Les ministres des Affaires étrangères africains se retrouvent à Addis-Abeba ce vendredi pour préparer la réunion des chefs d’État qui doit avoir lieu en début de semaine prochaine. C’est un sommet africain de la transition qui s’est ouvert mardi 27 juin à Addis-Abeba. C’est aussi le premier, depuis leur élection en janvier dernier, pour le duo Alpha Condé-Moussa Faki Mahamat, respectivement président de l’Union africaine (UA) et président de la Commission. Les deux hommes entendent donner une nouvelle dynamique à une organisation continentale − largement subventionnée par les Occidentaux − qui planche sur son autonomie financière et sur la réforme de son fonctionnement.
Mais il ne faut pas s’attendre à des décisions majeures, précisent nos sources. Rien d’historique comme en janvier dernier, lors du sommet ayant entériné l’entrée du Maroc au sein de l’Union africaine et le renouvellement des instances de cette dernière. Tout juste un suivi des grandes problématiques du continent et « une clarification » de la réforme institutionnelle proposée par le président rwandais, Paul Kagame.
Divisé en trois volets distincts, le sommet de l’Union africaine a démarré avec les réunions préparatoires du Comité des représentants permanents (Corep). Ce vendredi 30 juin, c’est au tour du Conseil exécutif, composé des ministres des Affaires étrangères, de tenir son conclave. Il doit préparer l’agenda du sommet des chefs d’État qui se tiendra les 3 et 4 juillet. Selon les projets de décisions dontJeune Afrique détient une copie, des questions techniques comme le vote du budget 2018 de l’Union − évalué à 769 millions de dollars − et celui dédié à sa réforme − soit 868,9 millions −, qui doit être entièrement financé par les pays membres, sont à l’ordre du jour.
La question de l’appui au G5 Sahel
Négligé lors des derniers sommets, le terrorisme dans le Sahel sera l’un des sujets centraux de ce sommet. À la veille de l’ouverture de la réunion des chefs d’État à Addis-Abeba, les présidents du G5 Sahel se retrouvent en effet dimanche 2 juillet à Bamako en compagnie du Français Emmanuel Macron pour étudier les modalités de la mise en place de leur force conjointe dans la région.
Le Mali, la Mauritanie, le Tchad, le Niger et le Burkina Faso ont en effet annoncé au début de l’année le déploiement de 10 000 hommes pour lutter contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière, mais sans que soit résolue la question du financement. Pour l’heure, seule l’Union européenne (UE) s’est engagée à débloquer 50 millions d’euros, alors qu’environ 400 millions d’euros seraient nécessaires. À Addis-Abeba, les pays sahéliens attendent donc plus qu’un soutien politique : ils espèrent un geste financier des membres l’institution panafricaine.
Les crises au Soudan du Sud et en Somalie doivent également être à l’ordre du jour, mais celle que traverse la RDC ne devrait pas être abordée.
Mise en oeuvre de la réforme de l’Union africaine
La mise en oeuvre de la réforme de l’Union africaine constitue le chantier majeur de l’institution. Confiée à Paul Kagame en juillet 2016, cette réforme a été présentée et adoptée par les États membres lors du dernier sommet. Cette fois-ci, plusieurs points devraient être discutés et de nombreuses questions soulevées sur la mise en œuvre de ce grand chamboulement du fonctionnement de l’UA.
Depuis janvier, plusieurs pays ont en effet fait savoir leur manque d’enthousiasme et leur scepticisme sur certains points, notamment celui, fondamental et symbolique, du financement de l’UA. Certains craignent que les modalités proposées soit contraires aux règles internationales édictées par l’Organisation mondiale du commerce (OMC). La taxe dite « Kaberuka », du nom de l’ancien président de la banque africaine de développement à l’origine de cette proposition, prévoit d’instaurer un prélèvement de 0,2% sur les importations. Alors qu’aujourd’hui son budget dépend à plus de 80% de donateurs extérieurs, l’UA souhaite instaurer son autonomie financière et ainsi, son indépendance.
Jeune Afrique