatives de 2017 à Touba.  Les spécialistes en matière de démographie sont unanimes à dire que la cité religieuse est l’une des villes au Sénégal dont la population accroit exceptionnellement vite.  Cette vitesse exponentielle de l’accroissement de la population fait que cette dernière est estimée à prés de deux millions d’habitants.  Des familles entières quittent les quartiers inondées des  capitales régionales Sénégalaises comme Dakar ou encore les centaines de villages désertés pour venir habiter les quartiers périphériques ou santhianns.  Du coup, Touba s’élargit géographiquement au quotidien.  Des milliers de personnes inondent ainsi des terres vierges.  Elles seront confrontées à des problèmes d’eau, d’électricité que les hommes politiques feindront d’ignorer.  Leurs doléances, elles les feront savoir à l’Etat par l’entremise de la presse. Elles auront beau se plaindre, rien ne sera fait pour les soulager. La pauvreté ne les fera pas porter des brassards rouges ou organiser des marches et autres sit-in. A Touba, rien ne se règle de la sorte. Il faut ce respect obligatoire à accorder au Khalife Général des Mourides dont il est toujours urgent de sécuriser la quiétude. Les gouvernants semblent profiter de la situation pour prêter juste une oreille sourde aux sollicitations. Motus et bouche cousue- tout le monde s’inscrit sur les listes électorales et tâche de récupérer sa carte (plus de 80% de taux de retrait). Le jour des élections, elles sanctionnent et retournent tranquillement chez elles et attendent les prochaines échéances.

2-  L’absence de responsabilisation du leadership local des santhianns- Depuis quelques années, les populations des quartiers périphériques ont découvert le jeu peu courtois des politiciens qu’elles ne voient qu’ à l’approche des élections et qui disparaissent tout juste après. Elles estiment qu’elles sont utilisées pour satisfaire des ambitions et jetées aux oubliettes par la suite. C’est ainsi qu’elles ont commencé à promouvoir un leadership, malheureusement bloqué par les gros bonnets des villes.  Leurs candidats ne figurent dans aucune liste, n’occupent aucun poste de responsabilité. Ils sont laissés au gré du vent politique comme si leur présence n’était que pour amuser la galerie. N’ayant aucune raison de voter pour la mouvance présidentielle, elles votent contre.  À Mbacké, aucun candidat inscrit sur les listes n’est issu du monde rural. Ce fait, malgré la victoire de Bby dans ces localités, risque de changer la donne en 2019 au vu de l’ampleur de la frustration. Pour ce qui concerne les Santhianns, le problème semble insoluble…pour le moment.

3-  Difficultés liées à l’obtention de financements chez les femmes de Touba- À Touba et Mbacké il reste établi que l’essentiel de l’électorat est féminin.  Pourtant, force est de constater que rares sont celles qui bénéficient des financements octroyés par l’Etat du Sénégal. Depuis que le ministre Moustapha Diop est venu leur faire croire à sa ferme volonté de leur accorder une bonne partie de ces financements, elles ont crié sur tous les toits n’avoir rien vu. Avant le Lougatois, c’était la Kaolackoise Mariama Sarr, moins efficace que quiconque dans ce cas de figure. Seules les femmes de l’Alliance Pour la République bénéficieront du soutiens sporadiques d’un député de la place, plongeant la grande majorité dans le désarroi profond.

4-  L’organisation des élections en période d’hivernage- Et c’est , peut-être l’une des grandes erreurs. C’était l’occasion de mettre à nu les failles du réseau d’assainissement de Touba malgré la pléthore de milliards que l’Etat  dit avoir dégagé.  Cette année, il a fallu une seule pluie pour que le marché Ocass soit inondé et une deuxième pour qu’elle soit complètement inaccessible.  Plusieurs quartiers sont débordés par les eaux pluviales. Touba a vite renoué avec les inondations. L’absence de paratonnerres cause la mort de deux enfants. L’opposition profite de la situation et déploie une bonne partie de sa campagne autour des désagréments enregistrés.  Les populations sont enragées.  Ce qui se passe est inacceptable.  Des petites rues de quartier en phase de bitumage ont fini de jeter l’huile sur le feu. À Touba, tout le monde parle de supercherie politique et chacun refuse de tomber dans le piège, s’il en était un.

