Trois mois après son arrivée au pouvoir, Emmanuel Macron a vu sa popularité baisser très rapidement. Ses choix budgétaires et les récentes polémiques qui ont émaillé l’été ont pesé dans la balance.
Le 7 mai 2017 au soir, Emmanuel Macron remporte l’élection présidentielle avec 66,1 % des suffrages. Pour une partie des Français, c’est le soulagement. Beaucoup disent alors avoir « évité le pire » avec la défaite de Marine le Pen. La crainte de voir la candidate frontiste accéder au pouvoir était par ailleurs partagée par une partie des chefs d’Etats étrangers, l’Europe en tête.
De Donald Trump à Angela Merkel, de Justin Trudeau à Matteo Renzi, le monde salue la victoire du candidat d’En marche !. Dans la presse étrangère aussi, les louanges pleuvent, certains allant même jusqu’à voir en Emmanuel Macron l’image d’un messie marchant sur l’eau.
Porté sur un piédestal à son arrivée au pouvoir, il a subi en cen jours une chute des plus brutales. La cote de popularité du président français connait une baisse spectaculaire dans les sondages. Selon un dernier sondage IFOP, seul 36 % des Français se disent satisfaits de son action. Un tel décrochage n’avait pas été observé depuis Jacques Chirac en 1995.
Une bonne note à l’international
Dès le début de son mandat, Emmanuel Macron cherche à s’imposer comme un homme fort sur la scène internationale. En trois mois, il aura accueilli de nombreux chef d’Etats. Parmi eux, Vladimir Poutine, reçu en grandes pompes à Versailles moins de trois semaines après l’élection de son homologue français.
Un mois et demi-plus tard, au tour de Donald Trump d’être convié par Emmanuel Macron. Le chef de l’Etat français fait du président américain l’invité d’honneur du défilé du 14 juillet. L’occasion pour les deux présidents de jouer une nouvelle fois à celui qui aura la poignée de main la plus ferme.
Enfin, le dernier coup politique du président français sur la scène internationale s’est joué à la Celle-Saint-Cloud près de Paris. Emmanuel Macron y a réuni les deux frères ennemis libyens pour un rendez-vous diplomatique conclu par un engagement de cessez-le-feu en Libye. Un succès qui aura tout de même eu pour conséquence de faire grincer les dents des Italiens, froissés de ne pas avoir été prévenus de cette initiative.
Des premiers déboires judiciaires
Si à l’extérieur Emmanuel Macron a su convaincre, à domicile c’est une autre histoire. Promesse de campagne, la loi sur la moralisation de la vie publique a été l’une des priorités de ce début de quinquennat, l’une des premières tâches d’huile aussi. Car avant même que François Bayrou – alors Garde des Sceaux – ne présente son projet de loi devant l’Assemblée nationale, le Canard enchaîné publiait une série de révélations impliquant des élus Modem au parlement européen. L’enquête concernant les emplois présumés fictifs au Modem a entrainé le départ de trois ministres, dont justement François Bayrou, pilier de la campagne d’Emmanuel Macron.
A ces affaires viennent s’ajouter d’autres soupçons, impliquant cette fois-ci la ministre du Travail. Le nom de Muriel Pénicaud apparait en effet dans une enquête judiciaire pour favoritisme présumé chez Business France, une agence qu’elle dirigeait autrefois.
Des choix budgétaires impopulaires
La loi sur la moralisation de la vie publique, mesure phare et attendue par une partie des Français n’a pas fait oublier d’autres projets bien moins populaires, notamment en matière de fiscalité.
Emmanuel Macron a en effet essuyé quelques critiques après l’annonce de la baisse de l’ISF, initialement prévue pour 2019. D’abord attaquéee par certains à gauche, la réforme a ensuite mis vent debout les libéraux qui ne souhaitaient pas attendre deux ans avant la mise en application de cette baisse.
Depuis son élection, le président a également mis en colère les fonctionnaires avec le gel du point d’indice et les retraités avec l’annonce de la hausse de la CSG. Au cœur de l’été,l’annonce de la baisse de 5 euros des APL – des aides au logement pour les locataires – a, enfin, cristallisé toutes les critiques. Autant d’écueils qui ont entaillé une bonne partie de la cote de popularité du chef de l’Etat.
Une communication verrouillée
Il aura donc fallu moins de cent jours à Emmanuel Macron pour rendre près de deux tiers des Français sceptiques. Moins de cent jours également pour créer une crise sans précédent avec le chef d’état-major des armées, qui a conduit le général Pierre de Villiers à démissionner.
Après ce couac largement commenté par la classe politique, Emmanuel Macron avait pourtant tenté de rectifier le tir. En déplacement sur la base militaire d’Istres dans le sud de la France, le président de la République avait revêtu une combinaison de pilote de l’air et tenté de redorer son image auprès des militaires, à coup d’annonces budgétaires.
Las, la comparaison avec Tom Cruise dans Top Gun en a fait sourire plus d’un. D’autant que, quelques semaines plus tôt, Emmanuel Macron s’était déjà fait hélitreuiller à bord d’un sous-marin nucléaire. Une manière de couper court à l’image de « président normal » qu’avait souhaité François Hollande avant lui.
Pour se démarquer un peu plus de son prédécesseur, l’entourage d’Emmanuel Macron, sur sa demande, a verrouillé sa communication. La discrétion est de mise, même lorsqu’il s’agit d’évoquer les vacances du couple présidentiel.
Après plusieurs jours de silence, le président français et son épouse ont finalement été aperçus à Marseille, dans le sud de la France. Une destination culturelle et populaire qui ne tient pas du hasard. Le chef de l’Etat espère ainsi contrecarrer son image de technocrate issu du monde des affaires. Un second souffle, avant une rentrée qui s’annonce particulièrement chargée pour l’exécutif.