A la suite des résultats du scrutin législatif, les ardeurs du maire de Kolda ont baissé. Si Abdoulaye Bibi Baldé avait promis au Premier ministre, le 18 juillet dernier, « une victoire à la soviétique à la coalition Bby », aujourd’hui, il défend : « L’objectif, c’est la victoire ». Tout court. Et cela soulève des interrogations et une critique sur sa gestion de la coalition présidentielle.
Fabouly Gaye, cadre du Parti démocratique sénégalais (Pds) au Fouladou est sorti la tête haute du scrutin législatif du 30 juillet dernier. Dans la commune de Kolda, la Commission de recensement des votes le donne vainqueur devant la coalition Benno Bokk Yakaar conduite par le ministre-maire Abdoulaye Bibi Baldé et deux directeurs généraux à savoir Moussa Baldé (Sodagri), Sanoussi Diakité (Onfp).
S’il ne s’agissait que de l’électorat de la commune, Fabouly Gaye aurait siégé à l’Assemblée nationale pour la première fois. Et il verra sans doute, les candidats de la coalition Benno raser les murs du Fouladou. Mais, les communes rurales sont venues à la rescousse du ministre-maire et de ses protégés, en leur sauvant la face. Au sprint final, la coalition Benno s’adjuge les deux sièges de députés du département de Kolda.
Aujourd’hui, après le scrutin, l’heure est à la critique de part et d’autre des deux principaux camps. Du côté de la coalition Benno, c’est la conduite et le choix opérés par Abdoulaye Bibi Baldé qui sont critiqués.
« L’échec de Benno est dû à certains paramètres : le manque de maillage du terrain politique, la léthargie du parti dans certains quartiers de la commune, les rivalités entre leaders de l’Apr, le manque de leadership du ministre-maire, la mauvaise communication de la mairie sur les réalisations des autorités locales, les mauvaises investitures sur la liste départementale, le vote-sanction, etc. », énumère un proche du maire de Kolda et membre de la coalition Benno.
Pour bien conduire sa politique, le maire de Kolda s’est entouré de jeunes se distinguant par leur excentrisme. Même pour faire le tour des domiciles, lors des fêtes religieuses, certains jeunes recrutés par le premier magistrat de Kolda font usags, entre des maisons distantes entre 10 et 20 mètres, de véhicules appartenant à l’administration sénégalaise.
Pour qui connait la société sénégalaise, surtout celle casamançaise, ces types de comportements se digèrent mal. « Cela reflète le manque de leadership du maire. Abdoulaye Bibi Baldé manque de visibilité dans plusieurs quartiers de la commune de Kolda. Il ne fréquente les populations qu’en période de campagne, malgré ses réalisations dans la ville », regrette ce proche du maire.
C’est presque le même reproche que Malamine Cissé chargé de communication de Fabouly Gaye, responsable de la coalition Wattu Senegaal à Kolda. « En fait, c’est le leadership de Bibi en tant que maire de Kolda qui est contesté. C’est un édile qui n’est pas proche des populations koldoises. Et ça se paie cash », dit-il.
Avant d’ajouter : « ces résultats des législatives de Kolda confirment que Fabouly Gaye mène un combat non pas pour ses propres intérêts, mais pour l’intérêt de tous les koldois de tous bords. C’est tout à fait le contraire pour le camp présidentiel qui s’illustre par des querelles de chapelle ».
Quant à Bailo Daillo, chargé de communication du directeur général de l’Onfp, Sanoussi Diakité, il dénonce le manque d’unité de l’Apr à Kolda. Il prédit une explosion de la formation présidentielle si le chef de l’Etat n’intervient pas de sitôt. « Il semble que Macky Sall aime voir le parti fonctionner de cette manière. Il doit agir et sanctionner tous ceux qui ne parviennent pas à faire avancer l’Apr au niveau régional », préconise ce jeune militant.
En tout cas, un analyste politique local conclut qu’il y a des problèmes au sein de l’Apr : « ces gens n’ont jamais parlé de la même voix. Le ministre fait ce qu’il veut alors que Fabouly Gaye fait le tour des quartiers même hors période de campagne électorale. Il y a monté des comités de quartiers ». Si Benno a gagné les commune rurales, c’est parce que, dit cet observateur, « les maires qui y résident, sont très proches des populations ». Et cet analyse politique de citer comme exemple, la commune rurale de Mampamtim qui a voté à près de 100% pour Benno Bokk Yakaar.
Walf Quotidien