À la perte de son capital, la Sonacos (ex-Suneor) devait aux banques la bagatelle de 40 milliards de francs Cfa. L’État du Sénégal, qui a repris l’entreprise au groupe Advens contre 6,9 milliards, avait accepté d’endosser cette dette.
Parmi les créanciers de l’entreprise huilière, il y a la Boa (Bank of Africa). La Sonacos devait à cette banque 3,8 milliards Cfa; les 36,2 milliards restants étant dus aux autres institutions financières.
L’État du Sénégal avait le choix entre renflouer les caisses de la Sonacos, au cours des deux ans suivant la cession de l’entreprise, ou déposer le bilan. L’article 664 du traité de l’Ohada autorise cette alternative, et l’entreprise avait perdu la totalité de son capital.
Seulement, le dépôt de bilan aurait très certainement été une mauvaise nouvelle pour les banques. À partir de ce moment, la Sonacos a sollicité un rééchelonnement de ses dettes. Toutes les banques ont accepté sauf la Boa, qui est dirigée par l’ancien ministre malien des Finances Igor Diarra.
Ce dernier a exigé un règlement immédiat de la dette, selon les termes initialement retenus. C’est ainsi que la Sonacos accepta de verser 1,7 milliard sur les 3,8 milliards dus dont 1,4 milliard d’intérêts. Deux milliards 100 millions restant à être soldés.
Insatisfaite, la Boa saisit la justice pour pouvoir saisir des biens immobiliers de la Sonacos mis sous hypothèque pour garantir le prêt. Selon les experts de la Boa, ces biens valent 3 milliards alors que l’entreprise fixe leur valeur à 12 milliards. Les deux parties seront départagées par le tribunal qui, le 20 juin, a donné gain de cause à la Boa. L’autorisant à mettre en vente 5 immeubles de la Sonacos pour recouvrer sa créance (2,1 milliards de francs). L’opération sera effectuée le mardi 11 juillet prochain.
Seneweb a tenté de d’obtenir la réaction de la Boa. Les responsables que nous avons pu joindre n’ont pas souhaité se prononcer sur cette affaire.
Du côté de la Sonacos, qui refuse de payer les 90 millions représentant les honoraires des avocats de la Boa, la pilule passe difficilement. D’autant que, comme le signalent certaines sources au fait du dossier, les avoirs de l’État, propriétaire de la Sonacos, au niveau de cette banque sont supérieurs à la dette en question.
Auteur: Abdou Diawara