L’attaque, la nuit dernièredu café< Istamboul> au BurkinaFaso, nous interpelle à un double titre.
D’abord, il est désolant de constater que l’attaque a eu lieu presque au même endroit que la précédenteil ya un peu plus d’un an. Pour narguer des forces de sécurité et étaler au grand jour la vulnérabilité de tout un pays, on ne peut faire mieux.
L’attaque révèle qu’a part des éléments de dissuasion apparents comme, les patrouilles et peut être une garde statique, rien en termes de détection de surveillance hostile n’a probablement pas été mis en place. Sinon comment expliquer ce quasi remake de l’attentat du< Cappuccino >?
Face à l’encrage du terrorisme dans la sous-région, une prise de conscience collective de la menace s’impose. A ce titre et en conjonction avec d’autres stratégies, il serait utile d’impliquer le grand public et vulgariser certains reflexes d’observation et pousser les populationsàinformer les services compétents < sur ce qu’elles voient.>
Voici quelques indicateurs d’activité terroriste.
La surveillance hostile.
Avant d’attaquer, les terroristes surveillent la cible pendant un temps donne pour mieux planifier l’opération. Le but vise est de déterminer les forces, les faiblesses de la cible, les effectifs des personnes susceptibles de réagir en cas d’incident, la cartographie des lieux et des itinéraires d’entrées et de sorties. Ilfaut doncfaire attention aux individusprésents et s’informantfréquemment sans raisonvalable devant un établissement, dessinant desdiagrammes, annotant une carte, utilisant des appareils de vision ou ayant en leur possession des plans d’étage et d’infrastructure critiques comme des entreprises,hôtels, institutions financières ou des établissements gouvernementaux, militaires et para- militaireetc.
Les tests de sécurité
Un terroriste potentiel se déplacera dans des zones sensiblesvisées en observant la réactiondes agents chargés de la sécurité. Ils observent ainsi le temps de réaction des forces de l’ordre et /ou les itinérairesempruntées menant à un emplacement spécifique.
Ils peuvent aussi essayer de forcer des barrières de sécurité physique ou d’enfreindre lesprocédures d’accès afin d’évaluer les vulnérabilitésde l’objectif.
Avec ces tests,Ils essayent d’acquérir le maximum de connaissancequi leur permettra d’atteindre leur cible le moment venu.
Les fausses alertes servent en généralà cela. Quand l’alerte est déclenchée, les terroristes observent et notent la réaction des services de sécurité en termes de temps, de moyens et d’organisation.
L’élicitation
Une autre technique utilisée par les terroristes est celle consistantàrassembler des informations sur un individu, une opérationdonnée ou un endroit particulier. Un exempletype : se renseigner sur des infrastructures critiques et vitales comme une centrale électrique, un système d’approvisionnement en eau potable,un établissementrécréatif, un port ou un aéroport, des ponts, des cargaisons, des bases militaires ou paramilitaires etc.Ces renseignements serviront à mieux atteindre la cible.
Une autre technique utilisée par les terroristes est celle consistantàrassembler des informations sur un individu, une opérationdonnée ou un endroit particulier. Un exempletype : se renseigner sur des infrastructures critiques et vitales comme une centrale électrique, un système d’approvisionnement en eau potable,un établissementrécréatif, un port ou un aéroport, des ponts, des cargaisons, des bases militaires ou paramilitaires etc.Ces renseignements serviront à mieux atteindre la cible.
Les sources de financement.
Les transactions bancaires impliquant d’importantes somment sous forme de dépôts, de retraits ou transferts peuvent être des signes de financement d’activités terroristes., devraient êtresignalées par qui de droit.
Une présence suspecte qui détonne.
Un cinquième signe avant-coureur est l’observation des personnes suspectes à première vue parceque n’étantpas du « milieu ». Ici il ne s’agit pas de « profilage » d’un individu, mais de surveiller un comportement.
Cela signifie qu’à la fois le profil et le comportement des individus doit être pris en compte. Il s’agit par exemple de personnes qui cherchent de manière suspecte à passer des postes frontaliers,de personnes désertant un navire dans un port. La présence insolite de quelqu’un dans un lieu de travail, bâtiment, quartier ou établissement commercial etqui attire l’attention de par son comportement ou de par les questions inhabituelles qu’il pose devrait faire l’objet d’une enquête ordinaire qui pourrait déboucher sur des résultats beaucoup plus significatifs.
Des séances de simulation
En dehors et avant l’exécution d’un plan d’attaque, les terroristes s’entrainent pour travailler sur les couacs et les problèmes éventuels de leur opération. Une séance de simulationpréfigure en général la planification d’un acte terroriste. Si vous trouvez quelqu’un entrain de prêter attention à une fréquence radio de police ou entrainde cartographier des itinéraires, de déterminer la chronologie des feux et le flux de la circulation, il est suspect.
Déploiement ou mise en place de matériels suspects.
Un autre domaine qui doit faire l’objet d’attention particulière est l’acquisition de certains équipements. C’est le cas d’un individu voulant acheter ou voler des matières explosives, des armes ou des munitions. Il pourrait également s’agir de quelqu’un stockant des produits chimiques nocifs. Un terroriste potentiel peut aussi avoir en sa possession des équipements de sécurité, de faux documents d’identification, des uniformes militaires, des cartes d’accès qui faciliteraient son accès à des zones sécurisées ou habituellement interdites.
C’est là une chance inouïe de prévenir rapidement les autorités avant que l’attaque terroriste ne puisse se réaliser.
Au total, Il est d’une importance capitale de se rappeler que les signes avant-coureurs d’une attaqueterroriste pourraient être perceptibles des mois ou années avant. Il s’avère donc nécessaire de prendre en compte et de documenter toutes les informations aussi petites ou insignifiantes qu’elles puissent apparaitre et de les soumettre à l’autorité compétente qui devra articuler les informations reçues dans une stratégie plus globale de prévention du terrorisme. Cette politique du « say what you see » ou « dites ce que vous voyez » a été intégrée par des pays comme les USA dans leur dispositif de prévention contre le terrorisme. Elle ne peut exister d’elle-même ou être simplement basée sur la mise en service d’un numérovert. Les services concernés peuvent utiliser d’autres ressorts de lasociété pour expliquer le concept et enraciner le reflexe au sein des populations.
Il ne s’agit pas de délation, mais d’un acte citoyen. La lutte contre le terrorisme n’est pas seulement une affaire de bureaucrates,de militaires de policiers et de juges. Elle devra s’appuyer sur tous les segments de la société pour une meilleure mitigation des risques.
Mamadou Diouf.
Expert certifiédes Nations Unies en Sécurité.
Ex Commissaire de Police Divisionnaire de Classe Exceptionnelle.
Diplômé d’étudessupérieures sur le terrorisme- Université St Andrews /Ecosse/UK.