5-  Le recrutement tous azimuts de cadres de l’opposition- Alors que ses ( Apr) leaders locaux de la première attendent de recevoir des appuis d’ordre financier, la coalition Benno Bokk Yakaar était plutôt préoccupé par ses activités de débauchage.  Mame Say Mbacké de Rewmi est décrochée, tout comme Aida Gaye, Mame Mbaye  Niang, Sokhna Adji Seck du Pds,  Baye Modou Diop etc…d’ailleurs. Des rumeurs parfois fausses circulent. L’on dit qu’ils ont été reçus et récompensés à coups de millions de francs. La frustration s’agrandit.

6-  Le vote-sanction silencieusement mûri- C’est la résultante principale  de ce qui précède. En effet, la frustration a été tellement grande que l’on pourrait estimer miraculeux que certains responsables de la coalition Benno Bokk Yakaar demeurent disciplinés politiquement. Il n’y a pas de doute. Plusieurs leaders qui s’étaient sentis trahis ont tourné silencieusement le dos à la mouvance.  Nul besoin de les citer. Ils se reconnaitront.  À Mbacké, ceux qui ont sanctionné leur propre coalition ont fini de se dénoncer ; il s’agit des anciens proches du maire Abdou Mbacké Ndao et qui l’ont porté  à la tête de la commune.  Abdou Aziz Ndiaye et collaborateurs ont  choisi d’aller soutenir le Pds pour combattre le maire. Leur force de frappe a été sous-estimée mais elle a fait mouche, à bien des égards.

7-  L’absence regrettable des députés sortants de Bby sur le champ politique- de la défaite de la coalition Bby à Touba, les députés sortants de la dernière législature devraient revendiquer une grosse part des responsabilités. Ces députés sont Mame Khary Mbacké, Amy Cheikh Yaba Diop …de véritables fantômes et complètement inutiles  politiquement à la mouvance et à son chef. Oumar Sarr, invisible et parfois même oublié. Moustapha Cissé Lô, victime de sa réputation malgré les efforts parfois colossaux financièrement consentis  au profit des populations et  enfin Abdou lahad Seck Sadaga, le seul qui s’est débattu, accordant financements et semences aux femmes et aux pères de familles nécessiteux. D’ailleurs, ils seront les seuls à être reconduits comme députés sur la liste nationale.  Visiblement pour le Président Macky sall, il était question de les récompenser. L’offre en terme de services au bénéfice des populations par les députés était finalement très en deçà de la demande.

8-  La liste départementale et les mauvais choix- Le choix des personnes a aussi exacerbé les frustrations. Si Aliou Sylla, Cheikh Abdou Bali, Mor Gaye, Faty Ndiaye,  Nogaye Diouf,  et Omar Ndiaye Angloma n’ont posé aucun problème, celles de Mariama Diallo, Bineta Dieng, Abdou Mbacké Ndao ont été absolument contestées.  Pourtant, la logique donne de droit une place de titulaire au maire de Mbacké pour avoir dominé toutes les élections auxquelles il a pris part depuis les dernières locales. Pour ce qui concerne les deux femmes, la stupéfaction de certains a été immense.  À ce jour, nul n’a déploré la désignation de Cheikh Abdou Bali comme tête de liste départementale.

9-  Le ferme engagement du Khalife de Darou Salam de combattre le maire de Mbacké- Serigne Djily Mbacké  n’a, en effet, voulu rien entendre.  Et il le fera savoir à tout le monde et particulièrement à Moustapha Cissé Lô. « Je m’évertuerai de toutes mes forces à faire tomber toute liste où figurera Abdou Mbacké Ndao. Il m’a déclaré la guerre et il aura la pièce de sa monnaie. S’il gagne, ce sera contre ma volonté ».  Un discours rageur et des menaces mises en exécution. Le Chef religieux a personnellement mené le combat et il promet de continuer. Ajoutons, dans ce cadre, ses rivalités jamais dominées entre le maire et Gallo Bâ malgré l’appel à la paix lancée par plusieurs bonnes volontés.

