Abdoulaye Bathily : « A bas l’implication des familles présidentielles dans la gestion de nos Etats »

Le professeur Abdoulaye Bathily a estimé que les «bases des régimes se rétrécissent» de plus en plus en Afrique, au profit des membres de la famille, du groupe ethnique et groupe social des chefs d’État.

L’ancien représentant spécial du Secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (Onu) pour l’Afrique centrale est formel : l’émergence des pays africains n’est pas pour demain. Dans un entretien d’une trentaine de minutes accordé à Rama Salla Dieng (Fondation Mo Ibrahim) en marge du week-end de la Gouvernance de la Fondation Mo Ibrahim à Marrakech sur la Gouvernance, le leadership et l’action politique, Abdoulaye Bathily pose et analyse les gros obstacles qui se dressent sur la route menant à l’émergence politique et économique du continent africain.

Sur le plan politique, le professeur Abdoulaye Bathily commence par faire état d’un rétrécissement des «bases des régimes» qui selon lui constitue l’une des principales source de blocage, du fait de la propension des chefs d’État africains à servir d’abord des gens de leur clan, de leur ethnie ou de leur groupe social au détriment de ceux qui les ont portés au pouvoir.

«De plus en plus, les bases des régimes se rétrécissent, on vient au pouvoir souvent sous un mouvement de mécontentement. Mais dès que le régime s’installe, il (chef d’état) écarte ce mouvement populaire ou il n’en fait plus cas ou très peu. Il se concentre à distribuer des avantages à ses proches : les membres de la famille, les membres du groupe ethnique, de sa région et ça, c’est le mal que nous voyons malheureusement sur le continent», déplore-t-il.

Abdoulaye Bathily ajoute : «Tant qu’on ne rompra pas avec cela, pour qu’on ait des hommes et des femmes qui viennent au pouvoir pour servir la communauté, de manière équitable dans tous ses segments, de manière équitable sur une base éthique suivant des principes éthiques, nous serons toujours dans des guerres civiles et des conflits interminables. J’ai eu à gérer plusieurs conflits en Afrique centrale, au Mali et un peu partout, en Afrique de l’Ouest, c’est ce qu’on voit malheureusement».

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