Elections au Kenya: plusieurs morts dans des émeutes, l’opposition durcit le ton

La situation est toujours tendue, au Kenya, 24 heures après la réélection d’Uhuru Kenyatta. Dans plusieurs bidonvilles de Nairobi, mais aussi dans l’ouest du pays, plus d’une dizaine de personnes ont trouvé la mort ce samedi 12 août. L’opposition a continué de durcir le ton et affirme, sans en avoir fourni la preuve pour le moment, qu’une centaine de personnes ont été tuées par les forces de sécurité. Les autorités, elles, démentent toute répression politique, dénoncent des pillages et des actes criminels.

Selon les agences de presse, huit cadavres ont été déposés à la morgue de Nairobi. On signale également un tué dans le comté de Kisumu, le fief de Raila Odinga dans l’ouest du pays, ainsi qu’un autre dans le comté voisin de Siaya.

Mais l’opposition campe sur ses positions et annonce que plus de 100 personnes ont été tuées dans la répression des émeutes. « Le ministre de l’Intérieur et la police se sont mis d’accord. Ils ont décidé de tirer pour tuer », explique le sénateur Johnston Muthama. Interrogé pour savoir comment l’opposition pouvait avancer le chiffre d’au moins 100 victimes ? L’élu répond que ces corps ne sont pas visibles dans les morgues. Ils auraient d’après lui été mis dans des sacs et cachés, afin de dissimuler les preuves.

« C’est un Etat de terreur, un régime fasciste », a réagi l’ancien ministre James Orengo. Il soutient qu’une unité paramilitaire d’élite, spécialement entraînée pour mater les émeutes, serait à l’œuvre.

L’opposition a décidé pour l’instant de calmer le jeu vis-à-vis de ses partisans. Le député d’opposition de Kibera Ken Okoth s’est adressé à eux. « Restez calmes et éloignez-vous des zones dangereuses. Ne jouez pas la surenchère avec la police, elle est mieux armée que vous. » L’élu raconte avoir tenté d’aller à la rencontre des émeutiers du bidonville. Mais la police l’en a empêché. « Nos forces armées devraient s’occuper des terroristes shebabs au lieu de tuer des Kényans », a ajouté l’élu.

Selon les autorités, il s’agit de pillages

Du côté du gouvernement, on assure que les protestations ne sont pas des manifestations politiques et que la police ne fait que son devoir. Fred Matiang’i, le ministre de l’Intérieur, s’est exprimé à la mi-journée sur les violences en cours. « Il n’y a pas de manifestations en cours dans le pays. Parce que si les manifestations pacifiques et les grèves sont protégées par la Constitution », a-t-il déclaré.

Le ministre avance qu’il s’agit d’actes criminels et de pillages. « En revanche, les individus et les gangs qui pillent les boutiques, mettent en danger la vie d’autrui et cambriolent les commerces ne sont pas des manifestants, ce sont des criminels. La manière dont ces criminels sont traités dépend des circonstances dans lesquelles ils sont pris et du degré de violence qu’eux-mêmes utilisent contre les forces de sécurité. »

Fred Matiang’i en a profité pour lancer un appel au calme. « Le professionnalisme de nos forces de police ne cesse de progresser, elles sont très bien formées et prêtes à protéger nos concitoyens. Donc je vous adresse à tous cette requête, mes frères et sœurs kényans : le Kenya est notre pays, vous avez le droit d’exprimer votre désapprobation, vous avez le droit d’être mécontents et vous pouvez le manifester de manière légale. »

« Nous aussi sommes vos frères et sœurs, nous sommes votre gouvernement et nous avons suffisamment le sens des responsabilités pour vous écouter et prendre en compte vos plaintes, quelles qu’elles soient. Si vous avez une question à nous adresser, il est de notre responsabilité d’y répondre. Mais s’il vous plait, ne faites pas de mal à l’un de vos concitoyens. »

Quant à l’élection proprement dite, la coalition d’opposition maintient qu’elle ne fera aucun recours en justice. La Nasa est dans une position d’entre deux et tout le monde attend que Raila Odinga prenne la parole. Mais l’opposant reste pour le moment silencieux.
RFI

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