Mois de dévotion et de pénitence, le Ramadan n’est pas sans effets sur l’économie nationale. « C’est un mois sacré pour les musulmans qui représentent plus de 90% de la population, pose l’économiste Maïssa Babou. La dépense est doublée très souvent. Il crée un boom économique pour des produits qui sont dans l’ordre de la consommation socio-culturelle des Sénégalais comme le pain, les dattes, etc.. »
Cette embellie s’enclenche bien avant le mois de jeûne. « Les ventes sont constatées pendant le Ramadan mais la production est faite un, voire deux mois avant. Donc il faut regarder les deux mois précédents et le mois béni lui-même, précise un autre économiste, Moubarack Lô. Pour ces 3 mois, si on analysait les données conjoncturelles, ont verrait un pic en termes de production, expliqué par une consommation forte de ces produits. » oran escort
Le grand gagnant…
L’industrie agroalimentaire est le grand gagnant de ce pic de consommation. « On le sent dans les importations durant le mois précédant le Ramadan, relève le directeur du Commerce intérieur, Ousmane Mbaye. C’est un mois au cours duquel nous recevons d’importantes cargaisons de produits alimentaires. »
Durant cette période, par exemple, la consommation de dattes explose. Le produit étant écoulé à 95%. La consommation de sucre aussi monte en flèche avec une « demande (qui) croit de façon exponentielle », renseigne Ousmane Mbaye. La farine, utilisée pour faire le pain, n’est pas en reste. De même que les viandes et produits avicoles comme les œufs. La charcuterie, elle, est beaucoup plus demandée dans les zones urbaines.
Quid de la baisse de productivité des travailleurs relevée dans certaines entreprises durant le mois de Ramadan ? Est-elle de nature à freiner la croissance que charrie le mois béni ?
Cette baisse de productivité est une réalité. « La tension, la fatigue, la faim, la soif et la chaleur alourdissent le travail à la chaîne », souligne Brahim Labari, enseignant-chercheur en sociologie à l’Université Ibn Zohr à Agadir au Maroc, dans son ouvrage intitulé Sociologie des délocalisations, autres lieux autres regards.
Maïssa Babou renchérit : « Le Sénégal, comme dans beaucoup de pays africains, a un taux de productivité assez faible. Le temps de présence dans les entreprises n’est pas égal au temps de travail. Quand bien même ils sont présents, les travailleurs sénégalais trouveront toujours l’astuce pour faire autre chose que le travail. Par conséquent, durant le mois de Ramadan, il va de soi que cette productivité va encore baisser. »
« Le Ramadan fait la croissance »
À en croire Moubarack Lô, la baisse de productivité est plus marquée dans les secteurs où le travail est plus physique. « C’est au niveau industriel et agricole, que l’impact sur la productivité est plus ou moins élevé », indique l’économiste. Qui ajoute que dans l’administration ou dans le secteur des services, « l’impact peut ne pas être très élevé ».
Mais il n’y a pas de quoi s’inquiéter. Moubarack Lô estime que cette baisse de productivité ne gêne pas le regain de dynamisme que connaît l’économie nationale durant la période du Ramadan. Il détaille : « Même s’il y a une baisse de le productivité pendant le Ramadan, des entreprises avaient déjà beaucoup produit et gagné avant le Ramadan. Donc il y a un impact positif avant l’arrivée du Ramadan, surtout pour les entreprises qui font des produits consommés fortement pendant le Ramadan. »
Maïssa Babou acquiesce : « Les Sénégalais multiplient leur consommation presque par deux et font monter l’économie d’un cran. Beaucoup plus, en tout cas, que la perte de productivité qu’on peut observer çà et là. Le Ramadan fait partie des événements qui font la croissance. »