10-Le combat sournois mené contre Cheikh Abdou Bali par des Mbacké-Mbacké- Seuls les plus audacieux l’ont reconnu. Cheikh Abdou Bali a été combattu par ses propres parents Mbacké-Mbacké, jaloux et soucieux de le voir relever un défi particulièrement difficile de faire gagner le Président Macky à Touba. Que dire de ces fils du Khalife Général des Mourides qui l’ont accusé d’avoir brandi à tort un ndigël du patriarche de Gouye-Mbinde destiné aux populations en sa faveur. Il se voudra pourtant clair, récusant ses accusations précisant qu’il n’avait bénéficié d’aucun ndigël de ce genre, mais hélàs…

11-La grave erreur de communication commise par un fils du Khalife- Les ndigëls politiques voilés, les populations de Touba en ont visiblement horreur. C’est à ce jeu, à bien des égards, que l’un des fils du Khalife des Mourides a essayé de jouer.  En effet, aux détours d’une réunion avec les chefs de village fiévreusement enrôlés pour la cause, ce Mbacké-Mbacké a tenté de faire croire aux populations que son père soutenait ouvertement la liste de la coalition Benno Bokk Yakaar.  Mieux que chacun devrait se considérer comme obligé de voter pour cette liste puisque ce qui a été dit n’était pas loin d’être une consigne de vote. Les premiers démentis proviendront de sa propre famille et de ses propres frères. Deux d’entre eux produiront des vidéos et éléments sonores à travers le net et contacteront la presse pour faire part de leur colère.

12-Le retard accusé dans le démarrage par Cheikh Abdou de sa campagne- En un moment donné, les leaders de la coalition Présidentielle ont eu peur . Leur tête de liste a  beaucoup tardé à descendre sur le terrain politique. Les raisons sont néanmoins connues de tous. Le cheuf religieux a perdu, coup après coup, deux membres de sa famille…ses frères.  Il s’agit notamment de Serigne Aliou Mbacké et de Serigne Issakha Mbacké. Ce dernier avait, parmi ses dernières volontés, pris la ferme résolution de soutenir Cheikh Abdou. Un coup dur au moral qu’il tentera vainement de transcender. Il a visiblement perdu tout son talent de communicant.

13- La rétention des moyens financiers imputée à Cheikh Abdou Bali- Pourtant, selon ses collaborateurs au sein de la coalition, il n’a pas été blanc comme neige dans le registre des personnes à qui il faudra imputer la défaite. L’on dit, en effet, qu’il n’a jamais su pompeusement libérer les moyens financiers. Dans les rues, couraient pourtant les rumeurs d’une quarantaine de millions qu’il aurait reçue. À tort ou à raison, ces accusations sont lourdes. Reste à savoir si l’absence de moyens financiers a été déterminant dans  cette déroute.

14- L’arrivée de Wade-  En choisissant de faire un saut à Touba, Abdoulaye Wade a pratiquement bouleversé les statistiques.  Un monde immense le suivra de Mbacké à la grande mosquée. Même la manipulation dont une partie de la presse a été victime n’y fera rien. En effet, certains avaient vainement essayé de circuler la rumeur selon laquelle Wade a été interdit de pénétrer dans la mosquée.  Le fait qu’il soit venu pratiquement les mains vides (moins de 30 millions) ne l’empêcheront pas de voir plusieurs hauts dignitaires de la confrérie et de glaner des soutiens à peine voilés.  Il réussira à juguler l’impopularité notoire de ses lieutenants.  Le rappel à Dieu de Serigne Aliou Mbacké lui fera renoncer à son meeting mais il avait déjà reconquis le cœur de la grande majorité des populations.

15-Le sabotage noté le jour des élections-  Enfin, la goutte d’eau qui aura fait déborder le vase. En remarquant que les bureaux de vote tardaient terriblement à démarrer, les bulletins de Wade parfois invisibles dans les rares bureaux qui ont démarré aux environs de 13 heures, les populations ont senti un parfum de sabotage délibéré de l’administration en connivence avec les leaders de la coalition présidentielle. Un sentiment de révolte est tout de suite né, les gens ont voulu voter et sanctionner par tous les moyens. Ceci aussi a partcipé de la défaite…

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