Comme pour pointer un doigt accusateur sur le régime de Macky Sall, la presse internationale a relayé l’arrestation de la chanteuse Amy Collé Dieng pour offense au chef de l’Etat, en tendant le micro aux défenseurs des droits de l’homme et avocats de la défense. Des média comme le monde ont fait un petit historique de toutes les personnes arrêtées pour le même délit en 5 ans de magistère de Macky.
« Au Sénégal la garde à vue d’une jeune chanteuse pour « offense au chef de l’Etat » et « diffusion de fausses nouvelles » défraye la chronique sur les réseaux sociaux et suscite l’indignation de la société civile », ont écrit nos confrères de la Rfi… avant de donner la parole à Alioune Tine, directeur Afrique de l’Ouest et Afrique Centrale d’Amnesty International.
« Le président de la République est dans un camp. Le jour où les dissidents politiques se mettront à lui tresser des lauriers, ça serait suspect. On ne serait plus en démocratie. « Say say », ce qu’elle a prononcé, ça veut dire hypocrite, machiavélique, sournois.
On entend des choses beaucoup plus violentes, comme voleur, etc… Beaucoup plus violents aussi les gens qui viennent dans la campagne électorale avec des couteaux ! On l’a vu. Tout ça est beaucoup plus dangereux et ces gens ne sont pas inquiétés « , dit l’ancien patron de la Raddho.
De son côté, le journal français Le Monde a donné la parole à l’avocat de la chanteuse arrêtée, Me Clédor Ciré Ly, qui a tout bonnement demandé l’abrogation de l’article 254 sur l’offense au chef de l’Etat, qui selon lui est contraire à toutes les chartes signées par l’Etat du Sénégal sur les droits et libertés des citoyens. « C’est un problème qui n’aurait pas dû être créé dans une démocratie », soutient Me Ciré Clédor Ly, l’un des avocats de la chanteuse.
Contacté par Le Monde Afrique, il dénonce « une interprétation abusive de ses propos » et indique avoir « demandé sa libération d’office pour détention arbitraire ». Me Ciré Clédor Ly ajoute souhaiter la disparition de l’offense au chef de l’Etat des législations « sénégalaise et africaine », écrit Le Monde.
La « robe noire » avait déjà réagi avec plus de détails sur cet article dans les colonnes du journal local L’Observateur. »Cet article 254 qui est l’offense au chef de l’Etat est un texte que je dirais napoléonien. C’est pourquoi il est combattu et abrogé partout dans les sociétés démocratiques. Le délit d’offense au chef de l’Etat doit être supprimé, n’étant pas conforme aux dispositions du pacte international relatif aux droits civiques et politiques.
C’est une infraction dont l’origine est monarchique et qui n’a pas sa place dans une société démocratique« , avait-il déploré.
Le Monde ne s’en est pas arrêté là. Le très réputé quotidien de l’Hexagone a tenu à rappelé que le régime de Macky Sall n’en était pas à sa première polémique liée à l’arrestation d’opposant. Ils ont cité les affaires Ouleye Mané. » Au Sénégal, souvent vanté comme un modèle de démocratie sur le continent, le cas d’Amy Collé Dieng et d’Amadou Seck (Ndlr : administrateur du groupe WhatsApp dans lequel la chanteuse est intervenue) n’est pas isolé.
Début juin, trois femmes et un homme ont été inculpés de « diffusion d’image contraire aux bonnes mœurs et association de malfaiteurs » et placés en détention préventive à la suite de la diffusion d’un photomontage jugé offensant pour le président Macky Sall sur la messagerie WhatsApp. Le photomontage montre le visage du chef de l’Etat superposé au corps d’un homme nu. », a renchéri le journal.
Même son de cloche chez le tabloid britannique The Independant, qui a également cité l’affaire Amy Collé dans son journal, comme pour sonner l’alerte sur les atteintes des libertés individuelles des citoyens sous le régime de Macky Sall.