L’écrivain guinéen Thierno Monénembo demande la libération de Khalifa Sall

Bientôt cinq mois que Khalifa Sall, le maire de Dakar croupit dans une cellule de prison. Son crime ? Détournement de fonds publics, dit-on. Cette accusation qui intervient à deux ans de la présidentielle et à quelques semaines des législatives ne trompe personne. »
Pour l’auteur de ces lignes, l’écrivain guinéen Thierno Monénembo, cette accusation revêt un « caractère politique c’est-à-dire partial et prémédité ». Elle a été dénoncée, souligne-t-il dans un article publié dans les blogs du Monde Diplomatique, « à travers le monde entier » par « des voix prestigieuses et innombrables ».
En prenant sa plume pour se joindre à ce concert de dénonciations, Thierno Monénembo assure qu’il « ne défend pas une personne- fût-elle un ami-, mais un principe sacré et cher à l’Africain désenchanté qu'(il est) : la justice si jamais ce mot a encore un sens dans un continent où le droit a tendance à s’incliner devant le fait du prince ».
L’écrivain guinéen est formel : « Le cas Khalifa Sall n’a rien d’isolé. Il nous rappelle dramatiquement celui de Patrice Talon (Bénin), Moïse Katumbi (RDC), ou de Hamma Amadou (Niger) et sans doute, quelques dizaines d’autres moins médiatisés mais non moins cruels et injustes. »
Il ajoute : « Chez nous, les opposants versent automatiquement dans la délinquance quand ils sont populaires et surdoués, je veux dire, électoralement dangereux. Nos dirigeants, la plupart mal élus, paniquent à l’annonce des consultations : les juges font du zèle, les procès pleuvent et les actes d’accusation sont dignes d’un inventaire à la Prévert : sacrifices rituels ou emprisonnement, recel de vol ou de cadavre, prise illégal d’intérêt ou trafic de bébé. »
Thierno Monénembo martèle : « Le pouvoir ! Le culte du pouvoir ! L’obsession du pouvoir ! Le voilà, le véritable mal de l’Afrique, la source putride d’où tous les autres découlent. (…) L’ennui avec nos dirigeants, c’est qu’ils n’obéissent à aucune règle, hormis celle de leurs intérêts immédiats. (…) Ils sont passés maîtres dans l’art de briser les contre-pouvoirs et de torpiller les institutions. Tout opposant est un homme à abattre; toute idée nouvelle, un projet à contrecarrer. »
Revenant au cas spécifique du maire de Dakar, l’auteur de Les crapauds-brousse signale que « Khalifa Sall est un opposant doté de courage et d’intelligence, donc un homme à abattre ». « Un jeune inconnu qui, dans la course à la mairie de Dakar, a successivement éliminé et le fils d’Abdoulaye Wade (Karim Wade, Ndlr) et le Premier ministre de Macky Sall (Aminata Touré, Ndlr), est forcément dangereux », affirme-t-il.
En conclusion, Thierno Monénembo tranche : « Les Sénégalais savent que Khalifa Sall, et c’est le seul problème qui vaille, représente l’alternative la plus crédible aux présidentielles de 2019. Ne serait-ce que pour cela, il mérite qu’on le jette au bûcher en l’accablant des torts les plus fantaisistes. Celui d’avoir détourné non plus des deniers publics mais le cours du fleuve Sénégal, par exemple. »

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